Régression, Thérapie des Vies Antérieures pour une Libération, Ici et Maintenant

par Samuel Sagan, Docteur en Médecine

Traduit par Michel Frapech



Titre original: Regression, Past-Life Therapy for Here and Now Freedom

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Un manuel concis et pratique pour comprendre et analyser les expériences de la vie antérieure. Au début des années 1979 et 1980, Samuel Sagan, un jeune docteur en médecine, fut tellement impressionné par les résultats stupéfiants obtenus au moyen de la technique des régressions qu'il en fit son mode principal de travail avec ses patients.

Pendant une période de quinze années, il développa IST, un système complet de thérapie utilisant la régression dans les vies antérieures. Ce sont les principes majeurs de cette technique qui sont présentés dans ce livre. Les textes qui suivent sont extraits de ce livre.



Table des matières

Introduction

Chapitre 1. Les mécanismes des samskaras

Chapitre 2. Samskaras et quête pour la liberté

Chapitre 3. Émotions contre sentiments

Chapitre 4. Les causes des émotions et des sentiments

Chapitre 5. Samskaras et méditation

Chapitre 6. Samskaras et désordres physiques

Chapitre 7. La fin des samskaras

Chapitre 8. Se souvenir de ses vies antérieures

Chapitre 9. Comment retrouver la mémoire

Chapitre 10. Foire aux questions

Conclusion




Régression
Thérapie des Vies Antérieures pour une Libération, Ici et Maintenant

INTRODUCTION

La régression est une des grandes techniques du futur dans le champ de la découverte de soi-même et de la psychothérapie. Une de ses caractéristiques essentielles est qu'elle intègre deux dimensions dans le même processus: une dimension psychothérapeutique et une dimension métaphysique.

Pour les psychothérapeutes, la régression est une technique transpersonnelle permettant des explorations et des découvertes d'une profondeur sans précédent. Grâce à cette technique, il devient également possible d'introduire dans la psychothérapie une dimension métaphysique dont le besoin se fait impérieusement sentir.

Pour les chercheurs en spiritualité, la régression est un outil majeur d'ouverture de la perception, un puissant éveilleur du troisième œil et par-dessus tout un moyen de déconditionnement mental. Elle réalise une profonde et systématique purification du niveau émotionnel – qui n'est pas sans rappeler la catharsis que Bernard de Clairvaux, patron des templiers, avait coutume de définir par le mot latin defœcatio et qu'il considérait comme un indispensable préliminaire à une expérience spirituelle supérieure.

Le but de la régression est d'explorer et de révéler les blocages émotionnels et les complexes mentaux comme beaucoup d'autres thérapies. La spécificité de la régression, cependant, repose dans sa capacité insurpassable à atteindre les mémoires cachées conscientes ou inconscientes. Même dans les premières séances, il est courant d'expérimenter des flash-back qui ne peuvent être liés à aucune expérience dans la vie présente, mais s'accompagnent d'un sentiment profond et d'une certitude intérieure qu'elles se réfèrent à notre personne. Le nom de thérapie des vies antérieures est souvent donné à la régression.

Au sujet des vies antérieures, cependant, quelques points doivent êtres clarifiés dès le début. Premièrement il n'est pas nécessaire de croire à l'existence des vies antérieures pour pratiquer la régression. IST, la technique de régression que j'ai développée, n'utilise ni l'imagination ni la visualisation créatrice. Elle ne vous demande pas de croire à quelque chose mais seulement de suivre un cheminement. En fait, moins vous croyez, plus vous avez de chances de succès car les croyances génèrent des espérances qui tendent à perturber la pureté des expériences.

Quelques flash-back durant la régression ont une extrême clarté et laissent le client avec peu de doutes quant à leur réalité. Le but des expériences de régression n'est pas de savoir si les impressions viennent des vies antérieures, mais quelle sorte d'amélioration elles peuvent apporter au présent. Pour utiliser les paroles d'un de mes clients, juste à la fin d'une intense régression : « Je ne peux rien dire au sujet des vies antérieures, mais autant que ma vie est concernée cela a certainement beaucoup de sens.» Le sujet important est comment la vie présente du client peut être changée et non pas tellement l'origine de l'expérience. Laissons les gens décider par eux-mêmes quelle est la nature réelle de ces flash-back. Cependant, les lecteurs seraient mal inspirés d'essayer de réfléchir avant de suivre des régressions eux-mêmes. L'intensité et la précision des flash-back sont en effet bien plus grandes que la plupart des gens ne l'imaginent quand ils pensent à la thérapie des vies antérieures. De plus, quelques régressions sont accompagnées d'un « parfum de Moi », d'un sens de continuité du temps que les mots sont impuissants à décrire aussi longtemps que vous n'en avez pas fait l'expérience vous-même.

Un second point essentiel est que le but de la méthode de régression IST n'est pas d'écrire un roman au sujet de vos vies antérieures, mais de travailler à éclairer le présent. La régression est concernée par les blocages émotionnels et mentaux présents du client et par les moyens propres à s'en libérer. Cela peut conduire à expérimenter de nouveau des épisodes de la petite enfance ou même certains épisodes qui ne peuvent être reliés à aucun évènement de la vie présente. Cependant, si les clients commencent à s'intéresser plus aux détails des histoires de leurs vies antérieures qu'à savoir comment la régression peut les aider à devenir plus libres et plus éveillés, alors le processus peut rapidement devenir sans signification et amener, de plus, toutes sortes de désillusions.

Cet avertissement est essentiel et sera donc répété plusieurs fois au cours du livre. Les buts d'IST sont le déconditionnement, la liberté émotionnelle ici et maintenant et la connaissance de Soi-même. Les buts d'IST sont de dévoiler votre réelle nature et font peu de cas de ce que vous avez été.

Troisièmement, mon intention n'est pas d'argumenter ou de démontrer la réalité des vies antérieures. En fait, je ne crois pas que l'on puisse prouver leur réalité, de même qu'il n'y a absolument aucun moyen de prouver la réalité des rêves. Il arrive que l'on se souvienne de ses rêves, au moins de temps en temps et leur existence ne fait de doute pour personne. Mais supposez que vous viviez dans un monde où personne, sauf vous, ne se souvient de ses rêves! Comment pourriez-vous prouver leur réalité? Chaque fois que vous raconteriez votre histoire, la plupart des gens répondraient immédiatement "Cela n'a aucun sens!" Vous pourriez essayer de produire un EEG montrant que l'organisation des ondes cérébrales de votre cerveau était modifiée chaque fois que vous rêvez. Mais alors les sceptiques argumenteraient que cela prouve seulement que les ondes cérébrales de votre cerveau changent et qu'il n'y a pas besoin d'inventer quelque chose d'aussi extravagant que les rêves pour expliquer le phénomène.

De même, seule l'expérience directe peut apporter une compréhension réelle des vies antérieures. Il vaut mieux montrer des techniques qui procurent cette expérience directe et laisser le temps faire son travail. Comme Einstein avait l'habitude de le dire, il est rare que les gens se laissent convaincre eux-mêmes par de nouvelles idées. Ce qui arrive c'est que les gens avec les vieilles idées finissent par mourir et ceux qui leur succèdent trouvent les nouvelles idées très naturelles et les adoptent. Dès qu'une proportion suffisante de la population aura expérimenté le type de flash-back qui se produit durant la régression, il est fort probable que les expériences de vie antérieure seront aussi communément acceptées que les rêves.

J'ai été invité, un jour, à parler du sujet de la régression par une société qui m'avait contacté après avoir lu un de mes articles dans un magazine de santé. J'acceptais sans autre enquête. J'arrivais dans leurs bureaux avec un quart d'heure d'avance et après qu'une secrétaire m'eut accueilli avec un bonjour poli mais distant, je décidais de passer le temps qui me restait à lire les brochures de l'organisation. Je réalisais immédiatement que j'étais arrivé dans un groupe de sceptiques qui m'avaient invité dans le seul but d'attaquer mes points de vue. Après un moment d'intense cogitation Je décidais d'adopter une nouvelle stratégie et de changer la présentation de mon exposé.

Je leur tenais le discours suivant (et je demande aux lecteurs sceptiques de regarder ce livre de la même manière) : " Voici les études de cas de nombre de mes clients. Voici les mots qu'ils ont prononcés lorsqu'ils allaient à travers ces flash-back. Je ne prétends pas que ceci démontre ou prouve quoi que ce soit. Cependant, un enseignement doit émerger de ces expériences car les régressions se multiplient et j'ai observé des processus similaires dans des milliers de sessions. Il vous appartient de tirer vos propres conclusions. Pour moi, les faits parlent d'eux-mêmes. Après ces régressions, les clients vont mieux. Pas tous bien sûr, mais un nombre significatif. Ils arrêtent les tranquillisants et les somnifères. Ils trouvent plus facile de communiquer avec les autres et leur niveau général de névrose décroît. Un certain nombre d'entre eux subissent même une profonde transformation et modifient leur échelle de valeurs. Quelques-uns adoptent une attitude beaucoup plus philosophique envers la vie et commencent à se questionner sur le but de leur présence sur la Terre".

En n'essayant pas de les convaincre de quoi que ce soit, j'ai pris ces sceptiques par surprise. Ils devinrent réceptifs d'une façon surprenante. Nous avons beaucoup ri du caractère maladroit de quelques-unes de mes études de cas et leur président conclut la soirée en déclarant qu'après tout, leur société était en faveur de toute technique permettant de vider les poubelles de l'esprit, ce que fait exactement la régression.

Plus qu'une nouvelle technique, la régression est une nouvelle expérience ou plutôt l'utilisation d'une expérience ancienne dans des conditions inconnues jusqu'à maintenant. Au travers de l'histoire, de l'Indien Rishis via Pythagore et Platon et d'une lignée ininterrompue de voyants, il y a toujours eu des individus qui se souvenaient d'expériences de réincarnation sur cette Terre. Mais ces expériences sont restées rares. Au cours des quinze dernières années, j'ai été témoin d'un changement radical dans la manière dont les gens accèdent aux flash-back concernant la vie antérieure (quel que soit d'ailleurs le nom que vous décidiez de donner à ces expériences.)

Lorsque je pratiquais la régression dans le début des années 1980, je devais confiner mes clients dans un endroit tranquille et retiré pendant deux semaines consécutives, mettant en application les techniques sans interruption. Le procédé était extrêmement énergique et ne pouvait concerner que des personnes qui avaient atteint un certain degré de stabilité émotionnelle grâce à des années de travail sur elles-mêmes. Normalement, ce n'était seulement qu'après sept ou dix jours passés à construire leur conviction interne que quelques participants commençaient à avoir des expériences de régression.

Au milieu des années quatre-vingt-quinze, la situation est devenue tout à fait différente. Le séjour en pension complète n'est plus nécessaire. Des sessions privées hebdomadaires d'une à deux heures sont suffisantes. Quelques clients, quand ils s'allongent dans mon cabinet pour la première fois, commencent même à régresser avant que j'ai fini de mettre mes techniques en application! Le procédé est devenu relativement calme et tranquille et peut ainsi s'ouvrir à presque à tous.

En outre, les régressions que tous ces gens expérimentent sont souvent plus profondes et plus vraies que celles de leurs prédécesseurs, quinze ans auparavant. Évidemment quelque chose a changé. De plus en plus fréquemment on entend parler de personnes qui vont voir leur acuponcteur pour un mal de cou ou autre problème mineur et qui expérimentent d'une façon inattendue un éclair momentané de vie antérieure aussitôt que les aiguilles sont placées sur leur corps – même si, ni eux-mêmes ni l'acuponcteur ne connaissent quoique ce soit au sujet de la régression.

Naturellement, cela reste des cas relativement isolés et il ne serait pas raisonnable d'espérer que vous allez connaître vos vies antérieures avec un claquement de doigts. Tout travail de qualité demande temps et efforts. Toutefois l'accès à l'état de régression est devenu infiniment plus aisé qu'il n'avait coutume d'être et ceci pourrait finir par avoir des conséquences considérables non seulement sur différents domaines de la thérapie, mais sur certains fondements de notre société.

IST, connecteur et client

La technique de régression IST est basée sur trois principes principaux :

  1. L'espace intérieur du troisième œil, contacté à travers le point situé entre les sourcils.
  2. L'interaction entre deux personnes: une qui s'allonge et effectue l'expérience de régression et l'autre qui se place à ses côtés et surveille l'énergie durant la session. La première est appelée le 'client' et la seconde le 'connecteur'.
  3. La recherche systématique de l'origine (source) de toutes les empreintes émotionnelles et du conditionnement du comportement (sourcing en anglais).

Les initiales des trois termes, "Inner-Space Interactive Sourcing", se combinent pour former le sigle évocateur: IST.

Il faut noter que la technique IST n'utilise aucune sorte de suggestion hypnotique ou d'hyper ventilation. Elle opère au travers d'une activation de l'énergie du corps et en particulier du troisième œil. Cela conduit à une nouvelle perception complète des émotions en tant que formes et ondes dans la conscience. Nous aurons ainsi plusieurs opportunités au cours de ce livre d'explorer certains mécanismes en relation avec les corps subtils et leur destinée après la mort.

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CHAPITRE 1

LES MÉCANISMES DES SAMSKARAS

Samskara est un des plus importants termes sanskrits de la philosophie hindoue. Le Yoga, l'union avec le Moi Supérieur, est dit réalisé aussitôt que le dernier samskara a été résolu. Ainsi l'objectif principal de tous les Yogas, de tous les cheminements de transformation de soi-même, est d'éradiquer les samskaras de l'esprit. C'est pourquoi il est si important pour ceux qui veulent se connaître eux-mêmes ou plutôt leur Moi, d'avoir une vision claire de tous les mécanismes de leurs samskaras.

1.1 Le mécanisme fondamental

Vous avez un accident de voiture dans un lieu particulier. Alors, pendant longtemps, chaque fois vous repassez en conduisant dans cet endroit vous vous sentez mal à l'aise, une vague de peur vous prend. L'empreinte du traumatisme laissé dans votre esprit après l'accident est appelée un samskara. Le malaise qui apparaît par la suite chaque fois que vous conduisez à nouveau dans ce lieu est appelé une émotion réactionnelle, ou plus simplement une émotion. La tendance du samskara à générer une vague de peur, chaque fois que l'on se rappelle l'accident, est appelée le dynamisme du samskara.

Fondamentalement, tous les samskaras opèrent de la même façon. De plus, d'après les Upanishads, les derniers chapitres des Védas, aussitôt que le dernier nœud des samskaras dans le cœur a été dénoué, l'état de conscience le plus élevé est perçu, la liberté absolue est atteinte et martyo 'mṛto bhavati, "le mortel devient immortel".1

1.2 Comment pouvons-nous définir un samskara?

Les samskaras sont des traces laissées dans l'esprit par des expériences précédentes traumatisantes. En termes approximatifs, les samskaras sont les cicatrices de l'esprit. (L'association samskara-cicatrice (scar en anglais) est facile à mémoriser.) Dans le modèle "quaternaire" des corps subtils utilisé dans ce livre, la couche de l'esprit correspond au corps astral.2 Les samskaras peuvent alors êtres regardés comme des empreintes ou cicatrices dans le corps astral, comme nous l'examinerons en détail au cours de cet ouvrage.

Considérons quelques exemples pour clarifier le concept de samskara. Si une femme est violée par son père quand elle est âgée de seize ans, cet évènement laisse une trace dans son organisation psychologique et cette trace est un samskara. Sa façon d'être en relation avec les hommes ne sera jamais plus la même. Dans différentes situations de la vie, cette trace influencera profondément son comportement émotionnel. Cela signifie que le samskara n'est ni neutre ni muet. Il est, au contraire, doté d'un dynamisme puissant – d'une forte charge émotionnelle. Il génère des émotions, des attractions et des répulsions qui modifieront de façon significative la vie intérieure de cette personne. Étant associé à de telles mémoires traumatisantes et douloureuses, le samskara ne peut rester silencieux ; il doit s'exprimer lui-même d'une manière consciente ou inconsciente. Ceci s'applique à tous les samskaras – non pas seulement à quelques cas particuliers. Que vous le réalisiez ou non, au plus profond de vous-même vos samskaras réclament perpétuellement une guérison.

Maintenant supposons que cette femme, au lieu d'être violée à l'âge de seize ans, ait été agressée quand elle en avait trois ans. Son expérience a dûêtre encore plus terrifiante et plus traumatisante, car, en tant que petite fille, elle n'avait aucun moyen de comprendre ce qui lui arrivait. Pour elle l'agression a été ressentie comme un meurtre. Mais le choc a été si insupportable qu'elle a tout oublié, effaçant l'épisode de sa mémoire consciente. Pourtant ce samskara a été stocké avec une charge émotionnelle plus grande encore que dans le cas de la jeune fille de seize ans ; mais dans ce cas, le samskara est complètement inconscient. Plus tard en tant qu'adulte sa vie entière émotionnelle et sexuelle sera sapée par un traumatisme caché qu'elle ignorera complètement. Elle peut fuir les hommes ou courir après ou révéler toutes sortes de comportements irrationnels contre sa propre volonté. Elle peut développer une maladie majeure dans la région pelvienne ou faire une fausse-couche quand elle essaiera d'avoir un enfant. Sans un procédé qui lui permette d'explorer les profondeurs de son inconscient, elle ne sera jamais capable de comprendre pourquoi sa vie est un tel désordre. Chaque essai pour réorganiser son existence sera voué à l'échec dès le début car il lui manque la pièce principale de son puzzle personnel.

Jusqu'ici, tout ce qui a été envisagé correspond aux modèles psychanalytiques aux modes psychologiques communs de compréhension. De plus, on pourrait réfléchir au fait que les textes sanskrits avaient déjà évoqué ces problèmes quelques milliers d'années avant Freud. Mais il y a une différence majeure quand on pratique la régression – les clients découvrent nombre de samskaras qui ne peuvent être reliés à aucune expérience de leur vie présente.

Étude de cas – Femme âgée de vingt deux ans. Durant le début de la session IST un point très douloureux s'était révélé dans la région de l'estomac. Après vingt ou trente minutes passées à mettre en application la technique, la cliente devint très calme et sereine et se mit à revivre l'expérience suivante.3

Que ressentez-vous? – Tout me paraît fané, défraîchi, gris. Sentiment d'impuissance. Une femme avec sa tête pendante entre ses épaules, en arrière. Elle est assez jeune, avec de longs cheveux et une robe blanche. Je ne peux pas voir son visage.

Se sent-elle heureuse ou triste? – Elle est très triste

Pleure-t-elle? – Non

Ressent-on le chaud ou le froid autour d'elle? – Le froid

Y a-t-il quelque bruit? – Non. C'est un silence de mort. Elle est vraiment fatiguée. Sensation de malaise, estomac contracté.

Que veut-elle? - Elle veut retrouver quelque chose qu'elle a perdu. Elle sait qu'elle ne peut rien faire.

Est-elle seule? – Oui. Elle est très jeune. Elle est blessée.

Blessée physiquement? – Oui.

Ressent-elle quelque douleur? – Elle a perdu beaucoup de sang. Mais elle n'y prête pas attention. Elle a très froid.

Pouvez vous ressentir sa douleur? – Elle part de l'estomac, dans la cage thoracique et va jusque dans le dos, entre les omoplates. Elle peut sentir les battements de son cœur. Elle a des regrets. Sa famille est partie et ne peut revenir. Elle veut seulement mourir.

Sa famille? – Un homme. Et son enfant. Son enfant avait trois ans. Il avait des cheveux doux et bouclés... Elle a été attaquée. L'homme était très fort.

Et l'enfant? – L'enfant a été tué. Il est mort devant elle.

Comment? – Ce fut très difficile, très cruel. Elle ne se souvient pas tellement de cela.

Comment est-il mort? – Une lance l'a transpercé. Ses lèvres sont devenues bleues. . . La femme a été agressée aussi.

Qu'est-ce qu'ils lui ont fait? – A peu près six soldats.

A quoi ressemblaient-ils? – Manteaux noirs, cheveux courts, avec des casques. Quelque chose sur le haut des casques. Pas de barbe. Ils avaient la peau sombre. Plus petits que l'homme.

Que lui ont-ils fait? – Je ne sais pas. Elle ne s'en souvient pas. Cela n'a pas d'importance.

Essayez de voir. – Quatre hommes la tiennent. C'est difficile à dire. Ils la tiennent et la violent juste auprès du corps de l'enfant.

Était-il mort? - Oui

Et alors? – Quand ils eurent fini, le dernier lui donna un coup dans l'estomac et dans les côtes. C'est pourquoi elle a un goût de sang dans sa bouche.

Et alors? – Elle retourne en rampant dans sa maison... Et elle meurt un moment pus tard.

Comme c'est souvent le cas, ce samskara était enseveli et la jeune femme n'avait jamais suspecté sa présence avant. Cependant il n'était pas enseveli assez profond puisqu'il pouvait remonter à la surface et être expérimenté une nouvelle fois dans cette régression, qui était seulement la seconde du traitement. Après une telle charge émotionnelle, si dramatique, il n'était pas possible que le samskara reste neutre et inactif. Une année avant que la régression ne prenne place, cette jeune femme avait perdu un enfant par fausse couche quelques semaines avant terme. Tandis qu'elle entrait en régression, elle reconnut immédiatement que la douleur ressentie à l'époque de la fausse couche était exactement la même que la douleur de la femme quand elle fut violée et son fils tué.

La superposition des deux épisodes est tout à fait curieuse. C'est comme si un drame du passé devait être rejoué car les blessures restantes n'avaient pas guéri. Si elle n'avait pas réalisé que ce samskara était enseveli dans son inconscient et l'influençait, quelle chance avait alors cette jeune femme de comprendre ce qui lui arrivait dans sa vie actuelle? Dans des cas comme celui-ci, il est difficile de savoir si la fausse couche se serait produite, si les régressions avaient été conduites avant la grossesse. Cependant, aussitôt que le client découvrit ce samskara, sa vie commença à changer. Sa tristesse diminua et la blessure émotionnelle due à la fausse couche commença à guérir. Elle se recentra et sa vie retrouva un plus grand sens.

1.3 Les samskaras sont-ils toujours associés à des expériences négatives?

Le critère pour qu'un samskara majeur soit imprimé n'est pas la peine, mais l'intensité. Les samskaras forts sont gravés dans le corps astral quand un épisode est associé à une intense émotion. Nous savons tous, à partir de notre propre expérience dans cette vie, que nous avons tendance à être plus souvent trop malheureux que trop heureux. On peut s'attendre au même phénomène dans les vies précédentes. Ceci explique pourquoi les samskaras majeurs émergeant de notre passé ont statistiquement plus de chance d'être reliés à des évènements malheureux qu'a des expériences heureuses. Pourtant n'importe quelle joie intense peut créer un samskara, de même que la médecine chinoise considère que la joie peut déclencher une attaque cardiaque.

Étude de cas – Un homme de vingt quatre ans.

– Je suis dans un espace très petit, avec comme du métal tout autour de moi. Il y a une vibration, une vibration métallique. Je vois tous ces gens. Je sais que je suis blessé du côté droit mais je ne le sens même pas. Je suis complètement épuisé, anéanti. Et en même temps c'est BON! Comme si je m'étais battu pendant trois jours et trois nuits sans interruption! C'est comme si c'était. . . au-delà de tout. Il ne reste rien de moi, il y a juste le ciel.

– C'est un cockpit. Je suis dans un avion. Je peux entendre le bruit et il y a la vibration. L'avion va atterrir. C'est plus que d'être épuisé, c'est comme voir chaque chose avec un certain recul.

– Il y a un choc quand l'avion touche le sol. Et je peux voir tous ces gens, une foule qui m'attend. Il y a un sentiment de gloire... Oh! Mon Dieu! C'est énorme. Dans mon cœur, un sentiment IMMENSE de gloire. Je ne sais pas ce que j'ai fait, mais ils aiment beaucoup. C'est la guerre...

– Mon avion est posé et ils font tous des signes avec leurs bras. Ils courent vers l'avion. Oh! Mon Dieu! (Il commence à pleurer). Je pense que maintenant je craque. Je n'ai pas dormi depuis longtemps, longtemps, longtemps... Je ne pensais pas que quelqu'un puisse ressentir autant la gloire.

1.4 Comment les émotions intensifient-elles le samskaras?

Il y a plusieurs raisons qui font qu'un samskara est imprimé beaucoup plus profondément dans votre structure s'il est accompagné d'une émotion intense. Supposons que vous allez être décapité. L'expérience laissera une plus profonde impression dans votre psychisme que si vous alliez voir votre coiffeur. Vous pouvez aller à un rendez-vous chez votre coiffeur machinalement, perdu dans vous rêves, sans être réellement concerné. Vous ne pouvez pas aller à votre exécution sans vous sentir concerné. Vous pouvez avoir oublié plusieurs visites chez votre coiffeur, mais si vous réussissez à vous évader du cachot, jamais vous ne l'oublierez, car dans le cachot vous ítes dans une situation exceptionnelle. Tous vos sens sont largement ouverts. Vous êtes complètement éveillé et vigilant. Ce n'est pas un nuage flou qui est imprimé dans votre mémoire, mais un ensemble de pensées, sentiments et perceptions aigus et précis. Si vous vous en sortez vivant, même trente ans plus tard, vous serez capable de vous rappeler les moindres détails. Chaque parcelle d'information sera stockée: à quoi ressemblait, que sentait cet endroit, quelle était la couleur sur les murs, chaque bruit et chaque odeur, toutes vos émotions et tous vos sentiments. Et si vous finissez par mourir dans le cachot vous garderez cet ensemble de mémoires avec vous comme l'un des plus nette de votre vie entière et vous l'emporterez avec vous dans les vies qui suivront.

1.5 Tous les samskaras sont-ils créés par des évènements majeurs ou des émotions?

Quelques samskaras majeurs peuvent être créés par des évènements tout à fait insignifiants, car le samskara n'est pas dûà l'évènement lui-même, mais à votre réaction émotionnelle face à lui. Par exemple, un enfant peut être complètement terrifié par un animal. Pour l'enfant, même un chien docile peut soudainement se transformer en un terrible monstre menaçant et causer une peur panique irrationnelle, générant par ce fait un samskara très fort. D'un autre côté, quelques personnes restent émotionnellement stables dans des circonstances dramatiques et en conséquence traversent des évènements intenses sans qu'aucun samskara majeur ne soit imprimé.

1.6 Micro-samskaras et samskaras proprement dit

Jusqu'à maintenant nous avons seulement considéré les samskaras qui sont dotés de fortes charges émotionnelles. En dehors de ces empreintes majeures, des myriades d'empreintes mineures sont aussi stockées dans notre mental.

Les informations que vous recevez constamment de vos organes sensoriels sont conservées dans les parties subconscientes de votre mental. Vous savez que les détails ne sont pas perdus car ils peuvent être rappelés dans votre mémoire n'importe quand, s'ils sont déclenchés par une stimulation appropriée. Par exemple, vous arrivez dans un endroit où une certaine odeur flotte dans l'air et soudainement une connexion est faite avec un épisode distant de votre passé. En une fraction de seconde vous êtes transporté dans une pièce où vous étiez trente ans auparavant. Les couleurs, les sons, l'atmosphère de cette pièce reviennent à votre conscience car l'odeur dans celle-ci était similaire à celle que vous ressentez maintenant. Cette remémoration n'a pas lieu à cause de quelque évènement dramatique qui vous était arrivé dans cette pièce. La situation était tout à fait ordinaire et aucune émotion particulière ou douleur n'était ressentie. Le même mécanisme a souvent lieu avec une ancienne chanson ou un morceau de musique qui peut immédiatement vous transporter dans une partie de votre passé, rappelant toutes les émotions et tous les sentiments qui lui correspondent.

Dans ce modèle, on peut reconnaître les caractéristiques des samskaras. Un ensemble d'impressions sensorielles s'imprime dans votre mental conscient ou inconscient. Il est stocké là sans que vous le sachiez, mais il est encore vif puisqu'il peut être retrouvé à n'importe quel moment. Quand la stimulation correcte est présente, telle que l'odeur ou le morceau de musique, l'empreinte est déclenchée et une réaction a lieu. Vous expérimentez à nouveau les émotions et les sensations reliées à cette partie de votre passé.

1.7 Quelle est la différence entre karma et samskara?

Le sens littéral du mot sanskrit karma est action. Karma se réfère à toutes les actions que vous avez entreprises dans votre passé, à la fois dans cette vie et dans les vies précédentes. Les mécanismes du karma sont tels que chaque action entreprise dans le passé est comme un influx nerveux que vous avez envoyé dans l'univers. Après un certain temps qui peut varier énormément (jusqu'à plusieurs vies!), l'influx nerveux revient comme un boomerang et génère des circonstances correspondantes dans votre vie. Les actions négatives tendent à créer des circonstances défavorables quand l'influx nerveux correspondant revient alors que les actions positives produisent des conditions favorables. Ceci est la description de la théorie du karma qui est simple et sur laquelle tout le monde est plus ou moins d'accord. Cependant, tout le monde n'est pas d'accord sur le processus selon lequel les circonstances du passé se reflètent dans le présent. Ceux qui ont tué par l'épée devront-ils périr par l'épée? Concernant cette question, des spécialistes ont fait état de points de vue tout à fait contradictoires.4

Les samskaras sont d'une nature complètement différente. Au lieu d'être des ondes externes envoyées vers vous par l'univers, ils sont des facteurs internes. Plus précisément, ils sont des impressions émotionnelles laissées à l'intérieur de votre mental inconscient et qui en retour tendent à influencer vos réponses émotionnelles présentes.

Une autre différence majeure tient au fait que quelques karmas insignifiants (actions) peuvent être associés à d'énormes samskaras (cicatrices émotionnelles), par exemple quand un petit garçon est pris de panique en rencontrant le chien des voisins pourtant très obéissant (un berger allemand) ou quand un bébé est terrifié par une tempête. Bien que dans ces exemples il n'y ait virtuellement pas d'action, en d'autres mots, un karma non significatif peut générer suffisamment de samskara pour que l'enfant montre des symptômes névrotiques pour le reste de sa vie. D'un autre côté, les crimes les plus haineux – représentant un gros et mauvais karma – peuvent être commis froidement et sans état d'âme, sans qu'aucun samskara profond ne soit imprimé.5

1.8 Les animaux ont-ils aussi des samskaras?

Puisque les animaux peuvent devenir névrotiques, nous pouvons supposer qu'ils ont aussi des samskaras. Les réflexes observés par Pavlov dans son travail avec les chiens présentent de claires analogies avec le conditionnement des samskaras.

Un autre mot important sanskrit concernant les samskaras est manas. Manas se réfère au niveau auquel nous pensons et expérimentons les émotions. Plus précisément, manas concerne les pensées et les émotions qui sont des réactions directement reliées aux samskaras. Le concept de mental réactif (manas) sera développé plus tard dans ce livre.

Manas est traduit en anglais par 'mind' ou esprit. Le mot anglais 'mind', est cependant utilisé par des gens différents avec des sens tout à fait différents. Dans le contexte du travail de Clairvision, le mot esprit est utilisé dans le sens de 'esprit réactif' qui est le même que celui du mot sanskrit manas, le niveau dans lequel les pensées réactionnelles et les émotions prennent placent. Il y a plusieurs raisons pour ce choix, comme cela deviendra apparent plus tard.

Ainsi défini, l'esprit correspond tout à fait précisément à ce que Rudolf Steiner appelle le corps astral.6 Dans le contexte présent, le lecteur peut assimiler tous les termes suivants:

esprit ==> esprit réactif ==> manas ==> esprit/manas ==> niveau des samskaras ==> corps astral

De temps à autre, cependant, les distinctions seront établies entre le corps astral qui est un véhicule de la conscience et l'esprit réactif qui est la conscience mentale prenant place dans ce véhicule.

Du point de vue de la tradition hindoue, les animaux ont un esprit/manas, tout comme, selon Rudolf Steiner, ils ont un corps astral. Les animaux peuvent associer des faits mentalement et tirer des conclusions, comme quand une souris trouve son chemin dans un labyrinthe. Les animaux expérimentent aussi des émotions telles que la colère et la jalousie. Comme le corps astral, dans lequel les samskaras sont imprimés, n'est pas un attribut spécifiquement humain, mais aussi concerne les animaux, les samskaras pourraient être décrits comme une part de nous-mêmes que nous avons en commun avec les animaux! Ceci peut paraître paradoxal car les humains ont tendance à chérir leurs émotions et à les regarder comme quelque chose de spécifiquement humain, quelque chose qui les dote des qualités humaines. En réalité, la plupart de ces émotions sont de la même nature que celles expérimentées par les animaux. Elles peuvent être plus compliquées et sophistiquées, mais leur essence n'est pas fondamentalement différente de celle des animaux.

Une des tâches essentielles du travail de régression est de démasquer certaines émotions qui ne sont pas le produit des samskaras et sont au-delà du règne animal. Pour distinguer celles-ci des émotions reliées aux samskaras, le mot 'feeling' sera utilisé. Feeling est un mot anglais qui a été francisé et qui est défini comme: sensation, sensibilité (dans le sens artistique par exemple.) Il est donc particulièrement approprié pour désigner des émotions qui vont au-delà des réactions animales.

Un résultat crucial du procédé de régression est de nous faire réaliser que, du matin au soir, nous tendons à réagir au monde avec un conditionnement stéréotypé, juste comme les chiens de Pavlov, au lieu de puiser dans notre potentiel humain d''être créatif'. En termes de notre modèle quaternaire de corps subtils, la différence essentielle entre un être humain et un animal est que l'être humain a atteint un Moi Supérieur. Quelle part de votre Moi Supérieur est impliquée dans vos réponses émotionnelles? Ceci est un point clef, qui conditionne la réponse à la question: lesquelles de nos émotions sont humaines et lesquelles sont animales?

1.9 L'histoire de King Janaka et du fils de rishi.

Concluons ce chapitre avec une histoire de la littérature sanskrite.

Il y a bien longtemps, il y avait un grand ṛṣi (sage prophète) de l'Inde ancienne qui envoya son fils de treize ans à la cour du roi Janaka et demanda au prestigieux souverain de parfaire l'éducation du jeune garçon. Aussitôt que le garçon arriva à la cour, Janaka plaça une jarre de lait sur sa tête. La jarre était pleine à ras bord et Janaka ordonna au garçon de marcher autour du palais trois fois, sans renverser une goutte de lait.

Le palais était rempli de statues rares et de pierres précieuses, de jongleurs, d'animaux étranges et de jolies danseuses - beaucoup de choses tentantes pour un jeune homme qui n'avait auparavant jamais quitté l'ashram de son père dans la jungle. Mais le fils de rishi était capable de voir sans réagir et il tourna trois fois autour du palais sans renverser une seule goutte de lait.

Le roi Janaka fut très heureux du garçon. Il lui dit: « Fils, retourne vers ton père et dis-lui qu'il n'y a rien de plus que je puisse t'enseigner.»

Cela ne signifiait certainement pas que la vie émotionnelle du garçon était refoulée. Mais une certaine forme d'émotion réactionnelle avait été éradiquée. Le garçon pouvait aimer, prendre plaisir et ressentir, mais ses sentiments venaient de l'intérieur de son âme et n'étaient pas de pures réactions à son environnement. Il pouvait marcher dans le monde et rester complètement concentré sur lui-même sans considérer ce qui l'entourait. Il avait éliminé tous ses samskaras et était libre, dans le sens le plus haut du terme. Même le brillant roi Janaka, légendaire pour sa sagesse, n'avait rien de plus à lui enseigner.


CHAPITRE 2

SAMSKARAS ET QUÊTE POUR LA LIBERTÉ

2.1. La tyrannie des samskaras

Si nous sommes en quête de liberté, il devrait être clair que les principaux obstacles rencontrés sont nos propres samskaras. Il y a des circonstances dans la vie qui sont limitatives et restrictives. Si le prix du carburant monte, nous ne pouvons pas conduire nos voitures aussi librement que nous en avions l'habitude. Si une administration nous demande de remplir des montagnes de documents, le travail devient alors très difficile. Mais même dans les pays les plus totalitaires vous ne trouverez jamais un dictateur aussi restrictif et aussi acharné que les samskaras. La plupart des gens se sentent concernés par le comportement des dictatures, mais qui se préoccupe réellement des samskaras? Ceci peut vous aider à comprendre ce que les Hindous et les Bouddhistes entendent par maya ou illusion. En sanskrit, maya signifie 'magique'. Les samskaras opèrent une dictature absolue et magique donc personne n'y fait attention. La dictature démarre avant la naissance et ne s'arrête pas avec la mort. Elle entrave votre liberté de vouloir du matin au soir, chaque jour passé sur cette planète. Et vous ne le voyez même pas – ce qui est réellement magique à ce sujet.7

Considérons de nouveau l'exemple de la femme qui fut agressée sexuellement quand elle avait trois ans et qui avait totalement perdu toute mémoire consciente de l'évènement. Pouvons-nous réellement dire qu'elle est libre dans ses relations avec les hommes ? Vue de l'extérieur, elle est totalement libre. Personne ne la force à choisir tel ou tel homme et si elle divorce quatre fois c'est son entière responsabilité. Maintenant, connaissant la terrible pression exercée par l'émotion latente, connaissant le samskara et son dynamisme, pouvons-nous maintenir une telle affirmation ? La femme ne sait même pas que ses choix sont influencés par le samskara. En fait, elle ne sait même pas que le samskara est implanté ; elle peut se croire libre alors que sa vie émotive est en train d'être manipulée par une force dont elle n'a même pas conscience. Ceci est le premier schéma commun par lequel un samskara, une impression émotionnelle faite dans le passé, peut vous rendre esclave sans que vous ne le suspectiez.

Cependant ce schéma a besoin d'être développé car lorsque l'on pratique la régression, il devient clair que les gens ne sont pas influencés uniquement par les samskaras de leur petite enfance. Quelques samskaras qui émergent ne peuvent être reliés à aucune circonstance de la vie présente. Il faut insister de nouveau avec force sur le fait que peu importe que vous croyiez ou non aux vies antérieures. En réalité, le moins vous y croyez, le mieux c'est. En effet les croyances génèrent des espérances et les espérances en retour tendent à déformer la pureté de l'expérience. Le point important est que quelques samskaras sont découverts et qu'il n'est pas possible de les relier à la vie présente. Cependant, ces samskaras sont un élément essentiel dans la compréhension des préférences et des aversions qui gouvernent vos choix présents et dans la façon dont vous gérez votre vie. Regardons quelques exemples qui illustrent les principaux mécanismes par lesquels les samskaras interfèrent.

2.2 Superposition

Étude de cas – Mary était une femme de vingt quatre ans, traversant une phase de dépression intense. Elle se maria lorsqu'elle avait dix huit ans, mais se montra incapable de rester fidèle à son mari. Elle eut son premier amant après dix huit mois de mariage et un autre cinq mois plus tard, ce qui brisa son mariage. Alors elle perdit la possibilité d'agir clairement. Elle commença à passer d'un homme à un autre, multipliant les expériences courtes et superficielles, ce qui la laissa de plus en plus anéantie. C'est ici le récit de l'expérience clef qu'elle eut au cours de l'une de ses régressions.

Quelle est la sensation maintenant? – Froid. Terriblement froid.

Froid à l'intérieur ou à l'extérieur? – Les deux.

A quoi ressemble ce qui est autour de vous? – C'est humide. C'est froid, froid, froid... fait de pierres. Je peux voir ce grand bâtiment fait de pierres et c'est... terrible, pire que tout. C'est si froid... Je ne voulais pas venir ici. Ou peut-être je l'ai voulu, mais maintenant je ne veux plus y rester.

Qu'est ce qui arrive dans ce bâtiment? – C'est un couvent. J'y suis enfermée à clef. Je veux m'en aller. C'est affreux, comme si le froid de l'extérieur me gelait le cœur. Personne ne fait attention à moi. Personne ne sourit. Quelques fois je pleure, mais je suis tout à fait seule. Quelques fois je ne peux même pas pleurer, je suis comme morte...

Ressentez-vous quelques fois le même froid dans votre vie actuelle? – Oh! Oui. Quand j'ai besoin de quelqu'un pour prendre soin de moi. Sincèrement je veux juste de la chaleur et rien d'autre.

Mais cette sensation, est-elle la vôtre ou celle d'une femme enfermée dans le couvent? – C'est la sienne. Cela vient d'elle. Mais alors cela vient vers moi... Cela devient la mienne.

La prochaine fois quand cela viendra vers vous, pourriez-vous reconnaître que c'est son feeling et non pas la vôtre? – Oui, c'est tout à fait clair.

Cet exemple est tout à fait typique d'un samskara venant d'un passé lointain qui interfère avec la vie quotidienne de quelqu'un. Mary n'a jamais séjourné dans un couvent durant sa vie présente. Cependant depuis son enfance elle a exprimé des sentiments très mélangés lorsque la vie contemplative était concernée. Elle était tantôt attirée et tantôt terrifiée par elle. Graduellement, son attirance vers la vie religieuse devint une plaisanterie pour tous ses amis qui connaissaient la vie de mœurs légères qu'elle menait.8

Il est important de se rendre compte des sensations de Mary quand elle était seule dans sa vie actuelle. La terrible solitude de la sœur enfermée se superposait à sa vie émotionnelle actuelle. Les sentiments de cette jeune femme ici et maintenant étaient un mélange du passé et du présent, impossible à démêler. Cette détresse superposée la laissa dévastée et prête à faire n'importe quoi pour que quelqu'un s'occupe d'elle. Ainsi vue de l'extérieur, Mary était 'libre' de courir d'un amant à un autre – ce qui montre comment on peut être dans l'erreur quand on juge quelqu'un selon les principes moraux. Aussitôt que le samskara fut reconnu au travers de la régression, la souffrance de cette femme ne fut plus jamais aussi intense qu'auparavant.

Étude de cas – Samantha, âgée de vingt-cinq ans. Le début de la session IST révéla un point douloureux dans la région de la cage thoracique. Samantha commença à se sentir désespérée et à respirer rapidement, comme à bout de souffle. Elle donnait l'impression de souffrir considérablement.

Que ressentez-vous actuellement? – La peur. On est en train de me blesser. On me donne des coups de pieds sur ma tête et dans mon dos. [Elle sanglotait et haletait, se recroquevillait sur le matelas comme si elle essayait d'échapper aux coups.]

Pouvez-vous bouger? – Je peux seulement essayer de me protéger.

Pourquoi font-ils cela? – Parce que je suis facile à intimider.

Est-ce que cette personne est plutôt jeune ou plutôt vieille? – Assez jeune. Un garçon.

Cela dura-t-il longtemps? – Un certain temps. Et alors ils me laissèrent dans la poussière et partirent en riant. Ils étaient jeunes... à peu près mon âge.

Et alors? – Haine. Frustration. Humiliation. [Sanglots encore] Avez-vous quelques fois la même émotion dans votre vie actuelle ? – Oui, le même feeling.

Est-ce quelqu'un qui vous est proche? – Non. C'était à l'extérieur du village.

A quoi ressemble le village? – Petit. Des chemins de terre. La plupart des maisons ont des toits plats.

Des arbres? – Non. C'est très sec et chaud. Il y a une ambiance arabe - musulmane au sujet de ce village. [La cliente était encore essoufflée].

Y a-t-il aussi de bonnes personnes dans le village? – Ma mère. Je n'ai aucun ami. Je peux voir mon père assis là-bas, buvant un café. Il ne me parle pas beaucoup. J'ai le sentiment d'avoir douze ou quatorze ans. Parfois je dois soutenir mon bras. Il paraît atrophié, il n'est pas aussi gros que l'autre.

Peut-il bouger? – Un petit peu. [Durant le reste de la session, la cliente massa son bras droit.]

Les jambes sont-elles en bon état? – Oui, mais je ne suis pas très forte. Je suis grande.

Qu'est-il arrivé à votre bras? – Il a toujours été comme cela, déjà quand j'étais petite. Je ne pouvais pas faire grande chose avec.

Qu'avez-vous fait après avoir été battue? – Je me suis juste relevée et j'ai marché. Je marche, je pars du village. J'ai marché pendant des heures. Je suis sans espoir, humiliée. [Pleurant.] Que puis je faire ? Je veux juste m'en aller.

Et alors où allez-vous? – Il n'y a pas d'endroit où je puisse aller, je dois retourner au village. Je sais que cela arrivera de nouveau, car c'est toujours comme ça. Je ne peux pas parler à mon père car il pense que je devrais me défendre. Je vais vers ma mère, mais il n'y a rien qu'elle puisse faire. Elle me réconforte autant que possible. Je pense tout le temps que j'aimerais être née plus forte. J'aimerais pouvoir me défendre moi-même... Comme je suis faible. Je ne m'aime pas.

Vous sentez-vous comme ceci dans votre vie [australienne actuellement]? – Oui, j'éprouve le même sentiment de ne pas pouvoir me défendre.

Aviez-vous des amis? – Non. Je ne suis pas comme les autres, j'ai honte et ils restent à l'écart. Et ils se moquent de moi. Ressentez-vous cela dans votre vie [actuelle] ? – Oui, je me tiens à l'écart du monde. Je ne me sens pas assez bien et je ne veux pas risquer que l'on se moque de moi.

Pouvez-vous sentir que cette émotion n'est pas réellement la vôtre, mais qu'elle est celle du garçon que vous étiez? – Oui. C'est sa vibration.

Et alors? – Je suis dans une rue. Il y a des ânes. Pas de voitures, mais des chariots tirés par des ânes. Chaque fois que je suis dans la rue il y a toujours des commentaires. Les gens font des commérages derrière mon dos. C'est vraiment une vie misérable. Je fais un peu de travail dans les champs, mais quoi que je fasse, je pense seulement à mes problèmes. Je me sens défaite. Je me réveille le matin, je marche, je travaille dans le pays, je reviens et c'est tout ce que j'ai. Je porte un turban. Je suis très grande.

[Plus tard dans la session, la cliente revivra la mort de l'homme handicapé qu'elle était alors.] – Je suis allongée. J'ai l'impression que je suis en train de mourir dans mon sommeil. Je m'élève. Quelque chose sort de ma tête. Je m'élève. Alors j'ai le sentiment de rencontrer ma mère, comme si elle m'attendait. Il y a un sentiment de soulagement. Et après quelque temps, je suis dans le noir. Tout disparaît dans le noir.

Ceci est un exemple parfait de la manière dont un samskara est transporté d'une vie à une autre. On peut comprendre pourquoi le jeune arabe invalide se sentait aliéné et manquait d'assurance. Évidemment, quelqu'un peut être invalide et extrêmement heureux. Mais le désespoir du garçon arabe avait un fondement tangible. Il aurait pu ne pas exister, mais il était compréhensible.

Pourtant, Samantha ne souffre pas de quelque maladie ou infirmité. Quand elle s'éloigne des relations d'amitié possibles, quand elle se sent entravée et rejetée dans la vie, à cause de ces mêmes émotions, cela devient absurde et difficile à imaginer. Le bras invalide a depuis longtemps disparu, en dépit de cela, l'émotion qui va avec persiste. Le schéma émotionnel de l'invalide a été surimposé aux émotions de Samantha depuis son enfance, sans qu'elle le réalise.

Absurde? Certainement! Mais c'est exactement la façon dont nous fonctionnons, constamment. Les modalités et l'intensité peuvent varier, mais c'est toujours le même plan. Un schéma inapproprié s'imprime profondément à l'intérieur et persiste longtemps après la disparition de la cause génératrice. «Je ne suis plus enfermée dans un couvent, mais je continue à me conduire comme si je voulais être réconfortée à n'importe quel prix» ou «je n'ai plus de bras infirme et je ne vis pas dans une société qui me rejetterait si j'en avais un. Mais je me sens encore écartée et délaissée.» Ces émotions sont de pures réflexions du passé. Elles sont illusoires et irréelles dans le sens où elles ne reposent sur rien de tangible, mais, en même temps, la souffrance et le désordre qu'elles créent dans nos esprits et dans nos vies sont extrêmement réels.

2.3 Répétitions sans fin

Étude de cas – Femme âgée de trente ans.

Que ressentez-vous? – Je peux voir la maison. Elle est faite de matériaux légers. Les couleurs sont réellement différentes. Je ne jamais vu des couleurs comme celles-ci avant.9 Il y a beaucoup plus de teintes jaunes et oranges. Une belle femme avec de longs cheveux noirs. Elle paraît japonaise. Elle est debout à la porte et regarde dehors.

Que fait-elle? – Son mari est parti, il l'a laissée. Et sa vie s'arrête là. Elle sait qu'elle ne le reverra plus. C'est fini. Ce n'est même pas de la douleur, c'est pire que cela. Elle est anéantie. Ses fonctions vitales se sont arrêtées.

Dans cette régression un samskara majeur (être abandonnée) est dévoilé. Dans sa vie présente, quand cette femme a été abandonnée par un homme, sa souffrance fut insupportable car la détresse de la femme japonaise se superposait à ses 'propres' réactions. Sa peine se manifesta sur deux niveaux, mais elle ne pouvait pas le voir jusqu'à ce qu'elle passe au travers du processus de la régression. Tout ce que l'on ne peut pas voir est dix fois plus douloureux, car il n'y a aucun moyen de le comprendre. Être abandonnée était pour elle comme tomber dans un trou sans fond, s'enfoncer dans la souffrance au-delà de toute possibilité de rationalisation.

Un détail crucial est que la cliente, dans cette vie présente, avait choisi un mari qui voyageait beaucoup. Chaque fois que l'homme devait partir, le couple faisait en sorte d'avoir une terrible dispute, ainsi chaque départ avait un goût de séparation finale et la femme pouvait revivre l'agonie d'être abandonnée. Au lieu de se dire à elle-même: «Nous avons eu une belle dispute parce que je hais de le voir partir, mais peu importe, il sera de retour dans deux mois», elle était désespérée, comme la femme japonaise. Et le même drame était rejoué deux fois par an.

Cette tendance à toujours répéter la même expérience douloureuse est le produit direct du dynamisme des samskaras. La blessure émotionnelle du samskara est trop douloureuse, elle ne peut rester neutre. Elle supplie pour être guérie. La charge émotionnelle associée avec le samskara est si intense qu'aussi longtemps que vous ne composez pas avec lui, il tend à générer des circonstances qui lui permettent de s'exprimer lui-même. Dans beaucoup de cas, cela se fera en rejouant des circonstances similaires, de vie à vie.

Après avoir vu comment les samskaras tendent à surimposer des réactions émotionnelles à votre conscience présente, nous introduisons maintenant un second mécanisme majeur. Les samskaras tendent à vous faire créer des circonstances de vie au travers desquelles ils peuvent se manifester. Ils n'augmentent pas seulement votre douleur et les émotions présentes par superposition, ils vous manipulent pour créer des difficultés dans lesquelles les émotions peuvent être rejouées. Ils agissent comme des tendances latentes, influençant lourdement votre destinée.

2.4 Māyā, illusion

Jusqu'à maintenant nous avons seulement considéré les gros animaux dans la jungle des samskaras – ces traumatismes émotionnels majeurs créés par des circonstances dramatiques. Si nous voulons obtenir une vue claire de la manière dont l'esprit fonctionne, nous devons prendre en compte beaucoup d'autres petites traces laissées par des expériences qui ne furent pas aussi intenses. Pourtant ces traces ont persisté et continuent à déranger votre perception présente du monde.

Prenons un exemple. Vous rentrez dans la cuisine d'un ami et il y a une odeur particulière dans l'air. Immédiatement cette odeur vous rappelle celle d'une cuisine où vous avez passé une partie de votre enfance. Dans cette cuisine il y avait un chat dormant sous la table et il y avait une vieille femme qui travaillait. Toutes sortes de souvenirs vous reviennent à l'esprit. Si vous vous sentiez bien dans cette cuisine, la bonne sensation revient à vous pendant que vous êtes dans la cuisine de votre ami. Alors, peut être allez-vous vous sentir confortable et dire à votre ami: «J'aime ta cuisine!»

Maintenant supposons que vous vous sentiez extrêmement inconfortable avec la vieille femme car elle avait l'habitude de vous forcer à manger des artichauts que vous haïssiez. Et ce jour en particulier, il arrive que votre ami est en train de faire cuire des artichauts. Le malaise sera remémoré – l'anxiété dans votre poitrine, la tension dans votre abdomen. Vous ne vous sentez pas réellement anxieux et tendu, mais les souvenirs sont clairs et forts. De plus, vous êtes complètement décroché de la cuisine de votre ami tandis que les souvenirs prennent place. Si l'ami vous parle durant ce temps, vous pourriez bien être obligé de lui demander de répéter ce qu'il vient juste de dire. Vous avez été kidnappé par cet épisode passé.

Cet exemple suppose que vous pouvez vous rappeler consciemment l'épisode durant lequel le samskara a été imprimé. Supposons maintenant que vous ayez absolument tout oublié au sujet de la cuisine de la vieille femme. Quelque chose de différent peut vraisemblablement arriver. Vous rentrez chez votre ami, l'atmosphère générale et l'odeur déclenchent une connexion inconsciente avec l'épisode oublié et un certain malaise apparaît. Il y a un certain degré d'anxiété dans votre poitrine et de tension dans votre abdomen et vous ne savez pas pourquoi. Vous ne vous rappelez pas les détails précis de la cuisine de la vieille femme, il y a juste le malaise. La charge émotionnelle du passé s'est superposée elle-même sur votre conscience présente au travers du lien de l'odeur – mais vous ne percevez pas ceci. vous êtes seulement au courant de deux choses: la cuisine et votre inconfort. Aussi vous pouvez bien penser, «Je n'aime pas les vibrations dans cette maison!», ou «Je ne me sens pas à l'aise avec ces gens.» Naturellement, la cuisine est exactement la même, c'est seulement votre perception qui a changé. Alors votre jugement est complètement hors sujet et absurde. Pourtant tout cela vient à votre esprit très 'naturellement' et 'logiquement'.

Pendant que vous êtes pris dans ce mode de réaction, vous pouvez penser que ce que vous êtes en train de voir est la cuisine de votre ami. Mais vous vous dupez complètement vous-même. vous êtes en train de voir votre cuisine, pleine de projections inconscientes des fantômes – artichauts - et ce que votre ami voit de sa cuisine est complètement différent. Votre cuisine n'a rien à voir avec la cuisine réelle, ce n'est rien de plus qu'une construction de votre esprit. A ce moment vous êtes déconnecté; vous vivez dans un monde imaginaire comme dans une cage; vous n'ítes certainement pas dans le 'ici et maintenant'. Votre jugement est faussé par un facteur invisible et toute décision majeure que vous puissiez avoir à prendre dans cette cuisine sera probablement déformée et vous induirait en erreur.

La prochaine étape est de voir que de telles superpositions prennent place constamment, non seulement au cours de la journée, mais aussi pendant nos rêves! Un exemple simple de superposition que beaucoup de gens ont expérimenté consciemment est celle des chansons ou des morceaux de musique qu'ils avaient l'habitude d'écouter pendant une certaine période de leur vie. Si le même air est entendu quelques années plus tard, alors le 'parfum', l'atmosphère et les sensations de cette période particulière reviennent immédiatement dans leur conscience.

Que vous en soyez conscient ou non, la situation est telle que des souvenirs similaires innombrables sont constamment en train de brouiller votre perception présente du monde. Assez souvent, plusieurs samskaras sont déclenchés simultanément, chacun superposant son propre ensemble d'émotions et d'impressions, ce qui augmente la confusion. Imaginez votre ami dans cette cuisine chantant la chanson que vous aviez l'habitude d'entendre, il y a dix ans auparavant, quand vous aviez le cœur brisé, où peut être quand vous receviez les meilleures nouvelles de votre vie... quelle confusion! Beaucoup de samskaras mineurs ne sont pas associés à une émotion claire, mais simplement à un vague sentiment de malaise ou d'allégresse. Quand ils sont activés, ils superposent simplement une petite attraction ou répulsion, un flou indistinct sur le sommet de votre perception présente.

Si nous additionnons les influences de tous les samskaras les plus grands, ceux de taille moyenne et les très petits, nous pouvons obtenir une image de ce qu'est maya (l'illusion). Il n'y a absolument pas besoin de nier la réalité physique du monde pour arriver à la conclusion que nous vivons dans un complet maya, une illusion complète. Que l'univers soit réel ou non n'est pas le problème à ce niveau, parce que nous ne vivons pas dans l'univers – nous vivons dans notre monde de samskaras. Nous ne voyons jamais la cuisine de notre ami ou la cuisine de qui que soit d'autre; nous attrapons seulement un mélange étrange et trouble de la pièce elle-même et de nos propres projections. Nous ne voyons jamais l'arbre suivant, car nous voyons l'arbre dans lequel nous avons buté quelques années avant et une certaine tension inconsciente refait surface chaque fois que nous nous en approchons. Nous ne voyons jamais nos amis comme ils sont réellement car la façon dont ils parlent, la façon dont ils s'habillent, la façon dont ils se présentent presse sur nos boutons et nous fait projeter des impressions et des images sur eux. Ces impressions ont plus à faire avec notre réserve de samskaras qu'avec ce que sont réellement nos amis. Entre nos mémoires conscientes et nos superpositions inconscientes, nous ne voyons pas le monde, nous le rêvons.

Les maîtres hindous aiment souvent insister sur l'importance du caractère dramatique de cette situation. Nous passons notre temps à nous désoler des drames de notre vie, mais tous ces drames ne sont que des détails sans importance comparés à la tragédie d'être en permanence isolé dans un nuage d'illusions généré par les samskaras – une cage. Nous ne voyons jamais le monde, nous ne pouvons voir que notre monde, qui est plein des fantômes de notre passé. Nous sommes déconnectés, vivant dans un nuage et nous ne le suspectons même pas. Dès le début, il devrait être très clair que le but d'un travail sincère de régression est de dissoudre graduellement ce nuage d'illusions et non pas de découvrir avec satisfaction les histoires de notre passé.

2.5 Ce que vous aimez et ce que vous n'aimez pas

Quand vous êtes en quête de votre Moi, il est toujours intéressant de réfléchir à ce qui en vous-même semble central et essentiel – le noyau de votre 'Moi'. A ce point particulier, il est bon de regarder l'origine de vos attirances et de vos aversions. C'est un fait que beaucoup de gens tendent à considérer leurs goûts et ce qui les attire comme la partie la plus importante de leur personnalité. Certaines personnes ont une affinité spéciale avec une certaine couleur par exemple et choistsent en fonction de celle-ci tous leurs vêtements. S'ils rentrent dans un endroit avec cette même couleur sur les murs, ils ressentent immédiatement, c'est ma couleur, c'est un endroit pour moi. Quand il y a une relation avec les couleurs, nourriture ou n'importe quoi d'autre, souvent les gens ont tendance à regarder ce qu'ils aiment et ce qu'ils n'aiment pas quand ils cherchent à se définir eux-mêmes, pour appréhender ce qui est leur 'moi', par opposition à leur 'non-moi'.

Étude de cas – Homme de vingt cinq ans.

Que ressentez vous maintenant? – Douleur, douleur, douleur... Toujours de la douleur. Cela ne finit jamais.

Comment ressentez-vous votre corps, grand ou petit? – Grand. C'est un homme grand. Il a des épaules énormes. [Riant:] Je me sens comme une crevette comparée a lui. [La douleur devient alors plus forte et le jeune homme est sur le point de hurler] Ceci ne finira jamais, ceci ne finira jamais!

Est-ce à l'extérieur ou à l'intérieur? – A l'intérieur. Il fait noir. C'est sous terre. C'est une petite pièce et il fait froid. Douleur, douleur, douleur... ils me torturent et cela ne finit jamais.

Quelles sortes d'émotion accompagnent cela? – Haine. Si seulement je pouvais bouger de cette table, je les tuerais tous les trois, absolument rien ne pourrait m'arrêter. Mais je suis étroitement enchaîné et cela continue. L'un d'eux récite des vers en latin. [Criant:] Ils sont en train de me couper la poitrine!

Cette haine, ne l'avez-vous jamais ressentie dans votre vie actuelle? – Si, c'est étonnant, j'ai toujours haï le latin! Quand j'étais à l'école j'avais cette haine passionnée pour le latin, sans aucune raison réelle. J'avais un tel dédain pour la prof de latin que j'essayais toujours d'être déplaisant envers elle... Ce n'est pas le latin, ce sont eux! Je pourrais les tuer et l'autre hypocrite qui récite ses vers latins tandis qu'ils me torturent. Mon Dieu! Mon Dieu! C'est comme si je me tournais vers Dieu avec toutes les forces qui me restent. Mon Dieu! Ne finiront-ils jamais?

[La qualité de vibration change dans la pièce, comme si un ange était apparu; le client parle difficilement.] – Il y a une lumière blanche qui descend. C'est massif. Je suis parti. Je ne suis plus dans mon corps. Je peux voir d'en haut ce qu'ils essaient de faire de mon corps. Cela n'a plus d'importance. Maintenant il y a seulement la lumière.

Un processus de régression vous invite à réexaminer beaucoup de vos attirances et vos aversions et à découvrir si elles correspondent aux réelles aspirations de votre Moi Supérieur ou si elles ne sont rien d'autre que le résultat mécanique des empreintes des samskaras. A ce point, la régression peut être regardée comme un chemin de déconditionnement.

Cependant, il faut noter que ce chemin a peu de choses à voir avec le renoncement à vos désirs. Quand les gens essaient de renoncer à leurs désirs, dans la grande majorité des cas ils finissent par les refouler. En réalité, il y a quelque chose de faux à essayer de se conditionner soi même à ne pas avoir de désir. Supposons que ce désir vienne du conditionnement d'un samskara; il n'est pas bon d'essayer d'ajouter un autre conditionnement par-dessus le premier. Le but d'IST est de déconditionner. La seule chose que IST vous demande de faire est d'analyser systématiquement la source de vos réactions, y compris vos attirances et vos aversions. Il peut apparaître qu'un nombre d'attirances et d'aversions sont manifestement le résultat de l'influence des samskaras et dans ce cas, elles vont probablement disparaître toutes seules, dès que le samskara aura été révélé. Cela arrive naturellement et il n'y a rien de douloureux associé avec lui. C'est comme si l'on avait à se débarrasser d'un fardeau artificiel. Le résultat final de ce processus n'est pas une condition imprévisible de libération de tout désir, mais un état de maturité dans lequel une spontanéité sincère a été dévoilée et un vrai but a été trouvé, au-delà de tout conditionnement.

Étude de cas – Femme de quarante trois ans.

Que percevez-vous maintenant? – Ils vont le tuer. Ils l'ont emmené au loin. Cela me fend le cœur. Je n'ai jamais eu le temps de dire à cet homme combien je l'aimais. Et maintenant il est trop tard. Il sera exécuté demain et personne ne peut rien faire à ce sujet. Je ne le verrai jamais plus... [Vague de désespoir].

Y-a-t-il quelque correspondance entre cet épisode et un évènement dans votre vie actuelle? – Un jour, je suis tombée follement amoureuse d'un homme qui avait exactement les mêmes yeux. C'était une situation impossible. Il était marié et j'étais mariée. Pendant des mois je ne pouvais le sortir de mes pensées. C'était le même désespoir. Cela m'a pris un an pour récupérer.

Il est essentiel de comprendre que, quand une telle connexion de 'coup de foudre' prend place entre deux personnes, cela n'implique pas nécessairement qu'ils se sont déjà rencontrés dans une vie précédente. Ce point ne sera jamais assez souligné, car il évitera à quelques âmes romantiques de faire des erreurs énormes et de les justifier au travers de la pratique de la régression.

Vous rappelez-vous le fantastique ordinateur dans le Guide des Hitch-Hickers pour la Galaxie? Vous entrez dans l'ordinateur la décision que vous avez prise et immédiatement sort une liste de brillantes raisons pour vous expliquer pourquoi votre décision est la seule qui ait du sens. Intéressant! Quelques personnes essaient de faire exactement de même avec la régression. Ils se sont déjà fait à l'idée qu'ils veulent démarrer une nouvelle relation ou quitter leur partenaire et ils essaient la régression pour trouver une raison dans leur vie antérieure pour se conforter dans leur décision. Ils veulent croire que la destinée est en jeu au lieu d'admettre leur choix. Ils veulent que la régression montre que leur nouveau partenaire est une âme sœur avec laquelle ils ont déjà été associés dans des vies antérieures. Mais à moins que le connecteur soit prêt à les endormir comme l'ordinateur galactique des hitch-hickers, ce qu'ils trouvent est habituellement d'une nature tout à fait différente.

Les liens contractés dans les vies antérieures existent, mais ne se manifestent pas nécessairement sous la forme d'attractions magnétiques. En réalité, dans la plupart des cas quand une telle attraction a lieu, cela n'a rien à voir avec un lien dans une vie antérieure. Si nous prenons la dernière régression, que trouvons-nous? La cliente a rencontré un homme qui avait des yeux semblables à ceux de quelqu'un qu'elle avait aimé passionnément dans une vie précédente. Ceci parmi quelques autres similarités a déclenché un énorme samskara qui a réactivé la peine qu'elle avait ressentie en perdant l'autre homme dans une vie antérieure. C'est ici que nous devons être très prudents. L'intensité de l'émotion indique seulement qu'un gros samskara est déclenché et n'est en aucun cas un signe d'une relation dans une vie antérieure. Habituellement, plus l'émotion est forte dans votre psyché, plus sa source est un samskara.

Il peut être douloureux de réaliser que la même attraction passionnée peut arriver avec n'importe quelle autre personne qui, pour une raison ou une autre, arrive à déclencher le même samskara. De plus, cette compréhension peut vous épargner beaucoup de temps et de recherches, car les relations basées sur les samskaras sont loin d'être les plus épanouissantes ou les plus durables. Les niveaux des samskaras sont comparables à un kaléidoscope. Ses polarités, attractions et répulsions se déplacent perpétuellement et changent sous l'influence d'une myriade de micro facteurs irrationnels.

Soyons clair, je ne suggère pas que c'est seulement à cause des samskaras que les gens tombent amoureux – de même que la régression n'implique pas que toutes les ondes affectives dans un être humain sont dues aux samskaras. La régression nous enseigne que quand un samskara est activé, nous sommes manipulés. Nous pouvons croire que nous prenons des décisions avec notre libre arbitre, mais en réalité c'est le samskara qui nous projette dans une direction ou dans une autre. Ce n'est rien d'autre qu'une réaction préenregistrée – un conditionnement qui est déclenché et cela nous ordonne d'aller dans une certaine direction (à moins que nous nous rendions compte de ce qui arrive). Alors tôt ou tard, le kaléidoscope tourne un peu et l'attraction tombe à plat. Nous finissons par ne pas comprendre ce que nous faisons avec tel partenaire ou dans tel travail ou dans n'importe quelle situation où nous nous sommes mis nous-mêmes suite à l'enchantement magique du samskara.


CHAPITRE 3

ÉMOTIONS CONTRE SENTIMENTS

3.1 L'amour du chat et l'amour du Christ

Le mot 'amour' peut être employé dans des contextes très différents. Par exemple, lorsque le chat vient faire preuve d'affection à l'heure de son repas, vous pouvez facilement décréter que ce chat vous aime. Si vous êtes suffisamment sensible pour comprendre le langage des chats, vous pouvez même l'entendre murmurer: «Je t'aime, que tu es gentil, tu es vraiment chouette pour un humain!» À l'évidence, ce chat vous aime.

Le même mot, amour, est également utilisé pour décrire ce qui émane du Christ ou des maîtres ou des guides ayant atteint la réalisation quand ils donnent tout d'eux-mêmes à un disciple. Certains de ces maîtres ont un incroyable potentiel d'amour. L'amour irradie de leurs personnes comme une force à vous couper le souffle; vous pouvez la ressentir physiquement. Quand vous êtes tout près d'eux, c'est comme si vous baigniez dans un océan de douceur, Tous les soucis, toutes les frustrations, toute la violence en vous sont apaisés. À l'évidence, le guide vous aime.

Cependant, l'amour du Christ et l'amour du chat sont d'une nature bien différente. Par exemple, mettez le chat dehors au lieu de lui donner son dîner. Immédiatement, le chat ne vous aimera plus. Si vous pouviez parler chat, vous entendriez quelque chose du genre: «Je te déteste! Tôt ou tard, je te tuerai!» Maintenant, si vous jetez le Christ hors de votre maison, cela ne changera en rien Son amour. L'amour du Christ ne dépend pas de votre comportement. Il est inconditionnel. Il se situe à un niveau complètement différent de celui des démonstrations du chat conditionnées par vos actes. Et pourtant, nous utilisons le même mot pour le chat et pour le Christ.

Il en est de même du mot 'émotion'. Il est employé pour qualifier des tendances ou des forces psychologiques d'essence radicalement différente. Cela n'est propre ni au français ni à l'anglais, mais à tous les langages modernes en général. La mauvaise humeur d'un conducteur bloqué dans un embouteillage, le désir ou la jalousie d'un amoureux, la peur de la mort, l'anxiété qui précède un examen, la compassion d'un Bouddha ayant atteint la réalisation, la colère d'un marmot, les sensations esthétiques qui surviennent quand on admire la beauté d'un paysage, la vague d'amour qui envahit un saint en communion avec la divinité – tout cela est étiqueté avec le même mot, émotion, sans tenir compte du fait que ces phénomènes se situent à des niveaux de nous-mêmes fondamentalement différents. Ceci montre bien qu'une indescriptible confusion s'est installée dans notre univers en ce qui concerne les émotions.

3.2 Émotions et samskaras

Un grand secret de la sagesse peut s'exprimer comme suit: pour connaître quelque chose, trouvez sa source. Cela peut s'appliquer à un très large éventail de mystères spirituels y compris à notre sujet actuel. Si l'on veut apprendre à faire le tri entre les différentes sortes d'émotions, il est indispensable de trouver leurs sources. Des émotions différentes viennent de différentes parties de nous-mêmes, ce qui doit nous fournir des indices pour savoir ce que nous devons en faire.

Une des caractéristiques principales des samskaras est qu'ils ont tendance à générer des émotions. L'empreinte d'un samskara est laissée par une expérience. Quand une expérience qui s'y rattache se produit, une émotion est déclenchée. Par exemple, vous avez eu un mauvais accident de voiture quelque part en ville. À la suite de cela, chaque fois que vous passez au même endroit dans votre voiture, une émotion se produit. Les circonstances dramatiques de l'accident vous reviennent et suscitent une réaction. Vous ressentez de la peur, de l'anxiété ou vous vous sentez mal à l'aise. On peut distinguer trois éléments dans cette réponse émotionnelle:

  • le stimulus (le fait de repasser par le même endroit)

  • le samskara (l'empreinte émotionnelle laissée par l'accident)

  • la réaction émotionnelle (anxiété, malaise)

Il est possible de résumer la séquence comme suit):

stimulus ==> samskara ==> émotion en réaction

Le stimulus déclenche le samskara et une réaction émotionnelle se produit. Finalement, il n'y a pas de doute quant à la nature de cette émotion; elle vient du conditionnement. L'émotion est une sorte de routine stéréotypée de l'esprit; elle est hautement prévisible. Chaque fois que vous passez à cet endroit, l'esprit réactif vous joue son message préenregistré. Il ne vous sera pas difficile de transposer l'analyse de ce mécanisme à votre propre vie et de trouver toute une catégorie d'émotions similaires qui ont toutes leur origine dans certains évènements qui vous ont traumatisé.

Ce type d'émotions ne favorisera nullement une clarté intérieure. Cela ressemble plus à une réaction chimique qui a lieu de façon intempestive chaque fois que le samskara est déclenché. Il y a là quelque chose de maladif. C'est comme une blessure qui demande à être soignée. Bien plus, il est évident que cela ne procède pas non plus de la spontanéité de votre âme; c'est un conditionnement à l'état pur. Ce n'est rien de plus qu'un message préenregistré qui se répète chaque fois que vous rencontrez le stimulus correspondant.

Le vrai problème est que vous êtes le plus souvent inconscient de ces mécanismes qui sont à l'oeuvre à l'intérieur de vous-même. Quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, vous les manquez complètement. Souvenez-vous des exemples de samskaras présentés dans les chapitres précédents. Ce n'est qu'en passant par le processus d'exploration des régressions que le client pouvait déterminer quelles émotions provenaient des samskaras. Si vous avez perdu toute mémoire des samskaras, il est hautement probable que la connexion vous échappera. Une émotion viendra s'imposer inopinément dans votre champ de conscience, entraînée par un stimulus et la même séquence se produira:

stimulus ==> samskara ==> émotion

Cependant, si le samskara a été enterré dans les profondeurs de votre inconscient, que percevrez-vous? Le stimulus, l'émotion et rien d'autre. Dans la mesure ou votre perception est concernée, la séquence aura été écourtée comme suit:

stimulus ==> émotion

Par exemple, quelqu'un vous dit quelques mots et une réponse s'impose immédiatement, en parole ou en pensée: «J'adore cette personne» ou «cette personne est stupide» en fonction du contexte du stimulus. Autre exemple, vous conduisez tranquillement. Le conducteur derrière vous klaxonne et vous vous entendez lui répondre par une insulte. Mais, l'élément du milieu – le lien essentiel – vous échappe. Vous êtes complètement inconscient du samskara qui vous fait réagir à ce stimulus. Vous avez été dupé. Vous pouvez penser: «Je n'ai fait que répondre.» Mais, réellement, votre Moi n'est pour rien dans cette réponse. Ce n'est rien qu'un autre message préenregistré qui vient d'être joué automatiquement lorsque l'on a appuyé sur le bouton correspondant.

Étendez ce modèle aux milliers de samskaras cachés au plus profond de votre mental: ceux que vous connaissez et ceux dont vous ne suspectez même pas l'existence, mais qui sont encore actifs. Il devient évident que tous les aspects de votre vie, du plus infime au plus important, peuvent être rattachés à cette séquence: stimulus ==> samskara ==> émotion. Ce modèle est trop mécanique, ressemble trop à un jeu de marionnettes pour satisfaire les aspirations de L'Esprit. Et pourtant il est amer de constater que la plupart de vos émotions sont des réactions à des stimulus qui déclenchent un samskara d'une quelconque nature.

De temps à autre, une lueur pénètre dans le coeur et vous expérimentez une manière différente d'être. Une émotion apparaît qui n'est pas l'expression criarde d'une demande pressante et qui ne vient pas de la stimulation mécanique d'un samskara.

Dans une recherche véritable de la liberté, une partie du travail doit être consacrée au déconditionnement. Redécouvrir la spontanéité implique que vous puissiez séparer l'Être de ses faux-semblants, les émotions véritables de celles qui sont conditionnées et les expressions sincères du Moi des réactions des samskaras.

3.3 Émotions contre sentiments

À ce stade, nous devons introduire deux termes différents pour 'émotions': un pour celles en rapport avec l'affection montrée par le chat et un autre correspondant à l'amour inconditionnel du Christ. J'utiliserai le mot 'émotions' pour celles qui sont conditionnées et pour celles qui sont inconditionnelles, j'utiliserai le mot 'sentiment'.

D'autres mots auraient pu être choist. Cependant, l'étymologie du mot émotion convient très bien avec l'utilisation qui est suggérée ici. Motion vient du latin motio qui signifie mouvement. Le préfixe 'e' est une contraction de 'ex' qui indique un mouvement orienté vers l'extérieur, comme dans exit ou excréter. E-motion veut dire mouvement vers l'extérieur et l'émotion vous entraîne précisément hors de vous-même. Elle vient de la couche des samskaras et non pas de votre Moi. Elle vous fait répondre d'une manière qui n'implique pas votre Moi, mais qui n'est qu'une simple réaction mécanique dans la couche des samskaras (corps astral). Les é-motions vous font vous égarer loin de votre nature véritable.

Le mot 'sentiment' présente l'avantage d'être utilisé à la fois par Rudolf Steiner et les maîtres hindous du Vedanta avec la même signification de 'connaissance par identification' ainsi que cela sera développé dans la suite de cet ouvrage. Nous utiliserons le mot sentiment. De cette manière notre vocabulaire est en accord avec autant de sources que possible.

3.4 Émotions et réactions

Un critère essentiel pour discerner une émotion d'un sentiment est que l'émotion est une réaction alors que le sentiment n'en est pas une. De ce point de vue, les termes 'émotion' et émotion réactionnelle' sont par conséquent synonymes.

Le terme 'réaction' est particulièrement approprié car il a des connotations dans le domaine de la physique et de la chimie, c'est à dire dans le fonctionnement mécanique de l'univers. Pensez à une réaction chimique. Par exemple, mettez un bloc de sodium dans de l'eau et il s'ensuit une explosion. Ou mélangez de l'acide chlorhydrique et de l'ammoniac liquide et vous produirez un spectaculaire nuage de fumée blanche. Un mélange de causes physiques produit toujours les mêmes effets.

Même si les émotions peuvent apparaître plus complexes à cause de la fluidité du domaine psychologique, elles peuvent être reliées à un même modèle. Un stimulus vient du monde extérieur; il déclenche un samskara et une réponse émotionnelle s'ensuit automatiquement. Par exemple du temps de la Guerre Froide, certains se mettaient en colère chaque fois qu'ils entendaient le mot 'communiste'. Cela marchait comme un charme chaque fois que le mot était prononcé en leur présence. D'autres personnes se mettaient en colère chaque fois qu'elles entendaient 'anticommunisme' avec exactement la même constance. Même si elles ne montraient pas ouvertement leur émotion, vous pouviez voir que quelque chose réagissait à l'intérieur d'elles-mêmes. Elles se considéraient comme très différentes des personnes du premier groupe, mais du point de vue du samskara, y avait-il réellement une grande différence?

Les émotions ne sont pas seulement mécaniques, mais aussi 'psychologiques' et même 'chimiques'. Cela peut être illustré par une expérience simple mais saistsante – empruntez un stéthoscope et écoutez vos intestins. Placez l'extrémité plate du stéthoscope sur la peau, quelque part dans la région du nombril ou dans la zone iliaque droite. Écoutez le son naturel qui provient des mouvements incessants de votre appareil digestif. Pensez ensuite à quelqu'un de déplaisant, quelqu'un que vous détestez ou quelque chose qui vous effraye ou qui vous rend inconfortable. Immédiatement, le bruit que fait votre intestin change! Quand vos oreilles sont accoutumées à écouter à l'aide du stéthoscope, vous réalisez que le changement est loin d'être négligeable. Le son devient soudain bien plus rauque et discontinu, tout sauf harmonieux. À l'évidence, cette petite pensée déplaisante est suffisante pour modifier complètement le fonctionnement de vos boyaux, les mouvements de leurs fibres musculaires et par conséquent, l'alchimie de votre digestion. Écoutez par vous-même! Comment une digestion convenable peut-elle s'accomplir avec un tel son? Vous arriverez rapidement à la conclusion que l'expression 'empoisonné par vos émotions' doit être prise à la lettre.

3.5 Les émotions peuvent toujours se convertir en leur opposé

Un inconvénient majeur des émotions est que leur magie est éphémère et changeante. Si vous avez été attiré par une certaine personne ou par certaines occupations professionnelles par l'influence d'un samskara, il est à peu près certain que tôt ou tard, vous perdrez vos illusions et votre intérêt et que vous serez attiré ailleurs. Un autre stimulus déclenchera un autre samskara et toutes vos belles résolutions antérieures tomberont à plat. Les samskaras opèrent dans votre mental comme un kaléidoscope. Juste un petit mouvement et le spectacle change du tout au tout. Le monde était vert et soudain il vous apparaît rose. En réalité, le monde n'a pas changé du tout, mais il a suffi d'une fraction de seconde pour que vous le voyiez complètement différemment en le contemplant à travers les lunettes kaléidoscopiques des samskaras.

Un bon moyen de savoir si votre amour dépend des émotions ou des sentiments est de vous demander ce qui arriverait si vous étiez rejeté ou trahi. Un amour qui vient d'une émotion peut aisément se tourner en son contraire, «Vous verrez votre ami sous la forme d'un cochon couvert d'ordures, un char empli de démons.» 10 Si votre amour est dicté par les sentiments alors il ne sera jamais stoppé par une réponse négative de la part de l'être aimé. Le critère est amer, mais s'il est appliqué avec sincérité, il peut vous éviter bien des désillusions et bien des tribulations.

3.6 Les mille et un masques des émotions

Colère, rage, frustration, irritation, désespoir, tristesse, dépression font partie de la liste des émotions. Personne ne protestera contre un système qui vous permet de vous en débarrasser. Ultérieurement, il est possible que vous découvriez que vous étiez, finalement, bien plus attaché à ces émotions que vous ne le croyiez au début et qu'en fait, vous les chérissiez comme un trésor précieux. Cependant, quels que soient vos errements, l'intellect n'est pas choqué par l'idée de vous débarrasser de l'angoisse et de la dépression.

Pourtant, si vous vous mettez à observer vos réactions d'une manière systématique, il deviendra évident que le modèle 'stimulus --> samskara --> émotion' ne s'applique pas seulement à la colère et à la dépression, mais également à nombre d'émotions soi-disant positives. Dans de nombreux cas, lorsque vous évoquez l'amour, la charité, la compassion ou toutes les formes de comportements moraux, c'est bien la même séquence qui est impliquée.

Pour le dire crûment, vous réalisez que la plupart du temps votre amour est fort semblable à celui du chat. Vous donnez aussi longtemps que vous êtes nourri. Bien entendu, vous ne réclamez pas exactement les mêmes choses que le chat. Vous voulez entendre ou ressentir que vous êtes beau ou quelque chose du même genre qui vous réconforte et vous permet de vous sentir en sécurité. Mais le modèle de base est le même – si l'on vous jette dehors, vos émotions sont illico modifiées et effectuent même une volte-face complète.

La réalisation est un réel défi. Elle demande sans équivoque possible une réorientation des valeurs. Si de 'bonnes' choses peuvent sortir du jeu des samskaras, alors la question se pose: «En vérité, où est le bien? où est le mal?» Les clichés moraux du bien et du mal apparaissent comme des caricatures éculées et désuètes. Ils se révèlent totalement inadaptés à l'analyse de la réalité des émotions et des sentiments.


CHAPITRE 4

LES CAUSES DES ÉMOTIONS ET DES SENTIMENTS

4.1 Comment se produisent les émotions et les pensées?

La distinction qui a été faite entre les émotions et les sentiments peut s'appliquer également aux différentes formes de pensées. De nombreuses pensées sont apparentées à des émotions en ceci qu'elles ne sont rien de plus que des réactions. Comprendre ce point nous conduira à une plus large définition des émotions.

Essayer l'expérience suivante. Asseyez-vous tranquillement et commencez à scruter vos pensées. N'essayez pas de les stopper. N'interférez avec elles en aucune façon. Devenez-en simplement conscient ainsi que de la manière dont elles se présentent à votre esprit. C'est en soi une technique de méditation majeure. Au commencement, vous ne pouvez pas distinguer grand chose parce que l'esprit est trop rapide; les pensées se suivent les unes après les autres sans interruption et vous finissez par penser au lieu de méditer. Cependant, lorsque vous persistez dans cette pratique, le mental à tendance à ralentir et vous devenez capable de discerner chaque pensée aussitôt qu'elle apparaît dans votre champ de conscience. À ce point, vous pouvez faire une observation essentielle. Si vous pouvez observer simplement la pensée, sans aucune forme de réaction, elle disparaît et une autre pensée fait son apparition. Répétez ce processus. Observez-les sans réagir et les pensées s'évanouissent. Si vous pouviez maintenir cette attitude, observer sans réagir, la paix de votre mental serait établie de façon permanente car les pensées seraient comme des oiseaux volant dans l'arrière plan d'un paysage. 11 Elles ne vous perturberaient pratiquement plus et ne laisseraient aucune trace dans votre mental.

Mais ce n'est pas du tout le cas. Chaque fois qu'une pensée ou une perception survient, la tendance du mental est de s'en emparer et de lui accrocher une autre pensée au moyen d'une association quelconque. Par exemple, vous entendez un bruit venant de votre frigo et le mental déclare: «Le frigidaire est vide.» Ensuite, il enchaîne avec «Brünnehild vient déjeuner.» Puis: «Il faut que j'aille faire des courses.» «Mais d'abord il faut que j'aille à la banque.» et ainsi de suite. Ou bien une pensée survient au sujet de votre ami Victor et le mental enchaîne «Il n'est pas aussi sympa que Zaccharie.» et ensuite: «Zaccharie me doit de l'argent.» et «Comment pourrais-je le lui rappeler poliment?» et c'est ainsi que la danse sans fin va son chemin.

Il doit être clair que ce mode opératoire est fondamentalement semblable au modèle que nous avons décrit pour les émotions.

stimulus ==> samskara ==> réaction

Dans le cas des pensées, le stimulus est la première pensée, telle que Victor ou une sensation telle qu'un bruit venant du frigidaire. La réaction est la pensée suivante que l'esprit saisit et lui relie. Ensuite, la seconde pensée à son tour devient un stimulus pour la réaction suivante et ainsi de suite:

pensée ou perception ==> micro–samskara ==> une autre pensée

Cependant, s'il n'y avait pas un micro-samskara pour faire une association entre les deux pensées, le mental stopperait tout simplement et deviendrait silencieux. Ces samskaras peuvent ne pas être dotés d'autant de charges émotionnelles que ceux que nous avons étudiés précédemment, mais ils ont cependant toutes les caractéristiques des samskaras. Ils sont imprimés dans le mental et créent une certaine réaction quand ils sont déclenchés par le stimulus approprié.

Cette approche projette une lumière différente sur le courant incessant des pensées qui apparaissent quand vous fermez les yeux et observez le fonctionnement de votre mental. Ces pensées ne sont rien d'autre que la conséquence du dynamisme de vos samskaras. Si vous n'aviez plus de samskaras ou si vous pouviez neutraliser les différentes couches de vos samskaras, alors il vous serait possible de vous arrêter de penser et d'accéder directement aux domaines supérieurs de la conscience.

En sanskrit, toutes les pensées et tous les petits mouvements mentaux qui se produisent continuellement dans le mental sont appelés vṛttis. La racine du mot, vṛt signifie 'tourner'. Dans le texte majeur du système de Yoga, les Yoga-Sūtras de Patañjali, la toute première instruction est: Yogaś citta-vṛtti-nirodaḥ (1.2), ce qui signifie: «Le Yoga est l'éradication des vṛttis du mental.» Le message est clair – aussi longtemps que les samskaras polluent votre conscience en suscitant constamment des réactions mentales et des émotions, l'état de Yoga, l'unité transcendantale, ne peut être obtenu. En sanskrit, la couche dans laquelle toutes ces réactions ont lieu et dans laquelle elles sont gravées est appelée manas (ce qui correspond au corps astral dans le système des corps subtils utilisé dans les travaux de Clairvision.) Manas est habituellement traduit par 'mental' et, comme nous l'avons vu, c'est dans ce sens que le mot 'mental' est employé dans ce livre.

Peu importe que vous perceviez ce qui vient des couches de ce mental/manas comme des émotions, des pensées ou un mélange des deux. Pensées ou émotions, nous sommes en présence fondamentalement de réactions déclenchées par des samskaras. Leur nature est bien celle des réponses conditionnées.

De ce point de vue, le problème n'est pas tant de faire la différence entre les pensées et les émotions, mais de distinguer ce qui est une réaction et ce qui n'en est pas une, ce qui vient des samskaras et ce qui n'en provient pas. En d'autres termes, vous voulez être capable de faire la différence entre le mécanisme des samskaras et la spontanéité du Moi. Dans ce but, de même que nous avons établi une distinction entre les émotions et les sentiments, une distinction doit être faite clairement entre les pensées qui trouvent leur origine dans les samskaras et les autres.

Le but de ce travail n'est pas d'éradiquer toute forme de pensée et de vous transformer en légume. Néanmoins, de même que les émotions venant d'une réaction de l'esprit peuvent être progressivement remplacées par des sentiments spontanés, de même la pensée venant de réactions mécaniques peut être remplacée par la pensée vivante du mental transformé ou 'super mental' (corps astral transformé.) Pour avoir une vue plus claire de ces transformations, il nous faut comprendre réellement ce que sont les sentiments.

4.2 Les sentiments

S'il n'y avait pas de princesse, qui voudrait combattre le dragon? Si le but était seulement d'atteindre une certaine tranquillité émotionnelle, qui voudrait s'engager dans le long et difficile processus de neutraliser le mental/manas? Il serait beaucoup plus simple d'apprendre à remplacer les émotions négatives par des émotions 'positives', comme dans ces méthodes dans lesquelles on vous enseigne à envoyer des affirmations positives dans la partie subconsciente de votre mental. De telles pratiques peuvent apporter de réelles améliorations. Il y a cependant un point faible dans leur conception. Elles accumulent un conditionnement par-dessus un autre conditionnement. Les profondeurs du mental répètent continuellement: «Je suis vilain et malade, je suis vilain et malade.» Alors, on met par-dessus l'affirmation: « Je suis beau, je suis beau», dans l'espoir que le mental va se mettre à répéter cette seconde affirmation plus souvent que la première. Ces méthodes peuvent vous aider à devenir plus performant dans vos activités quotidiennes, mais elles n'apportent en aucune façon une solution au vrai problème – l'éclipse du Moi provoquée par les samskaras. Les affirmations positives peuvent calmer le dragon, mais il manque la princesse. Si notre objectif est la liberté métaphysique, il nous faut nous débarrasser complètement des samskaras, et non pas remplacer un conditionnement noir par un rose.

Il est facile de parler des émotions, précisément parce qu'elles appartiennent au mental/manas et parce que notre langage se situe justement à ce niveau. Il n'est pas aussi facile de parler des sentiments parce que par nature ils transcendent cette couche. Les sentiments appartiennent au 'non-mental' (corps astral transformé). Les mots ne peuvent vous donner qu'une faible idée des sentiments. Mais une représentation de ce qui est situé au-delà du royaume du mental ne permettra jamais une compréhension réelle. Une expérience directe est nécessaire.

Le mécanisme causal des sentiments est complètement différent de celui des émotions. Les émotions apparaissent souvent stupides, cependant elles suivent une certaine logique et sont hautement prévisibles. Au contraire, les sentiments sont au-delà de la logique rationnelle. Pendant longtemps, au cours de votre processus de développement, vous ne savez jamais quand un sentiment réel va se manifester. Les sentiments sont comme des dons et le mental/manas n'a aucun contrôle sur eux. Il peut les bloquer, dans une certaine mesure, mais il ne peut les inventer.

Il a été dit plus haut que les émotions peuvent être perçues comme des vagues. Les sentiments aussi peuvent être définis comme des vagues intérieures, mais d'une nature complètement différente. Au lieu de vous emporter loin de votre centre, les sentiments révèlent votre Moi supérieur. Ils illuminent le coeur même de votre personnalité. Contrairement à la trépidation superficielle des émotions, un sentiment est un éveil immobile et profond. Au lieu d'une e-motion (mouvement extérieur), le sentiment est une 'immobilité intérieure', une vague tranquille qui crée un contact avec les parties les plus profondes de vous-même. La direction des sentiments est définitivement centripète, alors que celle des émotions est centrifuge. Les émotions dispersent, elles éparpillent votre vie dans toutes les directions. Les sentiments la recentrent.

Une autre caractéristique des sentiments est leur densité, leur plénitude. Au niveau de l'expérience, les émotions apparaissent vides comparées à la plénitude des sentiments. Ceux qui prétendent que leur vie serait ennuyeuse sans le frémissement des émotions n'ont aucune idée de ce qui se trouve de l'autre côté du mental/manas. Les émotions créent une agitation frémissante qui reste confinée dans une mince couche du mental. Un sentiment, au contraire, est un éveil multidimensionnel grâce auquel on éprouve une grande plénitude de l'être. Vous existez de façon plus intense grâce aux sentiments alors que les émotions vous dérobent une partie de votre être.

4.3 Les émotions vous font court-circuiter le Moi

La différence la plus importante entre les émotions et les sentiments est que les émotions vous font court-circuiter le Moi, l'Ego supérieur, alors que les sentiments lui sont associés. De manière à rendre ceci plus clair, nous allons utiliser un modèle simplifié des corps subtils. On peut considérer qu'un être humain est constitué comme suit:

  1. un corps physique;
  2. un corps éthérique ou couche de force vive ou enveloppe de prana;;
  3. un corps astral qui correspond au mental/manas de la tradition hindoue et qui est le siège des émotions aussi bien que des pensées qui résultent des samskaras. À proprement parler, le corps astral est la structure et le mental/manas la fonction. Les deux ne peuvent pas être réellement séparés et les termes 'corps astral' et 'mental/manas' peuvent virtuellement être considérés comme des synonymes; 12
  4. une couche de conscience de Soi que nous appelons Ego ou Ego Supérieur ou Moi ou Moi Supérieur ou Esprit. Dans ce contexte, la signification du mot Ego est très différente de ce qui est utilisé par les maîtres hindous ou bouddhistes. Pour eux, le mot ego correspond au 'petit-ego' ou 'ego-avide' – celui qui est le résultat du conditionnement par les samskaras. Ce 'petit-ego' est virtuellement synonyme de mental/manas, la couche des émotions venant des réactions et des conditionnements qui correspondent au corps astral de notre classification. Dans un but de simplification dans le contexte de ce livre, comme dans L'Éveil du Troisième Œil et Entités..., les termes Ego, Ego supérieur, Moi, Moi supérieur et Esprit sont considérés comme synonymes.

Cette image montre le corps physique [4] et le corps éthérique [3] qui composent le complexe inférieur [B];
ainsi que le corps astral [2] et l'Égo [1] qui composent le complexe supérieur [A].

Dans le cadre de ce modèle des quatre véhicules, le travail de transformation de soi-même peut être décrit comme la purification du corps astral ou mental/manas, à la suite de laquelle le Moi est ressenti dans sa pureté et sa totalité. Retournons au Yoga-Sutra de Patanjali. Comme nous l'avons vu, ce manuel de réalisation commence par les termes suivants: «Le Yoga est la suppression des fluctuations de chitta», ce qui équivaut à: «Le Yoga est la suppression des fluctuations du mental/manas,» puisque chitta n'est rien d'autre que la substance du mental/manas. Une traduction plus exacte est donc: «Le Yoga est l'éradication des vrttis de la substance du mental.» Le vers suivant des Yoga-Sutras est:

tadā draṣṭuḥ svarūpe 'vasthānam (1.3)

«Alors, le voyant est établi dans sa vraie nature.»

De nouveau, le message est clair. Rendez le mental/manas transparent et immédiatement le Moi se révèlera derrière lui. Le mental/manas et ses samskaras constituent un voile qui masque le Moi.

Si nous analysons le fonctionnement des samskaras selon les termes de ce simple modèle des corps subtils, que trouvons-nous? Examinons de nouveau l'exemple du bruit du frigidaire qui vous rappelle que Brünnehilde vient déjeuner. Le son est d'abord perçu au moyen de l'ouie, du corps physique, la perception est transmise à la couche d'énergie, le corps éthérique et atteint la couche de la conscience mentale et des émotions (corps astral). À ce point, cependant, il se produit un court-circuit. Au lieu d'être reçu par le Moi, le son est reçu par le mental/manas qui crée une association et génère une pensée – toujours dans le corps astral. Ensuite un autre micro-samskara est déclenché et une autre pensée apparaît, toujours dans le corps astral.

Comment cela se manifeste-t-il? Vous pensez sans vous rendre compte que vous pensez. Le Moi, la conscience de Soi est laissé en dehors du processus de la pensée. Cela peut être facilement observé par la pratique de la vigilance interne. Il y a des moments où vous êtes conscient et si une pensée intervient, vous êtes en mesure de simplement la contempler et de la laisser aller sans interrompre le flot de votre conscience. Un autre jour, vous êtes pris par un train de pensées. Une pensée survient, puis une autre après la première et vous ne réalisez même pas ce qui se passe. Ce n'est pas vous qui pensez, ce sont les pensées qui se pensent elles-mêmes dans votre esprit. Votre conscience est perdue, accablée par le mental/manas. Ce n'est qu'après quelques minutes (ou quelques heures) que vous vous souvenez de vos objectifs et que vous restaurez votre conscience intérieure.

Le même processus de débordement du Moi peut intervenir de façon encore plus évidente avec les émotions. Par exemple, un conducteur vous surprend par un coup de klaxon au moment où vous l'attendez le moins. Vous percevez le son (corps physique), il est transmis à travers la couche d'énergie (corps éthérique) et atteint votre mental/manas. Une fraction de seconde plus tard, vous vous surprenez en train d'insulter le chauffard. Le fait est que vous étiez totalement inconscient du samskara qui a été déclenché et qui a réagi. Cela indique clairement que la couche de conscience du Moi a été contournée. L'évènement a pénétré jusqu'au corps astral et une réaction (les paroles d'insulte) a suivi mécaniquement. Le plus important des quatre véhicules, celui de la conscience du Moi a été court-circuité.

Entre les pensées et les émotions du mental/manas et la conscience du Moi, les relations sont celles du mangeur mangé. Vous pouvez soit réagir, soit être conscient, mais vous ne pouvez pas faire les deux à la fois. Quand vous réagissez, vous perdez la conscience de l'évènement. Il n'est pas exagéré de décrire le mental/manas comme celui qui mange le Moi. Grâce au travail de transformation du Moi, cette relation peut être lentement inversée. La couche de conscience du Moi mûrit en un insondable Moi qui devient capable de neutraliser n'importe quelle vague de mental/manas, même avant qu'elle ne se produise. Comme le dit l'un des textes fondamentaux des Védanta, le Moi devient le 'mangeur', le 'dévoreur' de toutes choses (Brahma-Sutra 1.2.9).

4.4 Sentiments, Moi et unité

Contrairement aux émotions, les sentiments sont doués d'un sens du Moi. En ce qui concerne les sentiments, il y a de nombreux degrés. Quelques sentiments ont juste une teinte de conscience du Moi, à peine plus qu'un arrière plan. D'autres vous relient aux niveaux les plus profonds et font briller votre Moi comme un soleil. Cependant le trait le plus commun à tous les sentiments est que, contrairement aux émotions, ils ne masquent pas le Moi, mais au contraire le révèlent. Les sentiments établissent un lien expérimental avec la petite flamme, la présence éternelle du Moi dans le coeur – alors que les émotions prennent place dans la personnalité de surface, la façade.

Cela suggère que les émotions vous séparent des personnes ou des circonstances qui les déclenchent, car dans une émotion, votre Moi n'est tout simplement pas présent. Il est tenu hors de l'action. Comment pourrait-il donc y avoir unité entre votre Moi et la situation quand votre Moi n'est pas là?

Un sentiment, au contraire, crée une unité entre vous et l'objet ou la personne en relation avec lui. Supposons que vous êtes en train d'observer les milliards d'étoiles dans un ciel nocturne et que la beauté du moment génère une vague intérieure; soudain, vous êtes devenu partie intégrante de l'Univers. Il y a un sens fort et tangible d'unité avec le ciel étoilé. C'est un sentiment. Juste avant, vous étiez en train d'observer les constellations et il n'y avait rien de plus que des taches blanches sur un fond noir. Peut-être étiez-vous en train d'apprendre à reconnaître leur position ou peut-être pensiez-vous à autre chose, bien loin des étoiles. Vous regardiez en utilisant le mental/manas. D'un côté, il y avait vous sur le sol et de l'autre les taches blanches. Maintenant, soudain une part profonde de vous-même s'éveille et vous procure un sentiment intime de votre unité avec le cosmos. C'est toute votre perception qui est transformée, comme si vous étiez dans un espace différent. L'Univers prend soudain un sens pour votre âme. Un sentiment est né.

Prenons un autre exemple, quelque chose qui va arriver à de plus en plus de thérapeutes au cours des décennies à venir et qui peut créer une révolution dans l'art du diagnostic. Un ami ou un client vient vous voir souffrant d'une douleur. Vous ressentez une intense compassion pour lui. Vous êtes dans votre coeur, oubliant pour un instant tous vos problèmes personnels, vous efforçant s'être aussi ouvert que possible. Alors, sans avoir à poser aucune question, vous réalisez soudain que vous ressentez la douleur là où elle se trouve. Ce n'est même pas que vous savez où la douleur se trouve, vous la ressentez! Vous ressentez son corps comme si c'était le vôtre. Il y a une vague d'unité entre vous deux. Résultat pratique, vous avez un flash, non pas de clairvoyance ou de claireaudience, mais de 'clairsentir'. Vous sentez que votre ami se comporte comme si vous étiez dans son corps. Pour qu'une telle expérience puisse se produire, il est indispensable que vous soyez capable de tout oublier de vos propres difficultés et de vos propres émotions et de n'être là que pour l'autre, lui ouvrant votre coeur sans aucune restriction.

Un point crucial concernant ce 'clairsentir' est que vous ressentez la douleur et les émotions de l'autre personne, mais chez vous il n'y a aucune souffrance associée à cet état. L'ami éprouve ma douleur à son niveau d'émotion (le mental/manas), mais vous la recevez à votre niveau de sentiment. Vous ne souffrez pas avec lui, vous êtes avec lui pendant qu'il souffre ce qui est très différent. C'est une proximité, une ouverture de coeur à coeur, mais il n'y a rien de déplaisant ou de douloureux pour vous dans cet état.

Un des buts principaux de la technique de régression IST est de vous aider à développer cette capacité de haute compassion et de ressentir ce que les autres expérimentent dans leur corps et leur esprit. Pendant que vous jouerez le rôle de connecteur, il vous arrivera de plus en plus souvent d'éprouver un sentiment ou de recevoir une image, juste avant que le client ne le mentionne. Ces moments de 'perception partagée' s'accompagnent souvent d'une sensation que votre Moi supérieur est présent et participe au processus.

Essentiellement, un sentiment est un mode de connaissance au moyen de l'identification. Il s'agit d'entrer en accord avec un objet ou une personne et de laisser leurs qualités se mettre à vivre à l'intérieur de votre Moi. C'est plus que de simplement entrer en résonance avec l'objet, c'est une expérience d'identification métaphysique. Il y a bien entendu des degrés dans ce type d'expériences, mais quand votre capacité à ressentir augmente, cette perception de l'unité devient de plus en plus claire.

L'unité associée aux sentiments vous donne la capacité de comprendre les choses et les êtres de l'intérieur. Vous ne les regardez plus de l'extérieur et vous n'êtes plus stupéfait de la différence qu'il y a entre eux et vous. Si, par l'intermédiaire du sentiment, vous pouvez 'devenir un' avec ce qu'ils sont, ne serait-ce que pour un court instant, alors ils ne peuvent plus vous être étrangers. Cette perception sans laquelle l'amour ne peut être qu'une façade entraîne une acceptation métaphysique profonde des situations et des gens. Il est possible que vous travailliez dans des directions différentes et avec des objectifs contradictoires. Les sentiments vous conduiront cependant à ressentir que cette personne et vous ne font qu'un. Vous faites ce que vous avez à faire, même si cela ne sert pas les intérêts de cette personne; cependant, vous participez au plan cosmique, dans la mesure où votre action est fondée sur la reconnaissance de la nature essentielle de cette personne et non pas sur sa négation.

Au fur et à mesure que vous avancez dans le travail, vous commencez à ressentir un ensemble de sentiments et d'impressions d'une ampleur inattendue parce que vous vous ouvrez à des modalités situées bien au-delà des limites habituelles de l'esprit. Sur le plan du mental/manas et de ses émotions, vous ne pouvez comprendre que ce qui est, dans une certaine mesure, semblable à vos conceptions personnelles. Si quelque chose ou quelqu'un est trop loin de vos idées personnelles, ils devient un mystère complet. L'esprit ne peut même pas réaliser comment il serait possible de se comporter de cette manière. Les sentiments, au contraire, ne sont pas liés par de telles limitations et ouvrent votre univers intérieur à toutes sortes de réalisations nouvelles.

4.5 La portée immense des sentiments

Ce dernier point est important parce qu'il corrige une idée fausse que de nombreuses personnes ont implicitement d'elles-mêmes. Elles ont tendance à penser que d'un côté, il y a des émotions et de l'autre, l'amour inconditionnel et la compassion. Bien entendu, cette idée d'amour inconditionnel est très jolie, mais essayer d'imaginer ce que serait une vie dans laquelle toutes les émotions fortes seraient remplacées par l'amour inconditionnel et rien d'autre. Le tableau serait effroyablement ennuyeux – un paradis insipide dans lequel tout le monde serait enfermé dans les mêmes sentiments.

En réalité c'est exactement le contraire. En développant votre capacité à ressentir, vous devenez capable de vous mettre au diapason de toutes sortes de gens et vous savez, à l'intérieur de vous-même, ce qu'ils ressentent. Alors, la découverte la plus frappante est précisément que chacun semble plus ou moins enfermé dans une certaine catégorie d'émotions qui ne varie guère d'une personne à l'autre. Cela donne l'impression d'une douzaine de notes musicales à peine, répétées interminablement par des millions et des millions de personnes qui sont emprisonnées dans leurs émotions comme dans une cage et sont incapables de s'ouvrir à quoi que ce soit d'autre.

Au contraire, les sentiments apparaissent comme un vaste éventail d'états et d'expériences. En tant que mode de connaissance à travers l'identification, les sentiments vous permettent d'entrer en résonance avec de nombreuses fréquences nouvelles qui dépassent les limitations habituelles de l'esprit. Cela ne s'applique pas seulement au fait de se mettre à l'écoute d'autres personnes, mais également de tout ce qui vous entoure– animaux, plantes et même objets inanimés. Cette capacité à ressentir se traduira par une avalanche de dons, tels que sensibilité et créativité artistique accrue. Plus grande tolérance et compréhension des autres. Paradoxalement, les êtres humains acquièrent beaucoup plus d'originalité quand ils s'ouvrent à la sphère des sentiments parce qu'ils commencent à connaître des modalités d'être plus variées et plus raffinées.

4.6 Les couches de sentiments et l'alchimie du corps astral

Nous avons expliqué comment les émotions appartiennent au mental/manas qui correspond à la couche du corps astral. Envisageons maintenant la couche dans laquelle se situent les sentiments.

Bien qu'ils aient une connexion directe avec le Moi ou Ego, les sentiments appartiennent à une couche différente. Pour nous servir de la comparaison avec une ampoule électrique, la lampe elle-même pourrait correspondre au Moi alors que les sentiments seraient la lumière qui émane de la lampe. Les sentiments appartiennent à la sphère dans laquelle le Moi s'exprime, connaît le monde et lui répond.13

Dans le système de Rudolf Steiner, le Moi-Esprit est ce qui correspond à la couche des sentiments. Malheureusement, en respectant la terminologie théosophique, Steiner utilise parfois le mot manas pour le Moi-Esprit. Cela est trompeur car en sanskrit, manas signifie exactement le contraire – la couche des pensées réactives et des émotions.

En résumé, de même que le corps astral est la couche des émotions et des pensées (pensées réactives), le Moi-Esprit est constitué de sentiments. Ledébut de la réalisation consiste à remplacer le corps astral par cette nouvelle couche qui, à l'heure actuelle n'est guère développée chez la plupart des êtres humains.

Du point de vue de l'alchimie intérieure, cela signifie la construction d'un nouveau véhicule, d'un 'corps astral transformé', siège des sentiments. Le terme 'corps astral transformé' est d'ailleurs quelque peu trompeur car il semble indiquer que la nouvelle couche sera constituée à partir de l'ancien corps astral après une sorte de processus de transformation, ce qui est incorrect. La nouvelle couche est fabriquée à partir de la substance même du Moi (Ego) sécrétée par le Moi, de la même manière qu'une araignée sécrète sa toile, selon une image souvent développée dans la tradition hindoue. Ainsi, plutôt que de parler de 'corps astral transformé' il serait mieux approprié de parler d'un 'corps astral ayant subi une transsubstantiation'.

On peut faire un parallèle avec la quête de l'or des alchimistes. Dans le symbolisme astrologique et alchimique, l'or correspond au Soleil qui n'est rien d'autre que l'Esprit ou le Moi ou l'Ego. En poursuivant la même analogie, le métal de base peut être relié aux passions, aux émotions et aux réactions du corps astral. Transformer le plomb en or correspond à la transformation au moyen de laquelle le corps astral est remplacé par le Moi-Esprit ou 'corps astral ayant subi une transsubstantiation'.

Parce qu'il est constitué de l'or de L'Esprit, le 'corps astral ayant subi une transsubstantiation' (couche des sentiments), reste insensible aux fluctuations émotionnelles et peut garder son intégrité au cours du processus de la mort. Il peut dès lors être qualifié à juste titre de véhicule d'immortalité ou corps d'immortalité. Ceci n'est pas encore l'immortalité physique qui exigerait que nombre d'autres couches soient également transformées. Cependant, le corps astral ayant subi une transsubstantiation est un véhicule à travers lequel la transition de la mort peut être effectuée en pleine conscience et la mémoire et les expériences de cette vie peuvent être conservées et transférées dans la vie suivante sans que se produise la désintégration qui survient habituellement au moment de la mort.

La perspective des techniques de Clairvision est résolument alchimique. Un des objectifs principaux de la méthode IST est de vous aider à discerner les émotions des sentiments, de manière à commencer le travail de transmutation du corps astral en or alchimique, le corps astral ayant subi une transsubstantiation.

Avant de traiter ce problème, et d'aller un pas plus loin dans le mécanisme du mental, il nous faut résumer le thème des émotions et des sentiments sous forme d'un tableau.

 

Émotions Sentiments
 colère, jalousie, amour passionné   pur amour, compassion, âme chaleureuse, enthousiasme, sentiments esthétiques
 entraînent une réaction  sont inconditionnelles
 peuvent rapidement se transformer en leur contraire  sont stables
 sont déclenchées par un samskara  sont indépendantes des samskaras
 génèrent d'autres samskaras  ne créent pas d'autres samskaras
 sont basées sur l'avidité  sont basées sur le laisser faire
 éclipsent le Moi supérieur et renforcent les liens avec le corps astral  résonnent avec le Moi supérieur et renforcent les liens avec lui
 favorisent et sont favorisées par le manque de sensibilité  améliorent et sont améliorées par la sensibilité
 écentrent, ont une direction centrifuge (loin du moi)  recentrent, ont une direction centripète (vers le Moi)
 vous coupent de votre environnement  établissent une unité avec l'objet
 provoquent une perception déformée de la réalité due aux interférences avec les samskaras  objectivité redécouverte dans la spiritualité la plus profonde
 vous font vivre dans 'votre' monde  vous permettent de vivre dans 'le' monde

 

La table ci-après résume les parallèles avec d'autres systèmes de pensée

 

ÉmotionsSentiments
 Langage Clairvision  corps astral, stade personnel  corps astral transformé, stade transpersonnel
 Sanskrit  mano–maya–kośa, enveloppe faite de manas  vijñā;na–maya–kośa, enveloppe faite de buddhi
 Grec   dianoia, l'esprit discursif  nous, équivalent grec de buddhi
 Latin scolastique  ratio  intellectus
 Kabbale  nefesh et ruah  neshamah
 Rudolph Steiner  corps astral  Moi-Esprit

 


CHAPITRE 5

SAMSKARAS ET MÉDITATION

5.1 L'armée des singes

Il était une fois, aux Indes, un homme qui se mit à chercher son Moi avec un grand enthousiasme; il prit la décision de trouver un maître et d'atteindre la réalisation. Il se renseigna auprès de tous les gourous du pays jusqu'à ce qu'on lui dise que l'un d'entre eux avait la réputation d'être le plus sage et le plus éclairé de son temps. Il se mit en route illico pour l'ashram du saint homme. Dès son arrivée, le gouru lui posa les questions traditionnelles:

«Qu'est-ce que tu es venu chercher ici?»

L'homme fut très direct. «Guruji, j'ai entendu dire que vous étiez un grand sage. Voulez-vous me donner la réalisation?

Le guru sourit. «Certainement mon fils, je te donnerai la réalisation.»

Le nouveau disciple fut transporté de joie. «C'est merveilleux, Guruji! Merci, merci beaucoup. Et qu'est-ce que je dois faire pour devenir réalisé?

«Va simplement t'asseoir sous cet arbre et médite.»

«Et qu'est-ce que je dois faire pour méditer?»

«Rien du tout, mon fils. Assieds-toi simplement sous l'arbre et ferme les yeux. Mais quoi que tu fasses, ne pense jamais à des singes. C'est tout et tu atteindras la réalisation.

Notre homme était tellement content d'apprendre qu'il allait atteindre la réalisation de façon imminente qu'il oublia sa valise et alla, directement s'asseoir sous l'arbre. Et il commença sa méditation.

Cependant, dix secondes après qu'il se soit assis dans une impeccable position du lotus et qu'il eut fermé les yeux, un premier singe lui apparut dans sa méditation. Il le chassa immédiatement de son esprit, mais dix secondes plus tard, un autre singe fit son apparition et un autre et un autre... À Sa grande confusion, après une demi-heure, notre homme avait vu toutes les sortes de singes que l'Inde pouvait contenir. C'est alors que son esprit commença à lui envoyer, impitoyablement des images de singes d'Afrique. Après une autre heure et quelques milliers de singes de plus, le nouveau disciple décréta que le cas était sans espoir et retourna voir le maître.

«Gurudji, vous allez devoir m'en dire plus au sujet de la nature du mental.»

Après quoi le gouru commença à lui enseigner la science traditionnelle des samskaras.

5.2 Cogito ego non sum, je pense donc je ne suis pas

Rendre son mental complètement silencieux n'est nullement impossible, mais cela requiert un changement pour un état de conscience différent. Aussi longtemps que vous restez dans le domaine du mental/manas, essayer de bloquer le flot des pensées est une entreprise notoirement désespérée. Plus vous essayez de le combattre, plus votre mental se rebelle et plus il envoie de pensées dans votre conscience. Si vous n'avez jamais fait cette expérience par vous-même, essayez de vous asseoir pendant quelques minutes avec la ferme résolution de ne pas penser, comme le disciple débutant de notre histoire. Vous serez vite convaincu du fait qu'essayer de stopper le mental au moyen du mental est une perte de temps pure et simple.

Comme nous l'avons vu précédemment, ces fluctuations mentales constantes sont appelées vṛttis en sanskrit. La racine vṛt signifie tourner, et le suffixe '-ti' est utilisé pour donner un nom à l'action. Par conséquent, vṛtti signifie l'action de tourner, le fait de tourner. Le mot est tout à fait approprié pour désigner chacune de ces petites fluctuations ou vṛttis qui font tourner votre mental dans une direction légèrement différente. Une vṛtti vient, puis une autre et une autre... et si vous n'êtes pas vigilant, quelques minutes plus tard, vous vous trouvez dans un état mental complètement différent.

Aussi longtemps que votre conscience est située dans le mental/manas, la raison pour laquelle il est impossible de stopper les vṛttis est extrêmement simple – le mental/manas est constitué de vṛttis. Cette couche d'émotions et de pensées agit comme un voile masquant le Moi, comme cela est souligné dans les premiers vers du Yoga–Sūtras de Patañjali: «Faites tomber le voile des vṛttis et immédiatement, votre vraie nature sera révélée.» Aussi longtemps que le mental/manas continue sa danse sans fin, vous restez asservis par les vṛttis. Cela signifie que votre conscience a été infestée par les vrttis depuis tellement longtemps que vous ne pouvez même pas imaginer que vous pouvez exister sans eux. Vous en venez à croire que penser signifie être, alors que c'est au contraire quand vous êtes dans le mental/manas que vous êtes déconnecté du Moi.

Un homme qui a été considéré comme l'un des pères de la pensée rationnelle, René Descartes qui vécut au dix-septième siècle, a marqué des générations entières de philosophes avec l'affirmation cogito ergo sum, «Je pense donc je suis.»

Trois siècles et demi plus tard, il est grand temps de nous donner un nouveau départ au moyen de l'affirmation inverse, cogito ergo non sum, «Je pense, donc je ne suis pas.» Désolé Monsieur Descartes, mais c'est précisément quand nous arrêtons de penser que nous commençons à être. S'il y a une couche dont on peut dire qu'elle est , c'est bien celle du Moi. Tant que nous sommes englués dans les fluctuations mentales du mental/manas, nous sommes déconnectés du Moi.

Une fois de plus, cela ne signifie pas que le but du travail est d'éliminer toute forme de pensée, mais plutôt de remplacer les pensées mécaniques et incessantes de l'esprit qui se contente de réagir, par les pensées lumineuses du corps astral ayant subi la transsubstantiation. Ces deux formes de pensées sont si radicalement différentes que c'est presque une tromperie que d'utiliser le même mot pour les deux. C'est comme le mot 'émotion' qu'il est abusif d'employer indifféremment pour désigner l'amour du chat et celui du Christ. Une des caractéristiques du corps astral ayant subi la transsubstantiation c'est qu'il peut être mis en veilleuse à volonté. Contrairement au mode de pensée du mental/manas, il n'intervient pas de façon mécanique ou involontaire, c'est au contraire un acte de volonté absolument conscient.

5.3 Neutraliser les principaux samskaras pour pacifier le mental

Les vṛttis sont d'un intérêt majeur pour notre étude du mécanisme du mental en relation avec les régressions, car elles sont un indicateur direct de la présence et du dynamisme des samskaras. Nous avons décrit le mental/manas comme étant fait de réactions: de pensées réactionnelles et d'émotions réactionnelles. Le mental/manas est plein de vagues de réactions et les vṛttis sont ces vagues. Tout comme dans l'océan où il y a de grandes vagues et aussi des petits clapotis, il y a dans le mental/manas des réactions majeures provoquées par les gros samskaras et des clapotis sans fins provoqués par les myriades de micro-samskaras.

Il est capital de réaliser que le corps astral est composé de samskaras. Sa nature profonde estde se saisir et de réagir et sa substance ressemble à une mer de samskaras, certains petits, d'autres liés plus particulièrement aux émotions, d'autres plus aux pensées. Bien que le corps astral manque d'unité et consiste en un tas de pièces dissemblables et mal assorties, tous ses composants sont étroitement reliés entre eux. Par exemple supposons que vous êtes très affecté par une forte émotion à la suite d'une querelle avec quelqu'un de votre famille. Si, juste après cet événement, vous vous asseyez et essayez de méditer, votre mental sera bien plus agité que de coutume par toutes sortes de pensées. La plupart de ces pensées n'auront aucun rapport avec la situation présente. Ce seront des vṛttis normales, mais plus rapides et plus intenses que de coutume.

Qu'arrive-t-il? L'émotion excite toute la couche du mental réactif, provoquant une activité accrue des vṛttis. La mer est agitée dans ses profondeurs, donc toute sa surface est couverte de vagues. Une autre explication est qu'une charge émotionnelle intense a été déclenchée et que cela nourrit les autres samskaras. C'est comme si la tension avait été augmentée dans le mental réactif, fournissant ainsi un voltage et une intensité supérieurs à tous les autres samskaras. Le résultat est une activité accrue de vṛttis de différentes espèces.

Cette observation est d'une grande portée; elle fournit un indice permettant d'atteindre le silence mental pendant la méditation. Il est évident que nous voulons être débarrassés des vṛttis de manière à découvrir le Moi qui est caché derrière. Nous avons trouvé la source de nos perpétuelles pensées; ce sont les innombrables micro-samskaras dont la substance intime du mental est composée. Mais si nous devions éradiquer un à un chacun de ces micro-samskaras avant de pouvoir atteindre la paix mentale, la tâche serait sans fin car il est impossible de vider l'océan avec une petite cuillère. La situation est pourtant complètement différente, Ce n'est pas le nombre infini des micro-samskaras qui rend l'esprit incontrôlable, mais le fait qu'ils sont nourris par des charges émotionnelles en nombre réduit, mais très importantes.

Si vous ne pouvez pas pacifier votre mental, ce n'est pas tant parce qu'il est composé de micro-samskaras. À eux-seuls, ils ne suffiraient pas à affoler votre mental. Ils pourraient certainement créer des vagues dans votre conscience, mais vous pourriez les contempler tranquillement et les laisser disparaître, sans perdre pour autant le fil de votre conscience. Si vous ne trouvez pas la paix mentale, c'est parce que quelques tempêtes se développent en permanence dans votre mental, à cause d'un nombre limité de samskaras monstres. Vous ne les voyez pas, vous n'avez pas conscience de leur présence parce qu'ils ont été à l'oeuvre dans votre mental de façon presque constante depuis aussi longtemps que vous pouvez vous souvenir. Cependant, c'est leur énergie qui alimente tous les autres micro-samskaras et rend le mental incontrôlable. Plus de quatre-vingt dix-neuf pour cent de votre énergie mentale est accaparée par moins de un pour cent de vos samskaras et de l'énergie pernicieuse qu'ils déploient.

Ceci suggère que ce n'est pas nécessairement en méditant à longueur de journée que vous atteindrez un état de méditation convenable, au delà du mental/manas – mais au contraire en concentrant votre attention sur ce un pour cent de samskaras et en les neutralisant. Si vous avez médité pendant plusieurs années sans résultat décisif, vous devriez réfléchir sur ce phénomène. Il pourrait bien vous éviter vingt ans de méditation n'aboutissant à rien du tout.

5.4 Dans quelle mesure la méditation peut-elle neutraliser les samskaras?

La question qui suit logiquement est: n'est-il pas suffisant de méditer pour neutraliser les samskaras, gros ou petits? C'est une question clé car elle vous permet de comprendre le rôle majeur joué par les régressions dans votre évolution spirituelle.

En théorie, la réponse est oui, un système de méditation digne de ce nom est supposé vous permettre de purifier la totalité de votre mental. Certains signes montrent qu'un certain soulagement apparaît, par exemple quand vous avez un tic ou lorsque certaines émotions ou activités mentales se produisent pendant la méditation, cela peut signifier que vous vous débarrassez de quelques samskaras. Il ne faut pas, bien entendu, se montrer trop optimiste sur ce dernier point. Il n'est malheureusement pas suffisant d'avoir l'esprit bouillonnant de pensées pour se débarrasser des samskaras à coup sûr. Cependant, d'une manière générale, et même sans tics ou activité mentale particulière, le but général de la méditation est de se libérer des tensions, des désirs et des samskaras. Chaque fois que vous vous asseyez pour méditer, quelques samskaras sont libérés et neutralisés.

En pratique cependant, pour certaines raisons, la situation est loin d'être aussi simple. En premier lieu, vous ne méditez habituellement qu'une ou deux fois par jour. Même si vous méditez pendant deux heures une ou deux fois par jour ce qui est déjà très respectable, il est très facile à votre mental de vous cacher les principaux samskaras pendant la période de méditation et de les laisser libres pendant le reste de la journée. Ceci est un discret avertissement à tous ceux qui croient qu'il suffit de méditer deux fois par jour pour qu'il s'ensuive automatiquement une grandiose transformation spirituelle et ceci sans s'efforcer de garder une conscience éveillée le reste du temps. Le mental/manas est incroyablement astucieux et si vous lui offrez la moindre occasion de vous jouer un tour, vous pouvez être certain qu'il ne la manquera pas. Rien n'est plus facile pour lui que de conclure avec vous un arrangement du type: «Je vais te garantir une merveilleuse méditation dans la paix deux fois par jour et tu me laisseras faire tout ce que je veux le reste du temps.» Vous ne pouvez trouver de meilleure base que celle-ci pour expliquer qu'une pratique spirituelle puisse se prolonger pendant plus de vingt ans sans produire de résultat significatif. Il peut se produire des améliorations dans le fonctionnement de votre mémoire, la qualité de votre sommeil ou votre pression sanguine – mais des résultats analogues peuvent être obtenus grâce à quelques postures de Hatha-yoga et un peu de relaxation. Les grandes évolutions spirituelles n'arrivent jamais, simplement parce que les grands samskaras ne sont nullement pas touchés par cette méthode.

La situation peut changer dramatiquement si, en plus de votre méditation quotidienne, vous vous appliquez à observer les réactions de votre mental du matin au soir. Il devient alors beaucoup plus difficile à votre mental de vous manipuler avec des samskaras sans que vous vous rendiez compte de ce qui se passe.

Même si vous pouviez rester conscients en permanence ou si vous pouviez méditer nuit et jour, le fait est que les samskaras majeurs excellent à se mettre à l'abri et à se protéger eux-mêmes. Si une expérience vous a suffisamment traumatisé pour laisser une empreinte importante sous forme de samskara, votre mental utilisera toutes les astuces possibles pour enterrer cette cicatrice et la rendre inaccessible à votre conscience. La nature du mental/manas est telle qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour éviter d'avoir à faire face à ses propres contradictions. Pour arriver à ses fins, il utilise une panoplie complète de mécanismes de protection. Le paradoxe réside dans le fait que les mécanismes de protection eux-mêmes finissent par être bien plus douloureux et par consommer plus d'énergie qu'il n'en faudrait pour trouver la source du problème, et le résoudre au niveau de la conscience du Moi. Ainsi, chaque fois que vous êtes sur le point de voir le samskara, le mental distrait votre conscience. Si aucune mesure énergique n'est prise, la situation peut perdurer ainsi pendant des années et des années de méditation. Vous parvenez certes à éliminer quelques samskaras au cours de vos méditations, mais ils n'ont qu'une importance mineure. Les samskaras majeurs restent invisibles.

Fondamentalement, les techniques de méditation ont pour objectif de développer la conscience du Moi et, dans certains cas de construire des corps subtils. Cependant, elles ne sont pas conçues de façon spécifique pour vous mettre en contact avec les samskaras. Pour illustrer cet aspect, J'utiliserai l'exemple d'un bateau et de la force qui est nécessaire pour le faire avancer. Vous pouvez passer plusieurs heures chaque jour à ramer; si le bateau est à l'ancre, vingt ans plus tard, vous serez toujours à la même place. La méditation est un processus qui, normalement, vous fait vous mouvoir vers la lumière, mais sans se préoccuper particulièrement des liens qui vous retiennent. L'exemple du bateau montre que la solution n'est pas seulement de ramer, mais aussi de lever l'ancre.

Bien entendu, vous pouvez imaginer une autre solution. Vous pouvez tirer sur le bateau avec une force telle que la chaîne de l'ancre va casser. Cela signifierait augmenter la puissance de votre méditation à un degré tel que les samskaras majeurs ne puissent résister et explosent dans votre conscience. Le problème est que pour atteindre une telle intensité de méditation, il vous aura fallu, en premier lieu, vous débarrasser de vos principaux samskaras car ce sont eux les principaux facteurs de limitation. C'est à l'évidence un cercle vicieux.

Même si vous deveniez un ascète à plein temps et ne faisiez rien d'autre que de méditer du matin au soir pendant des mois –ce qui vous permettrait peut-être d'atteindre l'intensité requise – il y aurait quand même quelque chose de fondamentalement erroné dans la méthode consistant à épuiser votre énergie en essayant de tirer le bateau pendant qu'il est à l'ancre. Pourquoi ne pas d'abord lever l'ancre et aller ensuite là où vous voulez? Aussitôt qu'une poignée de samskaras chargés d'émotions auront été neutralisés, votre mental deviendra soudain incomparablement plus calme, permettant un niveau de méditation bien supérieur.

Un autre point qui doit être clairement compris c'est que l'influence des samskaras est devenue bien plus forte qu'elle ne l'était il y a quelques générations. Pour reprendre notre exemple, ce n'est pas seulement une chaîne, mais des douzaines si ce ne sont pas des centaines de chaînes qui nous relient à l'ancre qui nous tient près du rivage et ces liens sont devenus encore plus solides. En particulier, les techniques de méditation importées par la plupart des maîtres orientaux ont été conçues pour des disciples dont les émotions n'étaient certainement pas aussi âpres et violentes que les nôtres ne le sont aujourd'hui en occident. Il y a quelques siècles, aux Indes, un ascète pouvait probablement s'engager dans une pratique spirituelle sans avoir à se préoccuper de savoir si ses blocages émotionnels allaient influer sur l'intensité de ses méditations. Cependant, les temps ont changé. Le niveau général de névrose a augmenté dans des proportions catastrophiques. Il est donc devenu irréaliste de nier l'importance de la dimension psychologique dans une évolution spirituelle. Il est impensable d'arriver à la réalisation sans travailler de façon systématique à l'éradication des réactions émotionnelles néfastes.

Je ne suis nullement en train de suggérer que les régressions doivent remplacer la méditation. Je suis persuadé au contraire qu'en combinant les deux, il serait possible d'épargner beaucoup de temps et d'efforts dans une évolution spirituelle. La condition présente du corps astral est telle qu'en ne se préoccupant pas spécifiquement des samskaras, on se place soi-même dans la position de ramer sur le bateau sans prendre la précaution de lever l'ancre au préalable.

5.5 La manifestation des samskaras dans la méditation

Il y a de nombreuses manières pour les samskaras de se manifester pendant que vous méditez, puisque toutes les réactions du mental/manas proviennent en fait des samskaras. Laissez-moi attirer votre attention sur deux mécanismes particuliers.

Un des moyens de manifestation des samskaras pendant la méditation est la douleur survenant dans différentes parties du corps. Si vous avez médité vous-même pendant de longues périodes, par exemple cinq heures ou plus par jour pendant au moins une semaine, vous aurez noté que de nombreuses douleurs surviennent, parfois dans les parties les plus incroyables du corps. Des endroits de votre corps dans lesquelles vous n'avez jamais rien ressenti deviennent soudain terriblement douloureux.

Ces douleurs ressenties au cours de la méditation présentent des caractères inhabituels. Tout d'abord, elles n'apparaissent que lors de la méditation et généralement cessent aussitôt que vous sortez de l'état de méditation. Elles sont en second lieu le plus souvent totalement illogiques. Vous pouvez par exemple ressentir soudain une douleur dans votre épaule gauche alors que vous vous trouvez dans une position qui n'a aucun effet sur cette partie de votre corps. Troisièmement, ces douleurs sont extrêmement têtues. Lorsque vous suivez un stage de méditation prolongé, vous pouvez ressentir les mêmes douleurs, au même endroit, jour après jour, et ce à chaque fois que vous méditez, sans aucun soulagement. Enfin, la principale caractéristique de ces douleurs, c'est qu'elles croissent avec l'énergie de votre méditation. Plus profonde est celle-ci, plus vous vous connectez avec l'énergie, plus ces douleurs vous font souffrir. Aussitôt que cesse votre méditation, la douleur disparaît.

Ces douleurs en cours de méditation viennent tout droit des samskaras. Elles sont le signe que votre méditation a été suffisamment profonde pour entrer en contact avec un de vos samskaras majeurs et qu'un combat intervient entre le samskara et la lumière. Pour reprendre notre exemple, vous êtes le bateau, la lumière de la conscience supérieure est en train de vous haler, mais le samskara résiste avec obstination, comme l'ancre qui vous retient au port. Dans de nombreux cas, cela peut durer pendant des années. Chaque fois que vous développez l'énergie de la méditation, la douleur réapparaît. Chaque fois que vous relâchez l'énergie – par exemple si vous arrêtez de méditer ou si vous vous mettez à gigoter au lieu de rester concentré – la douleur diminue ou même stoppe complètement. Ce schéma devient particulièrement catastrophique quand vous entreprenez de méditer du matin au soir pendant quelques semaines ou quelques mois; l'intensité de la douleur peut prendre des proportions tout simplement insupportables. À moins d'être passé vous-mêmes par une telle expérience, vous ne pouvez imaginer l'intensité de la douleur qu'il vous est possible de ressentir. À ce stade, vous pouvez généralement réaliser que la douleur n'est pas seulement physique, mais qu'elle s'accompagne également d'une pression émotionnelle très forte. Dans la plupart des cas, vous ne disposez pas de l'énergie suffisante pour vous en débarrasser, simplement parce que votre méditation a été conçue pour vous propulser vers la lumière et non pas pour vous occuper des samskaras.

Au début d'une session IST, avant d'entrer dans l'état de régression, il est tout à fait courant que les clients ressentent des douleurs de cette nature dans différentes parties de leur corps. Le terme technique utilisé pour désigner ces zones douloureuses est ' point' (spot.) Les points sont des manifestations directes des samskaras. Les mécanismes qui les provoquent sont identiques à ceux qui sont la cause des douleurs ressenties au cours de la méditation profonde.

L'énergie d'IST opère cependant de façon différente de celle de la méditation. Elle n'agit pas comme un soutien général, mais est douée d'un dynamisme spécial conçu pour révéler les samskaras et neutraliser leur pouvoir. En d'autres termes, c'est une énergie qui n'est pas employée à faire avancer le bateau, mais qui se préoccupe de l'ancre. L'expérience sera donc complètement différente, au lieu de ressentir la douleur et rien d'autre, la douleur va rapidement se transformer en une émotion. Par exemple, vous allez ressentir un chagrin intense ou de la colère. Vous allez vous reconnecter aux émotions attachées au samskara.

À ce stade, il arrive communément que la douleur disparaisse complètement ce qui peut se révéler déconcertant pour les débutants. Comment pouvaient-il éprouver une telle douleur quelques seconde auparavant et la voir disparaître, comme par enchantement aussitôt qu'ils deviennent conscients de l'émotion? La disparition de la douleur indique que la couche protectrice enveloppant le samskara a été enlevée. Vous avez repris contact avec les émotions et toutes les circonstances de l'épisode qui a déclenché le traumatisme commencent à refaire surface dans votre conscience. Par voie de conséquence, les mécanismes de protection deviennent inutiles. Les conditions sont remplies pour une délivrance de la charge émotionnelle associée au samskara.

De cette manière, méditation et régression peuvent travailler de concert. Au moyen de la méditation, les points (les samskaras potentiels) sont mis au jour et grâce à la régression ils sont libérés. Cette libération permet une meilleure qualité de la méditation, grâce à laquelle des samskaras plus profonds peuvent être découverts et ainsi de suite.

Bien entendu, vous n'avez pas besoin de méditer pour entrer en contact avec les samskaras. Vivez votre vie ordinaire, observez vos réactions et les circonstances de la vie vous apporteront de nombreuses émotions qui sont en relation avec vos samskaras. Cependant, il est hors de doute qu'une pratique régulière de la méditation doit vous permettre des résultats beaucoup plus concluants. C'est pourquoi les personnes qui ont beaucoup pratiqué la méditation peuvent obtenir des résultats spectaculaires et rapides quand ils entreprennent de suivre une session de régression. Leurs méditations leur permettent non seulement de régler toute une série de problèmes mineurs, mais aussi d'approcher de véritables monstres des profondeurs, les 'samskaras essentiels'. Il leur manque l'énergie nécessaire pour leur régler leur compte, mais ils ont pris contact avec eux et c'est une étape cruciale sur la voie du succès.

Inversement, ceux qui ont pratiqué de nombreuses séances de régression seront surpris de découvrir des samskaras complètement nouveaux et des problèmes insoupçonnés après avoir réalisé une méditation en profondeur. Tout comme les régressions sont une aide puissante à la méditation, la méditation améliorera considérablement la profondeur des régressions.

5.6 Vagues

Examinons maintenant un autre mécanisme à travers lequel les samskaras se manifestent au cours de la méditation. L'expérience que nous allons décrire est d'une importance capitale. Selon la manière dont vous en tirerez parti, elle peut vous conduire à de grands progrès, ou au contraire à de nouvelles erreurs. Ce mécanisme concerne des vagues émotionnelles qui submergent soudain votre conscience quand vous atteignez un certain niveau de méditation.

Cet état de méditation dont nous parlons maintenant ne peut être atteint si vous ne méditez simplement que quelques heures chaque jour, quelle que soit votre technique. Pour que ces vagues se manifestent, un retrait total de toute activité, à l'exclusion de la méditation est indispensable pendant au moins quelques semaines. Cette expérience nécessite un isolement total ou au moins un silence total pendant cette période. Rien ne doit pouvoir distraire votre esprit, il ne doit y avoir aucune activité autour de vous, pas de téléphone, pas de courrier – simplement méditer, manger et dormir. Dans certaines pratiques d'initiation, ceci est pratiqué dans une crypte souterraine, dans l'obscurité totale; l'environnement rocheux fournit une isolation contre toutes les vibrations du monde extérieur.

Les principes qui guident cette pratique sont clairs, dans une large mesure, vous êtes le produit de votre environnement. Une grande partie de vos modes de pensée et de vos émotions viennent de ce que vos parents, vos amis, et vos partenaires ont imprimé en vous, ainsi d'ailleurs que de toutes les impressions sensorielles recueillies depuis que vous êtes né. On se demande cependant ce qui peut bien exister au-delà de cette accumulation d'entrées, d'empreintes. Que resterait-il exactement de vous si tout ceci vous était enlevé? Qu'est-ce qui, au-dedans de vous, est réellement éternel et non pas le simple produit de votre environnement?

Bien entendu, il n'est pas question d'entreprendre une pareille période de méditation sans une préparation suffisante. Ce n'est que lorsque vous êtes passé par un travail soutenu sur vous-même et que vous êtes parvenu à un degré convenable de stabilité émotionnelle qu'il est possible d'entreprendre des périodes aussi longues de méditation. En outre, même si nous entrons dans un âge de self-initiation, il me semble indispensable d'avoir recours aux conseils et à la protection d'un guide compétent avant de vous livrer à une pratique aussi explosive.

Q'arrive-t-il après quelques semaines de méditation à plein temps? Vous découvrez certaines caractéristiques complètement nouvelles de votre personnalité. De temps à autre une ouverture de la conscience se produit et vous réalisez que jusqu'à ce jour vous avez toujours vécu dans un certain cadre sans jamais en franchir les limites. L'atmosphère, les parfums et les routines stéréotypées dans votre tête ont toujours été les mêmes, mais vous ne les aviez jamais remarquées, simplement parce que vous manquiez de repères. N'ayant jamais connu rien d'autre, vous pensiez que c'était la seule chose existante. Alors, vous réalisez soudain que l'on peut être complètement différent. Pour prendre une analogie chère aux maîtres Hindous, jusqu'à ce jour, vous avez vu le monde à travers des lunettes faisant tout apparaître sous la seule couleur verte. Maintenant, vous découvrez que vous pouvez également le regarder à travers de verres de couleur jaune, bleue ou même sans lunettes du tout!

Avec ces ouvertures, une autre expérience a toutes les chances de se produire – vous éprouvez des vagues violentes et soudaines d'émotions ou de désirs. Par exemple, vous êtes soudain pris d'un irrépressible désir de retourner dans le monde et de vous mettre à étudier le Taoïsme. Dans la minute, cela devient la chose la plus importante dans votre vie – la seule chose que vous vouliez vraiment et qui vous paraît contenir la clé d'une réalisation parfaite. C'est comme si vous étiez parvenu à une certitude intérieure absolue quant à la direction à suivre. Pendant que vous êtes soi-disant en train de méditer, votre esprit se met à régler tous les détails avec frénésie: quels livres lire en premier, comment vous inscrire au cours de chinois à l'université, où acheter des vêtements à l'allure chinoise et comment trouver un maître taoïste.

Et puis, quelques heures plus tard, une chose très surprenante se produit, une autre vague émerge, complètement différente de la première. Vous ressentez soudain le besoin irrésistible de prendre le premier avion en partance pour New York pour retrouver une amie que vous n'avez pas vue depuis quinze ans et de vous marier. Le Taoïsme a complètement disparu de votre esprit et la certitude précédente a été remplacée, par une nouvelle; la seule chose qui va vous permettre de réaliser pleinement votre vie est de retrouver cette personne et de vous marier avec elle – bien que vous n'ayez jamais été très proches par le passé et bien que vous ne l'ayez plus revue depuis quinze ans. Votre méditation change, votre esprit devient hyper actif, arrangeant tous les détails du voyage: l'agence de voyage qui vous procurera le billet d'avion, ce que vous porterez pour le mariage, comment vous appellerez vos enfants et ainsi de suite.

Si vous pouvez résister à ces attaques, et rester à méditer dans votre retraite, au lieu de prendre le premier avion pour New York, que va-t-il arriver? Quelques heures ou peut-être quelques jours plus tard, un autre raz de marée va balayer votre conscience et vous allez vouloir démarrer une société d'édition ou prendre des cours d'art dramatique ou devenir un ministre méthodiste ou entreprendre une carrière politique.

Ce qu'il y a de plus frappant dans ces vagues, c'est leur intensité. Elles semblent arriver de nulle part et quand vous les attendez le moins. Leur violence vous pousse à la limite de ce que vous pouvez supporter. Il vous faut réellement puiser dans vos ultimes ressources pour rester là à méditer au lieu de vous laisser emporter par elles. Lorsqu'ils sont frappés par une telle vague, la plupart des gens estiment qu'ils viennent de recevoir un signe du destin qu'il ne faut laisser passer sous aucun prétexte. Ils pensent qu'ils ont enfin découvert le vrai sens de leur existence.

Satisfaire chacun de ces désirs peut occuper une vie entière. C'est une des raisons pour lesquelles vous devez être préparé soigneusement avant d'entreprendre ce type de méditation long et intensif. Si cous cédez à la première vague, et vous retrouvez à Shanghai, ce qui risque de vous arriver très vite dans ce genre de circonstances, il ne peut en résulter rien de bon pour vous. La décision de vous envoler pour la Chine n'est pas prise de votre plein gré, mais elle a été dictée par la pression d'un samskara. Tôt ou tard, un autre samskara vous entraînera dans une autre direction. Si vous laissez le kaléidoscope du mental/manas réglementer votre existence, le résultat final ne peut être que le chaos. Même si vous réussissiez en Chine, cela ne pourrait être qu'un succès-samskara. Le fil de votre vie spirituelle serait rompu et il pourrait vous falloir au moins vingt ans avant que vous puissiez le renouer.

Si, au lieu de cela, vous pouvez résister aux premières vagues et rester ferme dans votre méditation, les suivantes auront moins de puissance sur vous. Vous serez capable de les comparer aux premières et de vous convaincre vous-même qu'il se passe quelque chose d'anormal. Cependant, quel que soit votre niveau de préparation, vous serez sans doute pris au dépourvu par l'intensité cataclysmique de vos désirs. Ce sont des désirs d'une intensité telle que les gens, en général, n'en éprouvent de tels qu'une fois tous les vingt ans et qui peuvent les conduire à tout bouleverser dans leur vie. Pourtant, au cours de la méditation profonde, une vague nouvelle peut vous frapper chaque jour ou même plusieurs fois par jour. Ayant eu à en supporter une douzaine au cours d'une seule semaine, vous savez pertinemment qu'elles sont le produit des samskaras, qu'elles ne sont donc que des impostures. Pourtant vous avez besoin de toute votre détermination et de l'aide de Dieu pour ne pas céder à la treizième. Finalement, après un délai qui varie grandement d'un individu à l'autre, les vagues cessent et vous réalisez que vous êtes devenu une personne complètement différente.

La manière dont ces vagues vous saistsent et vous rendent comme fous, pour un court instant avant de disparaître en vous infligeant une douche froide et de laisser la place à une autre, laisse peu de place au doute quant à leur nature réelle et à leur origine – ces vagues proviennent de vos samskaras les plus profonds et les plus intenses. La plupart des gens n'entrent jamais en contact avec ces principaux samskaras pendant tout le cours de leur existence. La puissance de votre méditation fait exploser ces samskaras dans votre conscience, les uns après les autres. Dans les termes de notre exemple, la force qui tire le bateau est devenue tellement intense que la chaîne ne peut y résister. Ce que la plupart des êtres humains ne peuvent réussir au cours de plusieurs vies est accompli en quelques semaines.

Une fois que les raz de marée sont passés, ce qui s'en suit est l'expérience d'une 'renaissance'. Tant de charges émotionnelles ont été libérées que votre esprit est devenu complètement différent, comme si des tonnes et des tonnes avaient été enlevées de dessus votre tête. C'est à peine si vous vous reconnaissez vous-même. Votre vie est devenue incroyablement simple.

5.7 Ne prendre aucune décision pendant une méditation intensive

Pour être ainsi capable de supporter de telles vagues sans être balayé par elles, il est indispensable que vous ayez déjà effectué un travail important sur vos samskaras. Plus vous avez observé vos samskaras, étudié vos propres réactions dans les situations quotidiennes et étudié les origines du conditionnement de votre comportement, moins vous avez de chance d'être distrait par les Sirènes 14 quand vient l''heure de Dieu'. À cet égard, le travail de régression est une des meilleures préparations possibles pour résister à l'intensité spirituelle des moments de grand éveil et pour éviter les chausse-trapes des samskaras. Étant donné la nature de ces vagues de samskaras, il est sage de ne prendre aucune décision d'importance vitale au cours d'une retraite de méditation ou d'une intense séance de régression. Même si sur une bien plus petite échelle des vagues de désir similaires peuvent être déclenchées. Si vous deviez céder à une telle vague et prendre des décisions capitales à ce moment précis, vous pourriez bien le regretter amèrement par la suite. Une fois encore, de telles décisions ne viendraient pas de votre libre arbitre ni d'une réelle aspiration de votre Moi, mais de la tyrannie des samskaras. La sagesse commande de terminer d'abord la retraite de méditation ou de régression intensive puis d'attendre quelques semaines avant de prendre une décision majeure.

5.8 Une note au sujet des genoux

Les genoux sont une exception aux types de douleurs extrêmes qui surviennent pendant la méditation à cause de la résurgence des samskaras.

Si un point à l'épaule, dans le dos ou dans n'importe quelle partie du corps à l'exception des genoux, devient douloureux sous la pression d'une méditation profonde, la meilleure chose à faire est de rester immobile et d'observer ce point. Restez simplement conscient de sa présence; en bougeant, vous ne feriez que diminuer la pression de l'énergie et le samskara vous échapperait. Simplement, observez le point et laissez-le mûrir grâce à votre immobilité et à votre conscience de sa présence. S'il ne disparaît pas, revenez en arrière. En aucun cas, vous ne ferez de mal à votre corps en restant immobile et en supportant l'intensité de la douleur créée par le samskara.

Par contre, si vous êtes assis en lotus, demi-lotus ou toute autre position jambes croisées, la situation est tout autre dans la mesure où vos genoux sont concernés. Regardez bien quelqu'un prenant la position du lotus. Que se passe-t-il quand il place son talon près de l'aine? Ce n'est pas l'articulation du genou qui bouge, c'est la hanche. Contrairement à ce qu l'on peut penser, c'est grâce à la flexibilité de la hanche et non pas à celle des genoux que la position du lotus est obtenue. L'articulation du genou est faite de ligaments fragiles qui ne peuvent pas être étirés sans dommage.

Si après un certain temps de méditation, vous commencez à ressentir une douleur dans les genoux, c'est parce que la hanche s'est contractée. La hanche a tourné vers l'intérieur avec pour résultat, une tension plus grande des ligaments du genou. Ces petits ligaments sont fragiles et il n'est pas sage d'essayer de les étirer au-delà de leurs limites. Si vous en endommagez un, il peut s'écouler des mois avant que vous ne soyez de nouveau capable de vous asseoir les jambes croisées.

La conclusion est qu'il faut toujours tenir compte d'une douleur dans les genoux. S'ils commencent à vous faire souffrir au cours d'une méditation jambes croisées, changez de position. Asseyez-vous sur une chaise si nécessaire. Résister stoïquement à la douleur en restant immobile peut en fait, dans ce cas, vous causer plus de mal que de bien.


CHAPITRE 6

SAMSKARAS ET DÉSORDRES PHYSIQUES

6.1 Un exemple de douleur physique créée par les samskaras

Étude de cas – Lenka était une femme d'affaires de quarante-six ans qui était venue me consulter après des mois de dépression sérieuse. Elle se plaignait notamment de terribles maux de tête que rien ne semblait pouvoir soulager ainsi que de coliques sérieuses. Avant de venir me voir pour essayer les techniques de régression IST, elle avait cherché sans succès l'aide nombreux thérapeutes.

Peu après le début de la première session, un point atrocement douloureux fut localisé dans la partie gauche de sa cage thoracique. Au fur et à mesure que Lenka se connectait plus profondément avec l'énergie, le point généra soudain son mal de tête habituel et sa douleur intestinale avec une extrême violence. Il est important de souligner qu'à aucun moment, au cours de la session, je n'ai touché la tête ou l'abdomen de Lenka et que jamais, avant cette session d'IST, Lenka n'avait expérimenté la moindre douleur dans le côté gauche de sa cage thoracique.

Après un moment de douleurs atroces, en travaillant sur le point, la qualité des vibrations dans la pièce changea soudain et Lenka se mit à revivre un épisode de sa vie avec une très grandeintensité.

Que ressentez-vous? 15 – J'ai froid, j'ai tellement froid. [Lenka est en train de frissonner sous une pile de couvertures] Quelque chose d'énorme est tombé sur moi. Et je suis enterrée. C'est un rocher. Ma tête me fait souffrir. Et il y a le feu. De nombreuses personnes ont été tuées, c'est un affreux carnage. Il y a eu un tremblement de terre et maintenant il y a le feu mais je suis enterrée sous ce rocher, je n'ai pas été brûlée.

Maintenant c'est l'eau qui arrive. L'incendie est terminé. Je ne peux pas bouger, je suis enterrée sous les pierres et l'eau se précipite sur moi. Oh! comme elle est froide [Lenka tremble plus que jamais.] Il fait un froid extraordinaire, je gèle. [Hurlant:] le bébé! Le bébé est en train de mourir! C'est moi qui suis sous le rocher, mais je suis enceinte. Oh! douleur... C'est comme de sentir toutes mes douleurs à l'estomac en même temps.

Vous voulez dire que ce sont les mêmes que vos douleurs intestinales? – les mêmes. Le bébé est en train de mourir! (Déluge de larmes.) Le bébé arrive et personne pour m'aider. Oh! Je voudrais être morte. Et cela me fait mal, cela fait mal pour accoucher du bébé [Sanglotant:] Il est mort. Je sais que le bébé est mort. Oh! j'ai encore ce mal de tête horrible. [Hurlant:] J'ai mal! J'ai mal! Ma tête éclate, elle éclate littéralement. J'ai mal! Ma cervelle est en train de bouillir! C'est là! [Elle montre son front, à l'endroit où elle soufre de fortes migraines.] Mon crâne est grand ouvert, là. C'est le rocher... le rocher s'est enfoncé dans mon crâne. Je voudrais être morte, Je sens que je devrais déjà être morte, mais pour une raison que je ne comprends pas, je ne suis pas morte. Oh! Mon dieu! J'ai tellement mal!

Après la session, Lenka me confia combien elle avait toujours redouté d'avoir un enfant. Cela prenait soudain tout son sens après qu'elle ait revécu son expérience traumatisante. Ella s'était retrouvée enceinte à cinq reprises. Deux de ses grossesses ont été interrompues par des avortements alors que les trois autres se sont soldées par des fausses couches.

Les résultats de cette régression furent spectaculaires. En l'espace des quelques jours les maux de tête et les douleurs intestinales diminuèrent de plus de moitié. Quelques semaines plus tard et après quelques sessions supplémentaires, les maux de tête avaient presque complètement disparu. La dépression nerveuse commença à s'améliorer et Lenka se débarrassa de tous ses analgésiques, tranquillisants et autres pilules pour dormir.

6.2 Les samskaras ne se manifestent pas que dans l'esprit

Dans ce chapitre, nous verrons comment quelques samskaras se manifestent non seulement à travers les émotions et les réactions de l'esprit, mais aussi en créant des désordres corporels.

Dans le chapitre précédent, nous avons pu voir que pendant les méditations profondes, les samskaras génèrent souvent des douleurs physiques dans différentes parties du corps et que, dans la méthode IST, des points douloureux de même nature sont ressentis dans différentes parties du corps. Mais avec IST, la situation est différente. Au lieu de ressentir la douleur sans jamais pouvoir définir ce qu'il y a derrière elle, une énergie dynamique est créée qui révèle le samskara derrière le point douloureux. Dans la plupart des cas la douleur cesse aussitôt que le client fait le rapprochement entre l'émotion et les circonstances correspondant au samskara. Ce rapprochement permet au client de neutraliser le samskara en se libérant de la charge émotionnelle qu'il génère.

Ces expériences présentent un grand intérêt car elles permettent aux clients de réaliser par eux-mêmes jusqu'à quel point le samskara peut 'prendre possession' du corps physique. L'intensité des manifestations physiques, pendant certaines régressions, est telle que les clients ne peuvent plus avoir aucun doute quant aux rapports qui existent entre les samskaras et le corps physique. Dans l'exemple présenté plus haut, Lenka ne pouvait simplement pas croire que juste en dirigeant son énergie sur un point particulier de sa poitrine, je pouvais faire en sorte que ses maux de tête et ses douleurs d'estomac soient fidèlement reproduites. C'était bien la démonstration évidente que des facteurs autres que purement physiques étaient la cause réelle de ses problèmes.

Le concept d'affection psychosomatique, c'est à dire de la possibilité que des complexes mentaux créent des désordres physiques, n'est pas nouveau. L'apport de la technique des régressions à l'exploration psychosomatique est d'offrir un moyen direct de découvrir la source réelle des désordres et cela, bien au-delà des traumatismes de la petite enfance. Par conséquent, elle autorise des guérisons extrêmement spectaculaires. L'essence même de la régression est de remonter à la source. Comme nous le verrons, une guérison ne peut jamais être regardée comme définitive aussi longtemps que la cause réelle du mal n'a pas été traitée, quelle que soit la thérapie mise en oeuvre. Avant de s'attaquer à la difficile question se savoir quelle est la proportion des maladies qui peuvent être provoquées par les samskaras, examinons tout d'abord la nature du mécanisme au moyen duquel un samskara provoque un désordre physique. Si nous considérons les constantes qui se dégagent de la régression de Lenka, nous constatons qu'elle est très similaire à celles ayant révélé les liens entre les émotions et les samskaras que nous avions étudiés précédemment. Les samskaras, de par leur nature, ont tendance à répéter sans cesse le même message. Leur nature s'apparente au conditionnement. Si vous avez été abandonné et si vous avez failli en mourir, le samskara aura tendance à vous mettre dans une situation dans laquelle le même drame du rejet est rejoué encore et encore. Si vous vous êtes senti malheureux au-delà de toute limite dans une vie antérieure parce que vous étiez estropié d'une manière ou d'une autre, vos samskaras vous rendront malheureux ici et maintenant, bien qu'il n'y ait à cela, actuellement, plus aucune raison logique. De nombreux blocages dus aux samskaras agissent comme des rôles préenregistrés. Tant qu'ils ne sont pas éliminés, vous restez prisonnier d'une répétition sans fin de ces rôles.

Si nous analysons l'étude de cas de Lenka, nous pouvons voir qu'elle respecte exactement le même modèle. En pratiquant les régressions, j'ai très souvent observé que la perte d'un enfant, tout spécialement lorsqu'elle survient peu avant la date de l'accouchement, laisse quelques-uns des pires samskaras. C'est un tel samskara qui s'est manifesté dans la vie de Lenka par sa peur panique d'avoir des enfants. Il en a été de même pour la période tragique pendant laquelle elle est restée prise au piège, coincée sous les rochers qui a généré une dépression nerveuse si grave que rien n'a été capable de la soigner jusqu'au moment ou elle a suivi sa session de régression.

Cependant, l'épisode traumatisant d'origine n'était pas constitué simplement par une détresse émotionnelle, il était accompagné de terribles douleurs physiques. Son crâne avait été ouvert par le rocher et elle endurait les douleurs de l'accouchement dans les conditions les plus horribles. Dans sa vie présente, quand les samskaras furent réactivés, la dépression de Lenka commença. Ce ne furent pas les seules douleurs émotionnelles qui furent ramenées à la surface, mais aussi les désordres physiques. Lenka se mit à ressentir de nouveau les blessures de sa tête avec ses migraines et les douleurs de l'accouchement ainsi que des coliques intestinales. Le schéma est le même que celui décrit pour les émotions, mais avec cette fois une dimension physique supplémentaire. Une souffrance subie dans le passé se superpose aux douleurs subies actuellement. Même si Lenka n'était pas en mesure de le réaliser tant qu'elle n'avait pas entrepris une session IST, ses désordres physiques n'étaient rien d'autre que la répétition de circonstances passées.

D'un point de vue médical, il est essentiel de comprendre que l'origine de la maladie de Lenka n'a que bien peu de choses à voir avec ses intestins et que ceux-ci n'y ont sans doute aucune part. Nous serons bien plus près de la vérité si nous appelons les problèmes de Lenka un 'mal au ventre' plutôt qu'un désordre intestinal. Il se trouvait que, dans son cas, lui tordre les boyaux était le moyen le plus direct et le plus efficace pour le samskara de reproduire les douleurs de l'enfantement. Mais le samskara aurait pu aussi bien s'exprimer lui-même en créant la même douleur dans un autre organe, par exemple en créant un désordre quelconque dans les organes génitaux, n'importe quoi allant de tensions prémenstruelles à une endométriose ou même à un cancer.

Nous sommes de façon typique devant une situation où l'attitude rigide d'un médecin traditionnel qui se focaliserait sur un organe donné, que ce soit l'intestin, l'utérus ou n'importe quel autre, lui ferait manquer complètement sa cible. Cette attitude le rendrait totalement incapable d'apporter une quelconque amélioration durable aux troubles de sa patiente.

6.3 Les accidents arrivent-ils vraiment par accident?

Dans le cas que nous venons d'examiner, une cliente ressentait presque exactement les mêmes douleurs que celles éprouvées au cours de l'épisode qui était à l'origine du samskara, mais elles se présentaient dans un organe différent et dans des circonstances différentes. Cependant, dans quelques cas, le parallèle entre les circonstances relatives au samskara et celles des malaises physiques au cours de cette vie est encore plus évident. En particulier, la signification de nombreux accidents est perçue de façon très différente après que l'on ait suivi un processus de régression. Voici un court exemple, un parmi bien d'autres rencontrés dans ma pratique.

Étude de cas – Lucie, âgée de quarante-quatre ans, a souffert d'une douleur dans l'aine droite depuis aussi longtemps que peuvent remonter ses souvenirs. C'était une sensation sourde, à mi-chemin entre une douleur et un élancement. Aucun praticien n'a jamais pu trouver quoi que ce soit de pathologique, même s'il était clair que quelque chose n'était pas normal. La régression relatée ci-après intervint en travaillant sur l'aine gauche.

Comment ressentez-vous votre corps, bien ou mal? – je me sens très bien et très fort. Un homme FORT. Il est complètement enragé. Il est en plein milieu d'une bataille, comme au Moyen Âge. Il y a des gens et des cadavres partout. Il combat avec quelque chose de très lourd, une sorte de masse, peut-être une épée. C'est extrêmement lourd. Il est littéralement furieux, Il rugit et se déplace comme un dément. Il pense que personne ne peut l'arrêter, il va tous les estourbir!

[Ensuite, le client se met soudain à hurler, comme s'il avait très mal] Ah! quelque chose l'a atteint dans l'aine. La douleur est terrible, il tombe sur ses genoux. Je peux le voir gisant sur le dos. Il ne peut pas bouger. Il a quelque chose d'enfoncé dans l'aine, comme un morceau de métal. Cela pourrait être une flèche.

Que se passe-t-il autour de lui? – Cela lui semble très loin. La bataille continue, mais il l'entend comme si elle était dans le lointain. Je suis étendu sur le dos, immobilisé avec cette chose dans l'aine. 16 Maintenant, la bataille est terminée. Je peux voir des cadavres partout. Il fait nuit. Il est bloqué, il ne peut pas repartir. Il est moitié dans son corps et moitié hors de son corps. Comme s'il était cloué à son corps par cette flèche dans l'aine!

Est-ce qu'il reste là pendant longtemps? – Cela lui semble très long. Il sait qu'il est mort et il n'est pas d'accord pour rester là. Son corps commence à pourrir. Mais il ne peut pas bouger pour s'en aller. Son aine le retient en arrière.

Tout à fait par hasard, Lucie avait eu un accident, quand elle avait la trentaine (à peu près quinze ans après qu'elle ait commencé à ressentir cette douleur sourde dans l'aine, si bien qu'il était impossible de tenir cet accident pour responsable des douleurs dans cette partie de son corps.) Elle avait été heurtée par une voiture à la hanche gauche et avait souffert de multiples fractures. Il n'est nullement déraisonnable de vouloir faire un rapprochement entre ce traumatisme et la blessure reçue par le guerrier du Moyen âge. Lucie elle-même a fait le rapprochement aussitôt que la session IST a été terminée. «Sa douleur dans l'aine était exactement comme celle que j'ai ressentie quand j'ai eu mon accident!»

Depuis que j'ai commencé à pratiquer des régressions, j'ai été frappé par le nombre des cas dans lesquels un accident coïncidait avec un traumatisme similaire découvert par le client pendant qu'il revivait un épisode d'une vie antérieure. Sachant qu'il faut des années pour préparer le terrain au développement d'un cancer dans votre corps, il n'est pas difficile de concevoir comment le mental/manas peut jouer son rôle. Pourtant, quand dans un accident de voiture la hanche de quelqu'un est cassée en une fraction de seconde, il n'est pas facile du tout de concevoir que l'esprit puisse être impliqué! Et pourtant, quel que soit le mécanisme de synchronisme qui intervienne, des douzaines d'exemples similaires font plus que suggérer que ce n'est pas par hasard que certaines personnes se cassent le bras gauche plutôt que la jambe droite, ou le nez plutôt que le sacrum. Bien au contraire, de nombreux accidents semblent se produire comme si le traumatisme avait été préenregistré à l'avance et comme si la personne avait inconsciemment, mais avec une précision diabolique, attiré le coup qui les frappait. Dans ces cas, tant que le samskara n'est pas neutralisé, il continue à attirer les problèmes, exactement comme les lampes attirent les papillons de nuit.

6.4 Douleurs différentes, même méridien

Dans cette section nous examinerons la manière dont des désordres physiques différents peuvent apparaître d'une vie à l'autre le long des lignes d'un même méridien d'acupuncture.

Étude de cas – Sophie a quarante et un ans et souffre d'une mauvaise sciatique dans la jambe droite (méridien zu–shao–yang). Les chirurgiens lui ont donné un avertissement sévère – à moins de se faire opérer, elle risquait fort de se retrouver dans un fauteuil roulant. Cependant, elle refusa de subir toute forme d'intervention chirurgicale et décida de se soigner elle-même par d'autres moyens. Voici un passage de la régression clé qui a changé le cours de sa maladie.

Que ressentez-vous maintenant? – J'ai froid, très froid. [Bien que ce soit l'été à Sydney et qu'il fasse très chaud, Sophie tremble de froid et réclame de nouvelles couvertures.] J'étais dans l'eau, mais maintenant je viens d'arriver sur le rivage. Il n'y a personne ici. Je suis toute seule, j'ai peur et j'ai froid. C'est un endroit immense, la plage semble s'étendre à l'infini. Je peux voir le ciel.

Pouvez-vous entendre un bruit quelconque? – oui, les vagues. Je suis assise avec les jambes étendues mais je ne peux pas me lever. Ma jambe droite est complètement engourdie. Je me sens agitée. J'ai cru tout d'abord que c'était de la peur, mais maintenant, c'est plutôt que je suis désespérée. Je ne sais pas quoi faire. Je ne peux pas rester là, cela ne mène nulle part. Mais par ailleurs je ne peux pas bouger non plus à cause de ma jambe. Je voudrais être avec les autres, dans le bateau. Je n'arrive pas à me souvenir exactement de ce qui est arrivé, comment je suis arrivé là. C'est un marin et il est vraiment coincé. Il ne peut pas bouger du tout sa jambe droite.

Est-ce que la sensation dans la jambe ressemble à ce que vous sentez maintenant [dans la vie actuelle, au vingtième siècle, en Australie]? – Oui. L'engourdissement que je ressentais sur la plage était exactement au même endroit que la douleur sciatique que je sens maintenant [ le méridien zu–shao–yang].

Est-ce que c'est identique? – Ce n'est pas la même douleur, mais le sentiment qui émane des deux est exactement le même.

Quand vous ressentez les douleurs sciatiques, éprouvez-vous également les mêmes sentiments que ceux de l'homme sur la plage? – Oui, le désespoir. Parce que ma douleur semble ne jamais vouloir disparaître. Il a l'air désespéré lui aussi parce qu'il n'a aucun moyen de s'échapper de cet endroit. Le sentiment est le même.

Quand vous vous sentez désespéré dans cette vie [présente], est-ce vous ou lui? – Cela ressemble plutôt à ses sentiments. En fait, ce sont complètement les siens.

Cet exemple nous montre que la violente douleur ressentie actuellement par la cliente ne faisait pas partie de l'épisode original. Tout ce que ressentait le marin, était un engourdissement de la jambe. Pourtant, la localisation de la douleur de Sophie est restée la même (la ligne du méridien zu–shao–yang sur le côté extérieur de la cuisse et de la jambe.) Il en est de même de l'émotion qui l'accompagne: le désespoir sans remède.

Même si la cliente ne présente pas les mêmes symptômes que ceux du marin bloqué, elle a le sentiment qu'une même ambiance relie les deux. Ceci est tout à fait caractéristique des douleurs physiques qui persistent d'une vie à l'autre. Dans des cas similaires, les clients font souvent des commentaires tels que: «Ce n'est pas la même douleur, mais les impressions qui l'accompagnent sont identiques.» ou «Ce sont les même vibrations.» Quand de telles choses se produisent au cours d'une régression, c'est un signe extrêmement favorable: cela indique qu'il y a de grandes possibilités d'amélioration. Cela montre que le client a contacté un samskara qui est la cause du trouble physique. Il est donc très probable qu'une amélioration se produira une fois que le samskara aura été éliminé.

Après cette régression, les douleurs sciatiques commencèrent à décroître de façon significative, mais pas complètement. D'autres épisodes en relation avec les mêmes samskaras restaient à découvrir avant la guérison finale. Voici l'une des régressions qui suivirent.

Au commencement de la régression, Sophie a l'air de ressentir de nombreuses douleurs. Elle tressautait et sautait comme si elle se bataillait avec des ennemis invisibles.

Qu'arrive-t-il aujourd'hui? – Je peux voir des personnes assises autour d'un feu. Quelqu'un a pris un brandon. Il s'en sert pour me brûler ici. [Sophie montre un point sur le côté de son pied droit.] Je suis assise et ils me tiennent. C'est le même sentiment d'impuissance. J'essaie de me défendre et puis j'abandonne [Sophie redevient calme.]

Pourquoi? – Je sais qu'ils ne le font pas pour me faire du mal. Je sais que je dois passer par-là. C'est pourquoi j'essaie de rester tranquille. Cela ressemble à un cigare... Maintenant, je ne ressens plus la douleur. Le cigare est toujours là, mais la douleur est bien moindre. Ils le font comme un traitement parce que j'ai été blessée. L'homme au cigare est une sorte de docteur.

Y a-t-il une ressemblance entre cette douleur et votre sciatique? – Oh oui, exactement la même: Mais alors, c'était dans le pied et non pas dans la jambe.[Dans cette vie présente,] Je n'ai jamais ressenti de douleurs au pied.

À quoi ressemblaient ces gens? – Pas grands. Des cheveux noirs, courts. Ils vivent dans le désert. Il y a quelques femmes avec eux. Ils se moquent gentiment de moi et me donnent quelque chose à boire. Ils disent que j'ai été très chanceuse qu'ils me trouvent et qu'ils aient pu me soigner. C'était un accident. J'ai été heurtée par quelque chose dans la hanche. Un chameau. J'ai été heurtée par un chameau et j'étais étendue dans le désert, complètement sans défense, incapable de bouger, c'est toujours le même sentiment – Je ne peux pas bouger, comme si j'allais mourir là. C'est un désespoir total.

Dans cette régression, il y avait un élément significatif; le point indiqué par la cliente sur son pied était le point d'acupuncture 41 zu–shao–yang. Dans cet épisode, la douleur dans le pied était ressentie très précisément le long de la ligne de ce méridien. La sciatique que Sophie avait ressentie pendant des années était sur le même méridien, mais dans la cuisse et dans la jambe. Cela établit une continuité intéressante entre les différents épisodes – les douleurs se produisent le long du même méridien d'acupuncture, mais dans des parties différentes de celui-ci et avec différentes modalités. Ce modèle n'est pas inhabituel; je l'ai observé chez nombre de clients. Quelques personnes semblent répéter certaines affections le long du même méridien d'une vie à une autre.

La session a apporté de nouvelles améliorations, mais ce n'est qu'après quelques séances supplémentaires qu'une guérison complète à pu être obtenue. Voici un autre épisode vécu par Sophie.

Où êtes-vous maintenant? – Je marche, je marche! Je les ai laissés et je m'en vais toute seule.

Qui sont-ils? – La tribu. Ils voulaient que je reste avec eux, mais je ne me sens pas bien. C'est moi, mais moi dans le futur, pas dans cette vie. J'ai hésité longtemps et ils ont fait pression pour que je reste avec eux. Comme une pression sociale, le poids des habitudes et de la tradition Il faut que je reste avec eux et que je sois comme eux, mais cependant j'ai osé partir. Je me sens si libre! Je marche, je cours le long des collines et dans une vallée. Maintenant que j'ai pris ma décision, ma jambe me semble complètement guérie. Je n'ai plus à être comme eux. Je peux simplement être moi-même quoi qu'ils puissent penser. Je sais que je ne reviendrai jamais.

A la fin de du processus IST, la sciatique de Sophie avait complètement disparue, sans aucun traitement médical et elle n'est jamais réapparue. Elle pouvait non seulement marcher pendant des heures dans le bush, mais aussi porter des rondins et participer à un projet de construction. Cependant, des chirurgiens avaient précédemment identifié de tels dommages sur la radio de sa colonne vertébrale qu'ils lui avaient fait un pronostic très sombre quant à sa guérison, même en cas d'intervention chirurgicale. Cet exemple montre combien il serait erroné de croire que la méthode IST ne peut donner des résultats satisfaisants que pour des affections psychosomatiques et non pas pour des désordres purement physiques.

6.5 Pas de correspondance entre désordres physiques et samskaras

Jusqu'à maintenant, nous n'avons examiné que des exemples dans lesquels il y avait une relation évidente entre le samskara et le désordre physique. Il est pourtant très important de comprendre que, dans de nombreux cas, ce qui est révélé par le samskara est très différent de l'empreinte originale. En d'autres termes, la douleur ou le malaise généré par un samskara ici et maintenant peut être d'une nature différente de ce qui a été expérimenté au moment où le samskara s'est implanté.

Étude de cas – David, un malade du Sida de trente-quatre ans.

Que ressentez-vous? – Je tombe dans l'espace, je n'ai pas de corps. Je suis tout simplement dans un espace noir, et je tombe.

Où est-ce que cela vous emmène? – Dans un endroit étrange, Vous allez là, avant votre naissance. De là, vous pouvez voir ce qui se passe sur la Terre. Je peux voir comment il va me falloir entrer dans une matrice et toute cette pagaille. C'est simple, je ne veux pas y aller. Je veux juste rester ici, dans l'espace, mais je n'ai pas le choix. Il faut que j'y aille, mais je ne veux pas y aller. Je ne veux pas aller dans la pagaille. Je ne veux pas naître.

Avez-vous parfois ressenti la même chose, pendant votre vie? – Oui, je crois, cela m'a toujours suivi, en arrière plan, le sentiment de ne pas vouloir être là.

Dites-moi, quelle est la différence entre ce sentiment et la volonté de mourir? – Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de différence! Tout au fond de moi, je sais que le seul moyen de sortir d'ici, c'est de mourir.

Voulez-vous dire que vous avez vécu toutes ces années avec à l'esprit le désir de mourir? – Euh... oui, je crois bien. [David se mit à rire puis devint silencieux pendant une minute.]

L'étape suivante du processus de régression aurait du être de chercher la source de ce désir de ne pas être sur cette Terre, en d'autres termes, l'empreinte traumatique d'où provenait ce désir de mourir. Cependant, ce devait être la première et aussi la dernière régression de David. Il a fallu l'hospitaliser avant notre prochain rendez-vous et il est mort quelques jours plus tard.

Le syndrome du 'Je-ne-veux-pas-être-sur-terre' est loin d'être rare. Les régressions montrent qu'un grand nombre de gens présentent ce type de samskara et ne s'incarnent dans la matrice de leur mère qu'avec la plus grande répugnance. Dans de nombreux cas, cependant, ces configurations ne se traduisent pas par une volonté de mourir et ne créent aucun trouble majeur – simplement un manque de motivation et une répugnance à s'impliquer dans les affaires du monde.

Soyons clair, je ne suis pas en train de suggérer que les régressions peuvent guérir le SIDA! S'il y a une conclusion à tirer de cette étude de cas, c'est que si un malade est affecté gravement par un désir d'en finir avec la vie, quelle que soit la maladie dont il souffre, je ne vois pas comment on peut apporter une solution à ce problème sans traiter sérieusement le désir de mort indépendamment des autres traitements. Une fois qu'une maladie est apparue dans le corps physique, effacer le conditionnement mental négatif peut très bien ne pas être suffisant pour permettre une guérison. Il est donc tout à fait judicieux d'utiliser des formes de thérapies susceptibles d'améliorer l'état physique. Mais est-ce qu'un traitement physique peut, à lui seul, être suffisant? Est-il raisonnable d'espérer guérir une maladie sans se préoccuper de ses causes? Et même si une guérison se révélait possible, serait-elle durable ou ne serait-elle qu'une mesure palliative avant que le vrai problème ne réapparaisse quelque part ailleurs?

6.6 Peut-on soigner une maladie sans traiter sa cause?

Primum non nocere, 'D'abord ne pas nuire, ne pas rendre les choses pires qu'elles ne sont'. C'était un des principes de base de la médecine d'Hippocrate. Malheureusement, ce principe semble avoir été oublié de nos jours. Le but de la médecine conventionnelle moderne est de se débarrasser des symptômes du patient. On ne prend pas assez en considération le fait que certains de ces symptômes peuvent être utilisés par le corps pour tenter de corriger des désordres plus profonds et plus graves. Lorsque c'est le cas, la suppression des symptômes ne va pas nécessairement aider le patient. Si la cause réelle (qui peut très bien n'avoir aucun rapport avec les symptômes apparents) n'est pas traitée, que va-t-il arriver au malade une fois que les symptômes sont 'guéris'? Cette question est particulièrement pertinente dans la mesure où des maladies ayant un rapport avec les samskaras sont concernées.

Supposez qu'un trouble physique soit causé par un samskara. La charge émotionnelle du samskara trouve un exutoire temporaire au moyen d'un symptôme physique. Supposez que l'on donne au malade des pilules qui vont tuer le symptôme sans s'occuper du samskara. Que va-t-il se passer? Le samskara va devoir trouver un nouvel exutoire pour exprimer sa charge émotionnelle. Cela va se manifester par d'autres symptômes, soit mentaux, soit physiques qui peuvent très bien se révéler pires que les premiers. Tôt ou tard, de nouveaux troubles vont apparaître, peut-être avec une bien plus grande intensité, dans la mesure où le soulagement naturel de la charge émotionnelle aura été bloqué. Cela signifie que l'on ne doit pas forcément aider le malade à se débarrasser de ses symptômes, si l'on ne se donne pas une chance d'entrer en contact avec les samskaras qui en sont la cause. L'étude de cas suivante est représentative d'une erreur médicale typique qui aurait pu durer éternellement si le samskara responsable n'avait pu être neutralisé.

Étude de cas – Alexandre a vingt-sept ans et a toujours été en bonne santé, sauf une accumulation de problèmes tous situés dans la même zone: le côté droit de l'abdomen. A l'âge de huit ans, il commença à souffrir de douleurs récurrentes dans la zone iliaque droite. Un beau jour, la douleur devint soudain beaucoup plus forte et un chirurgien décida que c'était probablement un cas d'appendicite. Alexandre subit donc une opération pour rien, étant donné que l'appendice se révéla être parfaitement normal. Pourtant, cinq jours après l'opération, la cicatrice se rouvrit et une seconde opération se révéla nécessaire. Une énorme cicatrice en résultat qui rendit pire encore les problèmes de circulation d'énergie dans cette zone.

Cinq ans plus tard, exactement la même douleur réapparut, mais bien plus intense encore. Cette fois, tous les chirurgiens furent d'accord sur le fait que cela ressemblait tout à fait à une appendicite – sauf que l'appendice avait déjà été enlevé. Un certain nombre de tests furent pratiqués pour essayer de trouver une cause, mais sans aucun succès.

À l'âge de vingt quatre ans, le jeune homme eut à subir de violentes attaques de coliques néphrétiques, toujours du côté droit. Il finit même par pisser un caillou, confirmant ainsi le diagnostique de lithiase.

Bien que le diagnostique des chirurgiens ait changé au fil des années, ce jeune homme avait toujours senti que c'était la même douleur qui revenait périodiquement. L'intensité en était tantôt plus forte, tantôt plus faible, mais c'était toujours la même douleur indéfinissable. Et cette douleur, il la reconnut immédiatement quand il revécut une expérience antérieure au cours de laquelle il avait été mortellement blessé.

Que ressentez-vous? – Désespoir. Cette fois, je ne vais plus me battre. Je suis prêt à mourir. Je peux les voir venir. C'est si facile, J'attends juste une petite seconde avant de tirer. Ils tirent les premiers. Je me sens comme si j'étais déjà hors de mon corps, regardant la scène d'en haut. Je peux voir l'homme qui tire et la balle qui se déplace d'une façon incroyablement lente et qui atteint mon corps. La douleur dans mon côté droit, c'est ma vieille douleur, exactement la même. Elle me ramène dans mon corps pour un court instant. Tout devient noir. Je ne peux plus rien voir après cela.

Après quatre autres régressions du même épisode, la douleur disparut et ne revint jamais plus.

6.7 Samskaras et genèse des maladies

Dans ce chapitre, nous avons examiné quelques exemples de désordres physiques qui étaient causés par des samskaras. Ceci conduit évidemment à des questions du type: «Toutes les maladies sont-elles dues aux samskaras?» et «Quelles maladies peuvent être soignées grâce aux régressions?»

Notre corps physique est un instrument durable extraordinairement bien construit, surtout si l'on considère que nous ne prenons guère soin de lui et que, malgré cela, il faut plus d'un demi-siècle avant que nous réussissions à le ruiner complètement. En termes de solidité, il n'y a que très peu de nos réussites techniques qui puissent prétendre faire mieux. De plus le corps est également capable de nombreux ajustements. Par exemple, il est possible de vivre convenablement avec seulement dix pour cent d'un rein et un seul poumon suffit pleinement à assurer une existence prospère. Pour qu'une maladie puisse s'installer, il faut généralement que plus d'un seul facteur intervienne. Il y faut une accumulation de causes, les unes internes et les autres externes.

Il serait déraisonnable et un rien dogmatique de nier l'importance des facteurs extérieurs dans la genèse des maladies. Si votre corps absorbe plus d'une certaine quantité de radiations provenant soit d'une origine nucléaire due à une usine construite par l'homme, soit de la réduction de la couche d'ozone, il y a toutes les chances qu'un cancer se manifeste. Si vous ingérez certaines toxines, vous créez des lésions corporelles irréversibles et ainsi de suite. Néanmoins, il se peut que ces facteurs externes vous atteignent parce que vous les attirez. Par exemple, nous avons vu comment il est possible que des accidents n'arrivent pas entièrement par hasard. Nous savons aussi que lorsque se produisent des épidémies, certaines personnes ne tombent pas malades bien qu'elles soient exposées aux germes comme les autres. Clairement, certains facteurs individuels modifient de façon importante votre sensibilité aux causes externes des maladies.

Il serait extrêmement difficile d'essayer de déterminer scientifiquement la part revenant aux samskaras dans l'origine des maladies. Admettons-le, de nos jours, dans le domaine de la biologie et de la psychologie, quelque chose est déclaré scientifique si cela fonctionne avec les rats et si l'on peut produire des statistiques à son sujet. À cet égard, les rats ont des samskaras. On pourrait probablement faire des statistiques sur les régressions. Mais il y a un besoin évident de nouveaux modèles de compréhension dans le domaine des sciences de la vie pour essayer de comprendre pourquoi des individus peuvent réagir de façon aussi différentes à des conditions extérieures identiques. Toutes les informations qui sont fournies par les sessions de régression apportent déjà de nombreux éléments pour permettre de répondre à cette question. De ce que nous avons pu voir des samskaras, nous pouvons tirer les conclusions suivantes:

  1. Certains samskaras créent effectivement des désordres physiques, et pas seulement des désordres fonctionnels. Toutes sortes d'affections peuvent provenir de l'influence des samskaras, de la simple migraine au cancer.
  2. Une fois qu'un samskara a généré un désordre physique, ce dernier prend une autonomie et ne disparaîtra pas forcément, simplement par un traitement de samskara. Il peut donc sembler logique de mettre en place un traitement physique approprié. Il faut cependant être conscient du fait qu'en traitant les désordres physiques, sans se préoccuper des samskaras qui en sont l'origine, on ne va pas résoudre les problèmes du patient; cela peut même les rendre pires.
  3. Dans la plupart des cas, il faut un temps relativement long pour qu'une maladie se développe à partir d'un samskara. Pendant des années, le désordre est purement fonctionnel ou il y a simplement un 'sentiment d'inconfort' quelque part dans le corps, sans aucun autre symptôme. Plus tôt le problème est traité, plus il y aura de chances que le désordre puisse être éliminé simplement en se libérant du samskara, sans qu'un autre traitement ne soit nécessaire.
  4. Le fait de ressentir un 'point' quelque part dans votre corps n'indique pas forcément qu'une maladie se déclarera dans cette zone particulière! Tout d'abord, la plupart de samskaras ne génèrent jamais aucune maladie ni aucun trouble physique. En second lieu, s'ils créent effectivement quelques types d'affections, le 'point' où un samskara est ressenti dans une régression ou au cours d'une méditation est souvent localisé dans une zone différente de celle du désordre physique.

L'accumulation des samskaras dans le corps astral a atteint un niveau tel que l'on pourrait parler de 'névrose collective'. Notre société est malade des samskaras et se trouve au bord du désastre. Par une éradication systématique des samskaras au moyen des régressions, de futurs problèmes aux répercussions incalculables – aussi bien mentales que physiques – pourraient être évités.

Quelles sont les types de maladies qui peuvent être soignées par les régressions? Comme avec la plupart des méthodes thérapeutiques, l'efficacité ne dépend pas tellement du type de maladie, mais bien plus du type de malade. La technique des régressions n'exige nullement que vous croyiez aux vies antérieures, mais elle requiert un esprit ouvert et une certaine résolution de faire face aux problèmes au lieu d'essayer d'y échapper. Tomber malade est une méthode que beaucoup de personnes utilisent pour éviter d'avoir à remonter à la source de leurs conflits intérieurs. Si c'est bien le cas, il ne peut y avoir de résultat favorable que si le malade est prêt à reconnaître ses propres conflits – et tout le monde n'est pas préparé à faire cela.

J'ai vu des régressions apporter des résultats spectaculaires dans un vaste éventail de désordres physiques, des maladies de la peau jusqu'à des tumeurs abdominales, des incontinences de la vessie jusqu'à certaines formes de paralysie. J'ai été le témoin de nombreuses améliorations qui ont stupéfié des confrères médecins ou qui les ont conduits à prétendre qu'il ne s'était rien passé tant les résultats étaient incompatibles avec leurs conceptions actuelles des maladies. Je ne présenterai pourtant certainement pas les régressions comme une panacée. Je les ai en effet également vues se révéler impuissantes à apporter un soulagement physique à d'autres malades qui souffraient exactement des mêmes types de maladies.

Pour conclure ce chapitre, il peut être intéressant de méditer sur un simple fait que j'ai observé au cours des années. Lorsque nous travaillons avec IST, les clients qui semblent obtenir les résultats les plus spectaculaires sont en général ceux qui n'utilisent pas la technique dans le but de se soigner, mais au contraire dans celui de se connaître eux-mêmes.


CHAPITRE 7

La fin des samskaras

7.1 Transformer les serpents en cordes

Un des résultas importants d'IST est de vous rendre conscient de la présence et de l'action des samskaras. En comprenant le mécanisme des samskaras et en analysant votre comportement émotionnel, vous serez conduit à identifier certains modèles. Ensuite, au moyen d'IST, un certain nombre de samskaras complètement insoupçonnés vous seront révélés. Quelques empreintes traumatiques de votre passé seront ramenées à votre conscience et vous serez immédiatement capable de d'établir un rapport avec les émotions présentes et les comportements conditionnés. Du simple fait de voir comment un mécanisme néfaste fonctionne dans votre esprit vous avez effectué la moitié du travail de neutralisation. Le samskara est encore là, superposant ses émotions à celles que vous éprouvez – mais vous pouvez le voir arriver et dès lors, cela devient déjà moins un problème.

Il y a de nombreuses raisons pour qu'il en soit ainsi. Quand on n'est pas capable de reconnaître la cause d'une douleur, on tend automatiquement à l'exagérer. Supposez que vous soyez sur une plage et que vous remettiez votre chemise après avoir nagé. Soudain, vous ressentez comme un coup de poignard dans le côté gauche de votre poitrine. C'est tellement intense que vous en avez le souffle coupé et que vous êtes obligé de vous asseoir. Immédiatement, vous pensez à une attaque cardiaque ou à quelque autre maladie terrifiante. Et il en résulte une chaîne d'associations – hôpital, assurance maladie et tout ce qui s'en suit. Le désespoir vous submerge! Et, une minute plus tard, vous réalisez soudain qu'une guêpe était prise à l'intérieur de votre chemise et que la douleur que vous avez ressentie vient de la piqûre de cette guêpe. Vous vous sentez immédiatement soulagé, la douleur est exactement la même, mais votre souffrance diminue au moins de moitié. La raison en est simple: quelques secondes auparavant, vous aviez une attaque cardiaque, et maintenant vous avez simplement été piqué par un insecte. Même si la douleur physique est exactement la même, votre souffrance a grandement diminué.

Un exemple classique de la tradition hindoue illustre ce modèle. C'est une histoire contée par de nombreux maîtres, venant d'un texte des Védantas appelé l' Aṣṭavakra–Gītā. Ce Gītā a été nommé d'après le nom du grand sage Aṣṭavakra qui était physiquement 'huit fois estropié' et qui était cependant un des plus grands professeurs de bonheur éternel de son époque. Aṣṭavakra utilisait l'exemple d'un serpent qui provoque un immense désordre dans une réunion. Quand elle découvre le serpent, la foule est prise de panique; tout le monde se met à hurler et à courir dans toutes les directions. C'est alors que quelqu'un découvre soudain que le serpent n'est pas un serpent, mais une corde enroulée en spirale! L'agitation cesse immédiatement. Tout rentre dans l'ordre et les gens se mettent à rire de leurs propres réactions.

Chaque fois que vous êtes affligé par une émotion, le fait d'apercevoir le samskara derrière cette émotion change complètement votre point de vue, exactement comme lorsque le serpent devient une corde ou quand l'attaque cardiaque se révèle n'être rien d'autre qu'une piqûre d'insecte. Ce n'est plus votre patron ou votre petit ami qui vous cherche noise. C'est juste un petit mécanisme qui vous envoie un message préenregistré. C'est un samskara et rien de plus.

Cependant, ce n'est pas une simple compréhension intellectuelle de ce processus qui va pouvoir vous aider beaucoup. Une personne qui essaierait de mettre cette idée en pratique sans l'expérience directe des régressions (ou de quelque autre voie métaphysique permettant d'explorer les empreintes des samskaras profondément implantés) ne connaîtrait pas que des succès. Il serait dans la même situation qu'un homme qui, se trouvant face à face avec un serpent, essaierait de se convaincre lui-même: «Ce n'est pas un serpent, c'est une corde.» La chose tournerait très vite au ridicule. Ce dont vous avez besoin, c'est de voir les samskaras et de vous reconnecter à eux de façon consciente, ce que la méthode IST vous permet justement de faire. Car la puissance magique des samskaras est telle que l'on peut tricher avec soi-même, mais pas avec eux. Aussi longtemps que vous ne verrez pas que le serpent est une corde, la corde vous mordra tout aussi cruellement que le ferait le serpent. C'est en pratiquant une technique telle qu'IST et en observant vos réactions pendant vos activités quotidiennes que vous ferez des progrès vers la liberté et non pas en lisant des livres sur le sujet.

L'exemple du serpent et de la corde vous permet aussi de comprendre pourquoi les jeunes enfants sont si vulnérables aux émotions. Leurs capacités logiques ne sont pas encore développées. Lorsque quelque chose leur arrive, ils n'ont aucun moyen de raisonner de façon rationnelle – aucune barrière protectrice. En conséquence, à chaque fois qu'il leur arrive de confondre par erreur une corde et un serpent, il n'y a aucun moyen de leur faire entendre raison. La situation peut être complètement inoffensive, mais pour eux, c'est comme si leur vie était réellement menacée. Ils peuvent paniquer comme vous le feriez si vous étiez attaqué par quelque bête inconnue au milieu de la nuit sans avoir aucun moyen de vous défendre. Ceci explique bien pourquoi des circonstances insignifiantes peuvent créer des samskaras majeurs chez les jeunes enfants.

7.2 Les samskaras sont ridiculement petits

Il y a une autre raison pour laquelle voir les samskaras neutralise une grande part des souffrances. Peu importe la taille des émotions dont ils sont la cause, les samskaras eux-mêmes ne sont rien d'autres que de minuscules graines, ridiculement petits comparés aux bouleversements qu'ils génèrent dans votre conscience. Les impulsions provenant des samskaras sont artificiellement amplifiées par le corps astral, comme lorsqu'une image est renvoyée sans fin par un jeu de miroirs. S'il n'y avait pas ce mécanisme d'amplification, les bouleversements ne pourraient tout simplement pas se produire ou du moins, ils n'atteindraient jamais la même intensité.

La technique IST a pour but de permettre une perception directe des samskaras en tant que simples graines dans le corps astral. Avant que vous ne puissiez être secoué par la colère ou toute autre émotion, il faut qu'une vague provienne d'un samskara. Référons-nous de nouveau à la séquence que nous avons précédemment décrite: stimulation ==> samskara ==> réaction/émotion.

Au cœur de notre méthode de régression il y a la possibilité de percevoir les vagues qui proviennent des graines – les samskaras. Ceci requiert le développement de nouvelles qualités. Vous devez tout d'abord apprendre à percevoir comment les samskaras se font sentir dans votre corps d'énergie. C'est un des premiers résultats obtenus par la pratique de la méthode IST – vous ressentez clairement vos samskaras comme des 'points' dans différentes parties de votre corps d'énergie. Cette perception n'est nullement vague ou éthérique, mais aussi tangible que celle de la chaleur quand vous approchez votre main d'une flamme. Soudain, les samskaras cessent d'être une conception théorique, vous pouvez les sentir par vous-même.

Une autre qualité essentielle qui doit être développée est un certain éveil de la conscience pendant les activités quotidiennes. Quelle que puisse être votre méthode de développement spirituel, sans l'éducation de la conscience, rien de décisif ne peut se produire. Si vous essayez de travailler sur vos samskaras sans les observez quand ils vous manipulent, la partie est perdue d'avance. Un élément clé du processus est d'observer vos propres réactions dans différents épisodes de votre vie.

Ceci ne signifie pas qu'il vous faille supprimer vos émotions. La méthode ne vous demande pas de ne plus vous mettre en colère, de cesser de hurler après vos proches ni d'arrêter de casser des assiettes. Mais pendant que vous vous livrez à ces activités, ce que vous devez faire, c'est être conscient, ce qui signifie vous observer vous-même en train de vous livrer à vos émotions et de sentir le samskara qui se trouve derrière ces émotions. Une vigilance permanente est requise pendant vos activités quotidiennes. Dans ce travail d'éveil de la conscience, vous n'avez pas besoin de voir pourquoi et comment se manifeste le samskara. Vous n'avez pas besoin de revivre les épisodes pendant lesquels il s'est imprimé. La seule chose qu'il vous faut, c'est sentir la graine du samskara dans votre corps d'énergie – le point – et de ressentir la vague d'émotion qui en émane.

Le processus ne requiert pas de dons particuliers ni une perception suprasensible, mais elle requiert beaucoup de persévérance. Elle implique que, heure après heure, minute après minute, vous observiez vos réactions aux personnes et aux situations. Si vous persistez dans cette direction, vous deviendrez graduellement capable de voir les vagues d'émotions à un stade de plus en plus précoce de leur émergence hors du samskara – une très grande réussite. Vous découvrirez alors qu'entre le déclenchement du samskara furieux et le moment où vous commencez à casser les assiettes, il y a tout un chemin à parcourir. Le problème est que si vous n'aviez pas fait ce travail de conscience, toutes les réactions allant du déclenchement du samskara au fait de casser la vaisselle se seraient déroulées si vite que n'auriez pu vous rendre compte de rien. En observant systématiquement vos réactions, vous devenez conscient d'un certain nombre de stades intermédiaires durant lesquels les émotions sont artificiellement amplifiées.

Une grande découverte est que la vague d'émotion, si vous pouvez la voir au moment où elle sort du samskara, est infiniment plus faible que vous ne l'attendiez. Ce n'est rien qu'une petite vibration et il n'y a qu'une toute petite nuance d'émotion qui lui est attachée. Ensuite, il faut toute la magie de votre corps astral pour sur-amplifier ces vibrations microscopiques et en faire une émotion réelle qui vous fait réagir violemment. C'est ainsi que vous êtes amené à faire toutes sortes de choses que vous ne choisiriez jamais de faire si vous disposiez de votre libre arbitre. Qui plus est, bon nombre de ces excès ne sont même pas dus au samskara lui-même. Ils sont dus à une sorte d'habitude de votre corps astral. Le corps astral exagère les vibrations émotionnelles; c'est sa manière à lui d'opérer, le conditionnement qu'il a reçu. C'est pourquoi tout arrive si rapidement que vous ne réalisez même pas que c'est en train d'arriver.

La situation devient tout autre si vous pratiquez systématiquement l'attention consciente. Chaque fois que l'émotion se produit, vous pouvez la voir évoluer phase après phase pendant que le processus se développe: je sens le point du samskara, aussi je sais que je vais sentir bientôt la vibration qui en émane. Maintenant, je sens la vibration et je sais qu'elle va devenir plus importante. Maintenant la vibration est devenue plus importante, aussi je sais que je vais ressentir l'émotion. C'est bien ça, la première nuance de colère est en train de se manifester dans mon mental. Maintenant, cela grandit. Je peux sentir les vibrations de la colère qui atteignent mon sang et qui s'y répandent. Juste un peu plus et je vais me mettre à hurler. ça y est, je me mets à hurler et à trembler. Et je vais bientôt me mettre à casser les assiettes.

Bien entendu, une fois que votre conscience a atteint ce point de perfection, il est très peu probable que vous atteigniez le stade auquel vous jetiez les assiettes avec autant de facilité. Lorsqu'elles sont soumises à une observation constante, de nombreuses réactions émotionnelles deviennent tellement insupportables que vous finissez par vous en débarrasser. Vous vous voyez réagir toujours de la même manière: «Maintenant, je vais ressentir ça de nouveau. Et ensuite, je dirai les mêmes mots, une fois de plus. Et ensuite, je vais encore me mettre à dire ça.» Et ainsi de suite. Si vous réalisez que vous vous êtes laissé emporter par des émotions destructrices seulement après que cela se soit produit, il n'y a pas grand chose que vous puissiez y faire. Si par contre vous devenez conscient pendant que cela se produit, la situation est radicalement différente.

Une autre conséquence importante du fait que vous devenez conscient, est que certains mécanismes d'amplification par le corps astral ne peuvent plus se produire. Regardons de nouveau le diagramme permettant de représenter les corps subtils que nous avons utilisé au chapitre 4.


Ego [1]; Astral [2]; Ethérique [3]; Physique [4]; complexe supérieur [A]; Complexe inférieur [B].

Le stimulus est reçu à travers les sens du corps physique, transmis à travers le corps éthérique et atteint le corps astral. Ensuite l'action du samskara est de faire en sorte que l'impulsion court-circuite la couche de la conscience du Moi. Une chaîne de réactions se développe à l'intérieur de votre corps astral qui correspond à l'amplification du mécanisme que nous venons juste de décrire. Si cependant la couche conscience du Moi n'est pas court-circuitée, alors le schéma devient complètement différent. Le corps astral perd sa suprématie et l'essentiel de sa chimie interne est automatiquement neutralisée par la lumière de l'Ego supérieur. Cela signifie que si votre conscience du Moi est suffisamment forte, alors la réaction du corps astral va automatiquement tomber à plat. Le point faible du corps astral, c'est qu'il ne peut agir librement que si vous n'en êtes pas conscient. Plus vous devenez conscient de votre Moi, ce qui signifie plus vous impliquer le véhicule situé au sommet de notre diagramme lorsque vous recevez des sensations et des perceptions en provenance du monde extérieur, moins le corps astral peut vous manipuler comme une marionnette. Le Moi prend les commandes et la puissance du conditionnement diminue.

Il faut insister à nouveau sur le fait que dans ce processus, aucune suppression n'est réalisée. Si certaines émotions cessent de se manifester, ce n'est pas parce que vous faites quelque chose pour les bloquer, C'est parce que leur māyā a diminué. Quoi qu'il en soit, quelle est la valeur d'une émotion qui disparaît aussitôt que vous en prenez conscience? Si une émotion disparaît juste parce qu'on la regarde, elle ne doit pas être très dangereuse. Ceci est un autre moyen de comprendre la différence entre émotion et sentiment. Quand un sentiment se développe en vous, plus vous en prenez conscience, plus le sentiment devient fort. Quand une émotion se développe, plus vous en devenez conscient, plus vite elle a tendance à disparaître. Si vous pouvez faire vous-même cette expérience de façon répétitive, la nature illusoire et artificielle des réactions émotionnelles deviendra tellement claire que votre manière de voir ce qui est réel et ce qui ne l'est pas dans votre psychisme va changer complètement.

Essayons de comprendre de façon plus précise la différence entre vision claire et suppression en ce qui concerne les vagues d'émotion. Quand une émotion résulte d'un samskara, elle est très faible et inoffensive. Plus la conscience du Moi est forte, moins il est possible à cette infime vibration de se développer en une réaction majeure avec décharge d'adrénaline, etc. Elle reste simplement comme elle est et s'évanouit. Au lieu de devenir un éléphant, elle reste de la taille d'un cafard. La suppression correspond à un mécanisme complètement différent: les vibrations se développent en une émotion, la colère par exemple et alors vous cachez la colère au lieu de l'exprimer. Le vrai problème, c'est que l'énergie de la colère va vraisemblablement causer en vous des ravages que les maîtres de Védas comparent à ceux causés par un éléphant furieux dans votre jardin.

7.3 Réaction contre conscience

Le schéma que nous venons de décrire suggère qu'à tous les stades de développement d'une vague émotionnelle, vous pouvez ou bien réagir ou bien en être conscient, mais pas les deux à la fois. Parfois vous n'êtes pas conscient et les réactions se développent mécaniquement. Mais quand vous êtes conscient, la chaîne des réactions s'arrête. La vibration originelle émanant du samskara ne se développe pas en une émotion arrivée à maturité, mais se dissipe discrètement. Bien entendu, au début la situation n'est pas aussi clairement tranchée. Dans de nombreux cas, vous êtes conscient du fait que vous êtes en train de réagir. Bien que vous en soyez conscient, la chaîne des réactions suit son cours avec une certaine ampleur et des réactions émotives se produisent malgré tout.

Dans ce processus, il y a conflit entre deux parties différentes de vous-même: d'un côté la conscience du Moi et de l'autre le corps astral et ses réponses automatiques. Plus la lumière de votre Moi brille dans votre conscience, plus elle neutralise les réactions chimiques néfastes générées par votre corps astral. Il y a cependant un cercle vicieux dans la mesure où c'est précisément les samskaras qui empêchent la lumière de votre Moi de briller! Ainsi, le processus de libération est double: il consiste à renforcer d'une part la conscience du Moi et à réduire d'autre part la puissance de réaction du mental en neutralisant autant de samskaras qu'il est possible. La première partie correspond aux différentes pratiques de méditation, initiation, rituels etc. tandis que l'autre peut être traitée au moyen de la technique IST.

En simplifiant à l'extrême, on pourrait dire qu'au début du travail, la conscience n'est que celle des réactions du corps astral sans conscience du Moi. À la fin du processus au contraire, la conscience du Moi supérieur rayonne sans obstacle, car les réactions du corps astral ont été éliminées et remplacées par des sentiments. Pendant la période ou le travail s'accomplit, la conscience de soi et les réactions sont présentes dans des proportions variables et agissent simultanément.

7.4. Élimination des charges émotionnelles

Pour diminuer l'emprise des réactions du mental, une chose se révèlera particulièrement puissante – la libération des charges émotionnelles associées à un nombre limité de samskaras extrêmement puissants. Quelques samskaras sont doués d'une énergie émotionnelle dévastatrice, soit qu'ils aient été imprimés dans des circonstances particulièrement dramatiques – Si vous avez été torturé, par exemple, ou si vous avez vu votre enfant mourir devant vous – soit parce que des circonstances traumatisantes vous ont frappé alors que vous étiez particulièrement vulnérable, comme dans le cas d'un jeune enfant dont l'esprit n'est pas encore suffisamment rationnel et qui accorde à certains évènements une importance sans commune mesure avec leur nature réelle. Ces samskaras géants sont stockés avec des charges émotionnelles d'une importance exceptionnelle qui élèvent le niveau de tension dans le corps astral tout entier.

Si vous étudiez la manière dont les réactions de l'esprit se produisent, vous vous apercevrez que tout obéit à la loi des polarités. Un point commun à toutes les émotions c'est que, soit elles vous attirent vers quelque chose, soit elles vous en repoussent. Une émotion n'est jamais neutre; elle a toujours une polarité qui vous pousse dans une direction ou vous tire dans une autre. Cela pourrait être une bonne définition d'une émotion: une polarité astrale qui vous pousse ou vous repousse. Du point de vue du corps astral, ce n'est pas la direction qui importe, mais le fait qu'il y ait une polarité, une charge. En d'autres termes, il importe peu au corps astral de savoir si vous aimez/désirez quelqu'un ou si vous le haïssez/méprisez. Ce qui importe, c'est l'intensité avec laquelle la charge intérieure est ressentie et avec quelle force irrésistible vous êtes poussé à aimer ou à haïr.

Ceci nous conduit à distinguer deux raisons différentes pour lesquelles une émotion s'empare de vous. Il y a bien entendu un samskara spécifique qui est déclenché et qui s'exprime au moyen des émotions. Et derrière ce samskara, il y a un certain épisode de votre petite enfance ou de vos vies antérieures ou les deux. Une autre raison essentielle réside aussi dans la tension de votre corps astral. Plus vous avez de samskaras notoires, plus leurs charges émotionnelles vont nourrir tous vos autres samskaras et les faire réagir de façon violente. Par voie de conséquence, aussitôt que vous commencerez à vous libérer de vos samskaras les plus importants, votre vie émotionnelle redevient infiniment plus simple et bien plus facile à contrôler. La cause en est que la tension générale de votre corps astral chute de façon significative.

Une conséquence supplémentaire est qu'un problème émotionnel donné ne peut jamais être séparé du contexte global. Si vous vous mettez à hurler après votre conjoint, il est probable que cela n'est pas dû seulement au samskara spécifiquement lié à cette réaction colérique, mais aussi à plusieurs monstres des profondeurs. C'est la tension créée par ces maxi-samskaras qui nourrit votre colère. En conséquence, seule une approche globale considérant les réactions de l'esprit comme un problème global peut conduire à une amélioration réelle.

Au fur et à mesure que votre vision s'élargit, vous en viendrez à réaliser que la situation est en outre compliquée par l'interaction avec votre environnement. Ce ne sont pas seulement les charges émotionnelles liées à vos principaux samskaras qui contribuent à entretenir une tension artificiellement élevée dans cotre corps astral, ce sont aussi tous ceux des êtres avec lesquels vous vivez et travaillez. Cette influence ne devrait toutefois pas être exagérée car son action reste limitée. De plus, il n'est pas très sain de rendre vos voisins responsables de vos sautes d'humeur. L'histoire de la spiritualité est pleine de gens qui ont atteint un haut degré de liberté d'esprit dans un environnement difficile et même franchement hostile. Néanmoins les frontières du corps astral ne sont pas aussi nettement tranchées que celles du corps physique et il reçoit les impulsions émotionnelles et les flux d'énergie en provenance de notre environnement. Une fois encore, la compréhension de cet état de fait ne devrait pas être utilisé comme une excuse et chacun reste responsable de la manière dont il se comporte. En effet, si votre corps astral était complètement transformé, il ne devrait pas être atteint par des vagues d'influences astrales anarchiques. Cela peut déjà vous fournir des indices sur les raisons pour lesquelles vous pouvez soudain vous sentir déprimé ou 'pesant' lorsque se produisent certains évènements mondiaux provoquant une détresse généralisée comme par exemple un tsunami ou un ouragan ravageant des pays entiers.

7.5 Le changement métaphysique

Après avoir vu combien il était nécessaire de nettoyer le corps astral de ses nombreux samskaras pour atteindre la liberté, il est temps maintenant de mettre l'accent sur la proposition inverse. Si le travail ne se préoccupe que des seuls samskaras, il conduit à une impasse. Si vous mettez l'accent sur les seules émotions sans jamais expérimenter d'états de conscience supérieurs, vous risquez fort de vous retrouver en train de travailler éternellement sur vos émotions. Ceci bien entendu s'applique non seulement aux régressions, mais également à toutes les formes de psychothérapie ou d'exploration psychologique.

Nous avons montré comment, si vous méditez sans vous préoccuper de façon systématique de vos samskaras, vous courez un très grand risque qui est d'arriver à un certain niveau et de ne jamais être capable d'aller au-delà, parce que vous êtes attaché à vos samskaras comme un bateau à son ancre. Mais si vous faites le contraire, si vous travaillez sur vos seuls samskaras sans méditer ni chercher à atteindre des niveaux de conscience plus élevés, alors vous atteignez un certain niveau d'émotion et vous stagnez sans faire de nouveaux progrès. Vous parvenez à lever certains blocages émotionnels, vous résolvez quelques problèmes et vous finissez dans une impasse parce que votre conscience manque de la lumière supérieure nécessaire à un travail en profondeur. Il existe un rapport entre la hauteur des sommets que vous pouvez atteindre et la profondeur des gouffres dans lesquels vous pouvez tomber. Aussi longtemps que vous n'êtes pas en contact avec la partie supérieure de votre conscience, il est extrêmement difficile d'atteindre les couches les plus profondes du corps astral et ses samskaras majeurs.

Le problème recèle de nombreux pièges car on peut être complètement bloqué dans sa progression et cependant éprouver un grand soulagement émotionnel qui peut donner l'impression fallacieuse que l'on fait des progrès. Vous connaissez probablement certaines personnes se trouvant dans cette situation. Elles se trouvent piégées dans une certaine forme de thérapie et ne semblent jamais capables d'en sortir. Elles deviennent toujours meilleures dans l'expression de leurs émotions, elles peuvent pleurer de plus en plus, hurler de plus en plus fort. Elles continuent à assister à des ateliers de travail dans lesquelles elles 'résolvent des tas de problèmes'. Mais dix ans plus tard, elles travaillent toujours sur les mêmes blocages émotionnels, assistant à des ateliers de travail et 'résolvant toujours des tas de problèmes' – rien de fondamental n'a changé dans leur vie. Cela signifie que leur travail est purement horizontal. Elles explorent de plus en plus de questions qui sont en relation avec le même niveau de leur esprit et ne sont jamais capables de descendre plus profond.

Quand on travaille sur les samskaras, il ne faut surtout jamais oublier que les samskaras sont infinis! Ce n'est pas en se débarrassant des samskaras en nombre toujours plus grand que l'on arrivera à un résultat tangible. C'est au contraire ceux qui sont logés le plus profondément qu'il faut chercher à éliminer jusqu'à ce que l'on atteigne la source même de tout ce qui a pris le contrôle des réactions du mental. Il est impossible d'y parvenir sans entrer de façon régulière en communication avec les états les plus élevés de la conscience du Moi ce qui implique de pratiquer une forme de méditation. Ceci s'applique non seulement aux régressions, mais à n'importe quelle forme de psychothérapie ou d'exploration psychologique. S'il n'y a pas d'ouverture métaphysique, à un stade quelconque, le processus se continuera de façon permanente sans jamais permettre une résolution définitive des problèmes. Fondamentalement, ce n'est pas sur le plan émotionnel que peuvent être résolus les problèmes émotionnels, mais grâce à une approche métaphysique.

En conséquence, pour qu'une transformation réelle du psychisme intervienne, une forme de travail strictement psychologique est insuffisante. Plus vous inclurez une dimension métaphysique dans le travail, plus vous aurez une chance qu'il se produise une avancée réelle. Un élément déterminant de la méthode IST est qu'elle vous entraîne dans différentes expériences d'expansion de la conscience parmi lesquelles figure un élément majeur: le fait de revivre des épisodes de vos vies antérieures. Par exemple, les techniques d'IST vous permettent de voyager loin dans l'espace intérieur et de plonger votre regard dans les mondes intermédiaires dans lesquels vous avez voyagé entre la mort et la renaissance. Elles vous permettent également d'entrer en contact avec les anges et de prendre conscience de l'influence de différents êtres n'ayant pas d'existence physique. Tout ceci contribue à l'éveil de votre vision spirituelle. Pour bien comprendre ce qui transforme les êtres dans le processus IST, il est essentiel de réaliser que l'éveil de la vision intérieure est au moins aussi important que la neutralisation des samskaras. Une vision supérieure vous permet de continuer le processus d'exploration psychologique dans de meilleures conditions. Au lieu de tourner sans fin autour des mêmes questions, cela vous permet de plonger dans les couches les plus profondes du corps astral et de parvenir à des expériences métaphysiques du Moi.

Bien entendu, plus vous pourrez neutraliser de charges émotionnelles, le mieux ce sera. Le fait de vous débarrasser des samskaras vous apportera des améliorations indiscutables dans tous les aspects de votre vie, que ce soit votre vie physique, émotionnelle ou spirituelle. Cependant, à elle seule, la libération des samskaras n'est pas suffisante. Si vous voulez tirer le plus grand profit possible des techniques de régression IST, il doit être clair pour vous que leur objectif va bien au-delà du simple traitement des samskaras. IST vous emmènera dans nombre de voyages dans le temps et dans différents mondes et niveaux de conscience. Ces expériences auront pour conséquence une évolution profonde de votre être spirituel et de votre vision intérieure. Elles vous apporteront au moins autant de changements positifs que le nettoyage mécanique de quelques samskaras, sinon plus.

Dans la mesure où la transformation spirituelle est concernée, il n'y a pas de causalité directe. Lorsque vous vous colletez avec les tâches matérielles du quotidien, vous pouvez établir une liste des problèmes et les résoudre les uns après les autres. Le résultat ne se fait pas attendre, vos affaires progressent, vous pouvez voir clairement la mesure dans laquelle la résolution de chaque problème particulier vous a permis de progresser. Dans le travail spirituel, au contraire, les progrès n'ont rien d'aussi mécaniques. Il y a des problèmes et vous vous efforcez de les résoudre, mais les progrès accomplis ne semblent jamais être la conséquence directe d'une action particulière. Vous vous engagez dans des pratiques diverses et à un certain moment, vous réalisez que vous avez changé et que nombre de vos problèmes antérieurs ont disparu. Il est le plus souvent impossible de dire avec précision quand, comment et pourquoi ils ont disparu. Vous avez subi une profonde maturation et vous êtes devenu lentement une personne différente. Vous avez évolué, vous êtes devenu une autre personne et dans cette nouvelle condition, les problèmes d'hier ont tout simplement disparu. Vous prenez alors conscience du fait que les problèmes qui vous tourmentaient étaient la conséquence de ce que vous étiez alors, plus que de quoi que ce soit d'autre. Étant donné que vous êtes devenu différent, ces problèmes ont tout simplement disparu.

7.6 La fin des samskaras

Que deviennent les samskaras, une fois que vous les avez neutralisésgrâce à la pratique des régressions et à l'éveil de la conscience? Ils ne disparaissent pas, ils restent à l'état de germes. C'est déjà une très importante amélioration – vous aviez deux douzaines d'éléphants dans votre living-room et vous les avez transformés en deux douzaines de cafards. Voilà qui va déjà rendre la vie plus facile. Pourtant bien qu'ils soient neutralisés, les germes sont toujours là. Et même s'ils disparaissaient complètement, d'autres feraient leur apparition. Les samskaras sont comme les vagues dans l'océan. 'Détruisez' une vague et une autre apparaît et ainsi de suite, éternellement. Les samskaras sont innombrables et, comme nous avons pu le voir, il y a pour cela une excellente raison – la nature profonde du mental/manas est d'être envahie par les samskaras. La substance même du corps astral est composée de samskaras. Passer votre vie à explorer un samskara après l'autre n'a donc aucun sens.

La vraie solution est d'une nature différente – elle consiste à changer complètement de niveau de conscience. Il est impossible de vider un océan. On peut cependant le rendre moins boueux et trouble en supprimant les principales sources de pollution. Pourtant la vraie réponse au problème n'est pas là, elle consiste à sortir de l'eau boueuse et à se mettre à vivre au grand air. Cela signifie une évolution de la conscience, de émotion à sentiment ou en d'autres termes de manas à buddhi. (manas = le mental-sens opposé à la raison) (buddhi = raison, intelligence, puissance mentale de compréhension), de l'inconscience ignorante du corps astral à la conscience éveillée du corps astral transformé (le Moi-Esprit de la terminologie de Steiner), dans laquelle le Moi rayonne comme un soleil. Cela correspond à une transformation alchimique dans laquelle le corps astral est remplacé par le corps astral ayant subi la transsubstantiation.

Cette transformation est graduelle et, pendant une longue période, l'esprit et ses samskaras sont toujours là, mais ceux-ci deviennent de moins en moins importants. Le mental perd progressivement son emprise sur vous avec ses routines mécaniques. La présence et l'intensité de votre conscience du Moi augmentent jusqu'au point où vous arrivez à une conscience réelle de votre personnalité profonde.

Au fur et à mesure que cette transformation intervient, vous perdez progressivement votre capacité à souffrir. Vous pouvez faire un magnifique cadeau à vos enfants en les aidant à comprendre la différence entre la douleur et la souffrance. Dans la condition humaine présente, la douleur est inéluctable. Aussi longtemps que vous habiterez un corps physique, vous ne pourrez vous empêcher de ressentir la douleur de temps à autre. La souffrance est d'une nature différente. C'est une réaction du mental/manas qui amplifie la douleur et lui ajoute des stimulants divers. Dans de nombreux cas, la douleur est éphémère. Pourtant, si on le veut, on peut toujours en rajouter et souffrir un peu plus, il n'y a pas de limite. Cette connaissance peut être communiquée aisément aux jeunes enfants. Par exemple quand ils se font un peu mal, simulez une terrible souffrance. Roulez-vous par terre pour rire, criez très fort en hurlant: «Je souffre, je souffre», en utilisant toutes vos ressources de comédiens. Ils saisiront le message. Le côté ironique bien sûr c'est que les adultes font exactement la même chose, d'une autre manière, quand ils continuent à amplifier d'insignifiantes vibrations en émotions monstres.

Une des grandes leçons enseignées par IST est que si la douleur est inévitable, la souffrance, elle, ne l'est pas, elle peut être complètement supprimée. Ce n'est pas un objectif métaphysique idéal, mais au contraire un but que vous pouvez parfaitement vous fixer à vous-même si vous êtes prêt à pratiquer la méthode avec persévérance. Si vous combinez la méthode IST et l'observation systématique de vos réactions, vous ne serez pas long à voir vos souffrances s'évanouir.


CHAPITRE 8

SE SOUVENIR DE SES VIES ANTÉRIEURES

8.1 Pourquoi ne se souvient-on pas de ses vies antérieures?

Avant d'examiner le mécanisme au moyen duquel il est possible de se souvenir de ses vies antérieures, examinons les raisons pour lesquelles la plupart des gens, dans les circonstances normales, sont incapables de s'en souvenir.

Il faut tout d'abord rappeler que la plupart des gens sont incapables de se souvenir de leurs rêves. Comment dans ces conditions pourrait-on attendre d'eux qu'ils soient capables de se souvenir de leurs vies antérieures? Fondamentalement, les raisons de cette incapacité sont les mêmes. Pour nous permettre de bien comprendre cette situation, récapitulons quelques détails d'anatomie subtile – la connaissance des corps subtils qui constituent l'être humain dans sa totalité.

  1. Chacun est familier avec le corps physique – celui que les chirurgiens peuvent ouvrir et couper. Comme il est constitué par les nourritures que nous absorbons, la tradition védantique l'a appelé anna–maya–kośa 'l'enveloppe-faite-de-nourriture'.17
  2. Au-delà du corps physique, se trouve le corps éthérique, constitué d'énergie vitale qui est le Qi de la médecine chinoise traditionnelle, et le prāṇa de la littérature sanskrite. Ceci explique le nom prāṇa–maya–kośa 'enveloppe faite de prāṇa' donné à cette couche dans les Védanta. Exactement comme l'eau imprègne une éponge, l'enveloppe de prāṇa ou corps éthérique, pénètre en totalité le corps physique. 18 Il s'étend d'ailleurs un peu au-delà des limites de ce corps physique.
  3. Tant que vous êtes en vie, vos corps physiques et éthériques ne se séparent jamais. Il est par conséquent possible de considérer les deux comme formant une seule et même structure, que, pour notre propos, nous avons nommé le 'complexe inférieur'.

  4. Au-delà des corps physique et éthérique se trouve le corps astral, la couche de mental/manas ou esprit réagissant, dans laquelle se trouvent localisées nos émotions et la plupart de nos pensées. Comme nous l'avons vu précédemment, les samskaras ont leur siège dans le corps astral.
  5. L'Ego est au centre de tous les autres corps. Dans un stade ultérieur, lorsque je traiterai des processus alchimiques plus avancés je serais conduit à distinguer clairement l'Ego, le Moi et L'Esprit. Mais dans le contexte de ce livre, ces distinctions ne se révèleraient pas d'une grande utilité. Aussi, pour simplifier, nous pourrons considérer que les mots Ego (ou Ego supérieur), Moi (ou Moi supérieur) et Esprit sont en fait des synonymes et se réfèrent à la flamme immortelle qui est le centre de l'être humain.

Il est important de noter que le corps astral et l'Ego sont étroitement liés. On pourrait même dire que l'Ego est enchevêtré dans le tissu du corps astral. C'est pourquoi, lorsque vous fermez les yeux, à moins d'avoir suivi un cheminement d'évolution spirituelle, vous n'êtes pas capable de distinguer ce qui dans votre conscience vient du mental et ce qui appartient au Moi supérieur. Vous pouvez savoir, au moyen de votre intellect, que vous avez un Moi supérieur et que ce Moi est le support de votre conscience, comme un écran blanc sur lequel différents films sont projetés. Mais en pratique, le Moi est masqué par le mental/manas de telle sorte qu'il vous est impossible de vous connecter directement à sa lumière. Par conséquent, le premier objectif d'un cheminement spirituel est de séparer le Moi du corps astral.

Aussi longtemps que ceci ne se produira pas, pour citer une comparaison que l'on trouve souvent dans la littérature sanskrite, les deux restent mélangés comme l'eau et le lait dans le même verre. En conséquence, nous pouvons simplifier notre structure à quatre étages en la coupant en deux.

  • Un complexe supérieur [A], constitué du corps astral [2]et du Moi (Ego) [1], qui ne se sépareront pas tant que vous n'aurez pas 'trouvé votre Moi véritable (Ego)'

  • Un complexe inférieur [B], composé du corps éthérique [3] et du corps physique [4], qui ne se sépareront pas, tant que vous serez vivant.



8.2 Plein de trous comme une passoire ou une meule de gruyère

Qu'arrive-t-il quand vous dormez? Le complexe inférieur(corps physique + corps éthérique) restent dans votre lit pendant que le complexe supérieur (corps astral + Moi) s'en vont et voyagent dans différentes sphères. Les deux complexes restent reliés entre eux par ce que certains ouvrages ésotériques désignent sous le nom de corde d'argent. Ainsi, l'éveil et le sommeil correspondent à deux directions différentes prises par le corps astral. Pendant le jour, le corps astral connaît le monde physique par l'intermédiaire des sens du corps physique. Pendant la nuit, il se retire du corps physique et dirige ses activités en direction des différents mondes astraux avec, comme résultat, les rêves et autres états de conscience profonde. Quand il est temps de se réveiller, le corps astral quitte la sphère astrale et réintègre le corps physique.

La raison pour laquelle nous ne nous souvenons que difficilement de nos rêves et autres activités astrales nocturnes, c'est que dans le stade actuel du développement de l'être humain, le corps astral fuit comme une passoire. Il est plein de trous, comme une meule de gruyère. Pire encore, les ponts de communication entre le complexe inférieur (corps physique + corps éthérique) et le corps astral ne sont pas développés correctement. Aussi, même si le corps astral pouvait retenir quelque chose de ses expériences nocturnes, les souvenirs correspondants n'auraient que peu de chances de se frayer un chemin jusqu'à votre conscience éveillée.

Dans sa situation actuelle, le corps astral manque douloureusement de structure et encore plus d'unité. Il apparaît comme un tas de pièces détachées mal assorties. On pourrait le comparer à un puzzle dont les pièces ne s'adapteraient pas les unes aux autres. Chaque pièce du puzzle a ses propres samskaras et ses propres émotions, ses goûts et ses dégoûts. Chaque pièce correspond à une facette différente de votre personnalité. En termes de vies antérieures, chacune de ces pièces a été ajoutée à une période différente de votre passé, sous l'influence d'expériences intervenues dans des vies différentes.

En pratique, cela signifie qu'en tant qu'être psychologique, vous êtes composé de parties différentes ayant chacune son goût propre, son propre passé et ses propres désirs. Par exemple, une part de vous-même peut aimer la lecture d'ouvrages concernant la spiritualité alors qu'une autre partie est particulièrement attirée par les jeux de hasard et les paris sur les courses de chevaux et qu'une troisième aspire à des voyages autour du monde. Chacune de ces parties est l'un des multiples 'traits de caractère' qui constituent votre personnalité. Le terme 'caractère' est tout à fait approprié. En ancien grec, il signifiait une marque imprimée, gravée ou estampillée sur une pièce de monnaie ou un sceau. On parle également de caractère d'imprimerie. Cela correspond parfaitement au mécanisme que nous avons décrit concernant les samskaras. Dans ce contexte, nous pourrions définir un caractère comme une armée de samskaras imprimés sur une certaine partie du corps astral et s'efforçant chacun de satisfaire à tout prix ses propres désirs en fonction de son existence passée.

Le drame de l'existence est que chacun de ces samskaras travaille de façon purement égoïste et ne se préoccupe pas du tout de ce que veulent les autres parties. Par exemple, la partie qui adore les jeux de hasard et les paris se moque complètement de la sagesse décrite dans les livres que votre caractère spirituel accumule avec délice. Aussi, l'interaction de ces différents caractères va souvent vous mettre dans des situations douloureusement contradictoires. Chacun de ces caractères est comme un dictateur potentiel qui a pour seul objectif de s'emparer de votre vie et de la transformer en fonction de ses propres goûts et dégoûts. Par exemple, le 'lecteur' qui est en vous ne pensera qu'à transformer votre maison en une gigantesque librairie alors que le 'joueur' adorerait vous voir obtenir un job en tant que reporter sportif. Le seul intérêt commun partagé par chacun de ces caractères est d'annexer votre Moi autant que possible parce que si votre Moi devait reprendre les rênes, cela signifierait pour eux la fin de tout espoir de suprématie. En conséquence, la réalité sur la vie de la plupart des gens est que le Moi est anesthésié et maintenu endormi dans un coin pendant que des caractères différents se battent sauvagement pour acquérir la souveraineté et la direction des opérations.

8.3 La mosaïque explosée.

Qu'arrive-t-il à votre mort? Le complexe supérieur (corps astral + Ego) se sépare du complexe inférieur (corps physique + corps éthérique) exactement comme lorsque vous vous endormez. Mais, cette fois, la corde d'argent est brisée, et le complexe inférieur est abandonné. Le corps physique commence à se désagréger et le corps éthérique se désintègre dans les couches éthériques de la planète. Il serait inexact de croire que le complexe supérieur va s'en aller et voyager dans les mondes spirituels et revenir exactement dans le même état pour une nouvelle incarnation, après un brin de toilette et quelques améliorations effectuées par les anges.



La situation réelle est dramatiquement différente. Quand la plupart des gens meurent, leur corps astral est gagné par le chaos à cause du manque d'unité précédemment décrite. La multiplicité des caractères n'est pas seulement fonctionnelle, elle reflète le fait que la structure du corps astral est une mosaïque ou une collection de pièces qui sont artificiellement maintenues ensemble tant que vous êtes en vie. Quand vient l'heure de la mort, l'illusion d'unité se dissipe. La façade de la personnalité se lézarde et le corps astral montre ce qu'il est en réalité – une mosaïque explosée.

Pratiquement, cela signifie qu'aussitôt après que la corde d'argent ait été brisée, la plupart des composants du corps astral vont s'envoler chacun dans une direction, comme les oiseaux s'échappent lorsque vous ouvrez la cage.

Pour la personne qui vient juste de mourir, c'est une expérience extrêmement dramatique. Imaginez-vous, mort, flottant dans l'espace astral de couleur pourpre. Vous pouvez voir votre 'amateur de lectures' qui s'éloigne de vous dans une direction alors que le 'flambeur, habitué des champs de course' s'enfuit en direction opposée et que la part de vous-même qui peut s'exprimer en japonais s'enfuit dans une troisième direction. Vous êtes littéralement décapé, démembré. Les parties de vous-même qui étaient tournées vers la joie, la sexualité et les désirs s'en vont vers le monde vital, pendant que les aspects mentaux partent pour le monde mental – et que vous reste-t-il? Votre Ego ou Moi supérieur, avec quelques lambeaux de corps astral. Alors l'Ego ainsi dépouillé peut commencer son voyage au pays des Esprits.

Ceci éclaire ce que Gurdjieff voulait dire quand il déclarait que, pour la grande majorité des êtres humains, cela n'a aucun sens de parler de réincarnation, tout simplement parce qu'ils n'ont pas de corps astral. Plus de quatre-vingt-dix-neuf pour cent des êtres humains ont un corps astral qui n'est rien de plus qu'un vol de papillons. Il va de soi que ces gens vont pourtant se réincarner, mais qu'est-ce qui va se réincarner? Leur Moi supérieur, c'est à dire justement la part d'eux-mêmes dont ils n'ont jamais réussi à avoir nettement conscience pendant leur vie et qui n'a eu virtuellement aucune part dans leurs activités. Pratiquement tout ce qu'ils avaient l'habitude de considérer comme étant 'eux-mêmes' va se désintégrer et retourner à la poussière astrale. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner s'ils ne sont pas capables de se souvenir de grand chose dans leur prochaine vie puisqu'ils ont perdu la plus grande partie de la substance astrale dans laquelle les impressions de cette vie étaient enregistrées. Gurdjieff résume cette situation de façon sévère en déclarant: «La poussière retourne à la poussière.»

8.4 Le Blanc comme vraie couleur du deuil

Malheureusement, tous les fragments du corps astral ne retournent pas à la poussière astrale. Nombre d'entre eux ont une fâcheuse tendance à rester là où ils sont et à se coller aux êtres humains vivants pour essayer de continuer leurs activités.

L'explosion du corps astral est la raison pour laquelle la coutume traditionnelle des Hindous était de ne porter que des vêtements blancs et d'observer au cours des semaines qui suivent le décès de quelqu'un de leur famille un jeûne partiel en évitant principalement les protéines. Les Hindous considèrent que certaines des parties vitales inférieures du défunt peuvent essayer de s'accrocher comme des parasites à d'autres membres de la famille. Le fait de porter du blanc, la couleur de la pureté et d'éviter la consommation de viande et de céréales est considéré comme un ensemble de mesures protectrices destinées à limiter les possibilités de telles intrusions clandestines. 19 Cette coutume est toujours observée de nos jours, même par la population éduquée de l'Inde.

On peut trouver une théorie similaire dans les coutumes de la Chine ancienne. Il est enseigné que le Po, qui correspond aux parties vitales inférieures de l'être humain reste sur terre après la mort alors que le Hun, constitué par les composants les plus spirituels, monte au ciel. Le Po peut même apparaître aux membres de la famille ou aux amis dans les heures ou les jours qui suivent le décès du défunt, comme une effrayante réplique de la personne décédée. Le parallèle avec nombre d'histoires de fantômes est évident. Une analyse détaillée de ces mécanismes peut être trouvée dans mon ouvrage intitulé: Entités, Parasites du Corps d'Énergie.

8.5 Étourderies dues à un manque de présence

Concentrons maintenant notre attention, sur la partie qui n'a pas été annihilée. Le Moi ou Ego étant la flamme éternelle dans un être humain reste intact au cours de cette transition qu'est la mort. La vraie question est évidemment: qu'est-ce qui persiste d'autre? Quels sont les mécanismes par lesquels quelques composants du corps astral sont perdus alors que d'autres restent attachés au Moi et le suivent dans son voyage entre la mort et la prochaine naissance?

La question est importante. En effet, les parties du corps astral qui subsistent et accompagnent le Moi seront le coeur même de votre personnalité dans la prochaine vie. Après la mort, l'Ego passe à travers différentes couches astrales et part ensuite pour le monde des Esprits. Après un séjour dans ces mondes, il retourne sur terre en repassant par les couches astrales. Or, c'est en passant par ces couches astrales, dans son voyage de retour vers la Terre que l'Ego recueille les composants de son corps astral futur. Les parties du corps astral que l'Ego a conservé autour de lui agissent comme un noyau attirant les substances astrales selon leurs propres natures – qui se traduiront dans la vie suivante par des goûts et des dégoûts, aussi bien que par des potentiels émotionnels et mentaux. C'est ainsi, tout ce qui reste attaché à l'Ego après la mort conditionne ce que nous serons dans notre prochaine vie.

Avant de chercher à comprendre comment une certaine mémoire peut subsister dans le noyau central autour de l'Ego, voyons tout d'abord comment la plus grande part a pu être perdue. Lorsqu'ils accomplissent la grande majorité de ce qu'ils font dans leur vie, les gens sont totalement inconscients. Nous avons tendance à effectuer nos activités quotidiennes de façon entièrement mécanique. Nous parlons sans but réel. Nous faisons des choses sans même savoir que nous les faisons. Nous ne sommes pas réellement attentifs à nos actes. Même si nous nous entraînons à être conscient, des portions entières de nos journées peuvent s'écouler avant que nous ne retrouvions le fil de notre conscience. En bref, nous ne vivons pas réellement notre vie, nous la dormons.

En termes de corps subtils, cela signifie que l'Ego ne prend aucune part à ces actions. Les perceptions sensorielles sont reçues dans le corps astral, dans les pièces du puzzle astral. Ensuite, ces pièces réagissent mécaniquement en fonction de leurs goûts et de leurs dégoûts, ce qui signifie de leurs propres samskaras. Les actions réflexes sont accomplies de façon plus ou moins mécanique et l'Ego est court-circuité. Tout reste confiné dans la périphérie de la couche astrale. Rien n'est imprimé dans la proximité de l'Ego, tout simplement parce que l'Ego est absent de l'épisode. Comment l'Ego pourrait-il se souvenir d'un épisode s'il n'y est pas impliqué? C'est là que réside la raison principale du manque de mémoire de L'Esprit: l'inconscience! En termes d'empreinte astrale, il n'y a rien d'autre que de la poussière, qui plus tard, retournera à la poussière.

8.6 Mémoire type 1 – intensité

Il y a pourtant quelques situations dans lesquelles ce schéma de manque de mémoire ne s'applique pas. Supposez que vous vous reposiez sur la berge d'une rivière et que soudain, apparaisse un crocodile, venant de nulle part, qui se jette sur vous. Il est très probable que vous allez devenir super conscient, au moins pour un moment. Imaginez... C'est votre personnalité tout entière qui va se trouver impliquée dans cette situation. Vous êtes totalement présent. Chaque émotion que vous allez ressentir, chaque sensation, chaque perception sera imprimée dans les couches les plus profondes de votre corps astral. Le paroxysme de conscience montre que votre Ego émerge de ses brumes au moins pour un moment. Il y a une irruption de l'Ego dans le monde physique et simultanément un afflux brutal d'informations dans vos couches astrales les plus profondes. Tout un ensemble de perceptions, de sensations et d'émotions sont stockées tout prêt du centre même de votre architecture intérieure. La trace laissée dans votre corps astral par un tel 'package émotionnel' peut en vérité être regardé comme un samskara de première importance. Compte tenu de la profondeur de l'empreinte, toutes les conditions sont réunies pour que vous gardiez avec vous ce fragment de corps astral, pour qu'il reste avec votre Ego, même après le dépouillement intervenant au moment de la mort et pour que vous le rameniez avec vous dans votre prochaine vie.

C'est ainsi que la première catégorie de souvenirs de vie antérieure est constituée par diverses expériences dont la caractéristique commune est l'intensité. Des expériences extrêmement douloureuses peuvent être rangées dans cette catégorie. Chaque fois que vous atteignez un sommet dans la douleur, physique ou émotionnelle, vous devenez automatiquement extrêmement conscient. L'intensité n'est pas d'ailleurs forcément liée à la douleur. Par exemple si, ayant traversé le Pacifique sur un radeau, vous voyez la terre apparaître dans le lointain, ou si vous arrivez soudain à obtenir après des années d'efforts ce que vous recherchiez, l'euphorie du moment vous assurera une empreinte profonde qui sera la source d'une possible remémoration dans une vie future. C'est bien entendu pour cette raison que nombre de régressions dans les vies antérieures dévoilent ce genre d'épisodes intenses.

8.7 Souvenirs type 2 – ouvertures spontanées

De temps à autre, sans aucune raison particulière provenant du monde extérieur, le Moi Supérieur fait irruption, remonte à la surface et se montre à découvert. Un éveil spontané et temporaire se produit. Il peut être ressenti comme une révélation intérieure, un de ces rares moments pendant lesquels on peut voir clairement l'éternité. On se tient à un croisement du temps avec un sentiment intuitif de notre nature éternelle et de son immensité. Mais l'expérience n'a pas besoin d'être grandiose, il peut s'agir simplement d'un moment magique, de quelques secondes au cours desquelles le coeur explose d'une joie sans cause particulière. Ensuite, le sanctuaire se referme de nouveau parce que notre structure tout entière n'est pas préparée à maintenir la connexion.

Pendant ce moment d'ouverture, un lien a été établi entre la surface et les profondeurs, entre la conscience du monde physique et celle du Moi supérieur. Les conditions nécessaires sont remplies pour qu'une empreinte soit faite, suffisamment profonde pour qu'elle puisse durer au-delà du chambardement astral qui suit la mort. Les circonstances, les sentiments, les sensations et les perceptions intervenant au cours d'un tel moment sont mémorisées au-delà du temps.

8.8 Souvenirs type 3 – le corps d'immortalité

La pratique constante de la vigilance de la conscience qui est la base même de nombreux itinéraires de transformation du Moi tend à multiplier les occasions pendant lesquelles le Moi supérieur s'implique dans la vie quotidienne. Il en résulte une multiplication des germes de souvenirs futurs.

Dans les chapitres précédents nous avons souligné les transformations qui conduisent des émotions aux sensations, de manas à buddhi, de la réaction et du conditionnement à la spontanéité de l'Ego. Cette transformation graduelle accompagne le développement d'une nouvelle couche, d'un 'corps astral transformé' appelé Moi-Esprit (Spirit-Self) par Steiner et qui correspond à la vijñāna–maya–kośa de la tradition védantique. Le corps astral, siège des samskaras perd sa prédominance et se trouve progressivement remplacé par cette nouvelle couche dans laquelle l'Ego s'exprime lui-même directement. Parallèlement au remplacement des émotions par des sentiments, un nouveau mode de penser fait son apparition. Il n'est désormais plus déconnecté de l'Ego, mais émane au contraire de lui. Ce développement du corps astral transformé correspond à l'épanouissement d'une nouvelle conscience intérieure directement connectée au Moi Supérieur.

Une autre différence majeure entre corps astral et corps astral transformé est que le corps astral est constitué de composants séparés essayant en permanence d'échapper à l'autorité de l'Ego. Le corps astral transformé, au contraire, est unifié autour de l'Ego, complètement envahi par sa lumière et sa vie. Il ne peut pas être séparé de l'Ego car il n'est rien d'autre en fait que la radiation de l'Ego. Le corps astral est composé de poussière astrale coagulée alors qu'en ce qui concerne le corps astral transformé, c'est le Moi lui-même qui est vivant. La substance dont est composé le corps astral transformé peut être virtuellement considérée comme le Moi par excellence. Le Moi le génère comme l'araignée sécrète sa toile.

En conséquence, le corps astral transformé reste intact après la mort, alors que le corps astral vole en éclats. Les souvenirs stockés dans le corps astral transformé sont donc gardés éternellement. Du point de vue de la structure, nous pouvons en conséquence distinguer deux types différents de matériaux venant des vies antérieures: les samskaras qui ont été imprimés si profondément dans le corps astral qu'ils restent accrochés au Moi de vie en vie et les souvenirs du corps astral transformé qui demeurent perpétuellement dans la substance impérissable du corps d'immortalité.

Pourtant, la situation n'est pas tranchée de façon aussi claire. Il y a en effet une longue période de transition pendant laquelle la conscience opère partiellement dans le corps astral et partiellement dans le corps astral transformé, la proportion dépendant de votre niveau de développement. Structurellement, il en résulte un réseau astral composé de morceaux enchevêtrés de ces deux véhicules. Quelques souvenirs sont emmagasinés, à la fois dans le corps astral et dans le corps astral transformé ou même à moitié dans l'un, à moitié dans l'autre.

Qu'il n'y ait pas de confusion ! En ce qui concerne la vaste majorité des êtres humains, le corps astral transformé reste un idéal éloigné. Le mécanisme des souvenirs des vies antérieures à travers le corps d'immortalité ne s'applique pas, tout simplement parce que le corps astral transformé n'est pas construit. Seules les personnes qui ont suivi, dans cette vie ou dans une vie précédente, un long processus de développement spirituel ont acquis des rudiments de corps astral transformé. Dans la grande majorité des cas, quand une expérience de vie antérieure se produit c'est par l'intermédiaire des empreintes laissées par les samskaras, comme cela est décrit dans la section 'Souvenirs type 1 – intensité'.


CHAPITRE 9

COMMENT RETROUVER LA MÉMOIRE

9.1 Intrusion dans les souvenirs des vies antérieures

Après avoir analysé la manière dont quelques souvenirs sont conservés d'une vie à l'autre, regardons maintenant le problème sous un autre angle. Au moyen de quels mécanismes peut-on recouvrer quelques-uns de ces souvenirs? Comment peut-on se souvenir de certains évènements concernant ses vies passées?

S'il est un sanctuaire intérieur dans lequel les souvenirs de notre lointain passé peuvent être trouvés, cet endroit est situé bien au-delà de notre conscience éveillée de tous les jours.

La vie consciente de la plupart des gens est confinée à la 'mémoire verbale', la couche la plus superficielle du corps astral. Souvenez-vous du chemin suivi par l'Ego après la mort. S'étant débarrassé de certains morceaux du corps astral, il voyage à travers différentes couches astrales et ensuite dans les mondes des Esprits. Ensuite, l'Ego retourne dans les mondes de l'astral, rassemblant de la matière astrale autour de lui. Le noyau qui subsiste après le grand bouleversement joue un rôle clé dans la qualité de la matière astrale qui est ainsi rassemblée. Le corps astral transformé ou même simplement son ébauche pourrait même jouer un bien plus grand rôle encore dans la structuration d'un corps astral harmonieux. Malheureusement, chez la vaste majorité des êtres humains, le corps astral transformé est à peine esquissé et ne joue qu'un rôle négligeable. C'est ainsi qu'en définitive, c'est le noyau dur des samskaras des existences passées qui joue le rôle prédominant en attirant la matière de notre prochain corps astral. Ce noyau dur est en fait bien mince et s'entoure d'un grand nombre de couches différentes.

Après la naissance, vous apprenez progressivement à utiliser votre mental. Cela signifie que vous expérimentez des pensées ou des émotions dans votre corps astral. Mais cela se produit principalement par des stimulations externes. Les couches superficielles du corps astral sont façonnées de l'extérieur par votre éducation et par tout ce que vous recevez de vos parents et de votre culture. Dans les couches superficielles du corps astral, vous travaillez avec les éléments reçus du monde extérieur. Il en résulte une polarisation du corps astral et une tension entre les impulsions profondes provenant des impressions venant des vies antérieures ainsi que des impressions rassemblées au cours de cette vie. Une part importante de vos capacités mentales, de votre sensibilité artistique, de votre stabilité émotionnelle et d'autres qualités dépendent de la manière dont est réussi le mariage entre les influences internes et externes, c'est à dire entre le matériel que vous avez apporté avec vous en provenance de vos vies antérieures et celui que vous avez accumulé dans la vie présente.

La couche superficielle, ce qui signifie votre esprit conscient, est constamment influencée par des émotions et des réactions diverses venant des samskaras des profondeurs. Mais ces samskaras ne sont jamais visibles car la zone tampon est trop épaisse.

Si vous voulez vous souvenir de vos vies antérieures, il vous faut creuser dans les couches les plus profondes de votre inconscient. Ceci requiert une énergie qui vous permette de les percer et d'atteindre ainsi les parties du corps astral proches du noyau central du Moi – les parties dans lesquelles les souvenirs des vies antérieures sont inscrits. C'est cette énergie qui fait toute la différence entre les régressions et les autres techniques de psychothérapie. Pourquoi la psychanalyse ne conduit-elle pas aux régressions dans les vies antérieures? Simplement parce que la psychanalyse manque de cette énergie permettant cette percée. Pourquoi tant d'initiés, Chrétiens, Gnostiques, Hindous et Bouddhistes se souviennent-ils de leurs vies antérieures? C'est parce que, ayant trouvé leur Moi, ils ont accès à l'énergie mentale et au matériel qui est localisé tout près du Moi. Pourquoi les régressions sont-elles plus faciles à obtenir de nos jours qu'au cours des années soixante-dix et pourquoi ce phénomène se développe-t-il aussi vite aujourd'hui ? Parce que, à cause d'un éveil de la conscience collective, l'énergie nécessaire est d'un accès bien plus facile aujourd'hui qu'il n'avait coutume de l'être.

Le fait que l'état de régression provienne de cette énergie explique pourquoi, une fois que vous êtes familier avec la technique IST, vous n'avez que très peu de choses à faire pour permettre à un 'client' de régresser. L'énergie fait le travail pour vous, à travers vous. Pour les mêmes raisons, vous n'avez pas besoin d'une grande connaissance pour être un bon connecteur. Ce dont vous avez besoin, c'est d'être capable de vous régler, de vous accorder et de laisser la force agir par votre intermédiaire, à travers vous. Si vous êtes trop savant, alors il vous faut oublier tout ce que vous savez. Toute l'information requise pour conduire une bonne régression est contenue dans l'énergie et si vous essayez d'appliquer ce que vous savez et non pas ce que vous dicte l'énergie, les résultats seront médiocres et vous manquerez souvent ce qui est le plus important.

Cela explique également pourquoi, après que vous ayez conduit un grand nombre de sessions IST, vos clients se mettent à régresser avant même que vous ayez commencé à mettre en oeuvre les techniques. L'énergie s'écoule à travers vous comme un fleuve de vie, elle ne se soucie guère des techniques.

Qui sont les bons sujets pour les régressions? Ce sont ceux qui peuvent se connecter à cette énergie, qui peuvent s'ouvrir à elle et la recevoir, qu'ils soient jeunes ou vieux, en pleine santé ou malades. Qu'ils croient ou non aux vies antérieures n'a aucune importance, à condition qu'ils puissent être ouverts. Quelques incrédules notoires sont capables de se connecter immédiatement, alors que d'autres qui croient dur comme fer à la réincarnation ont tendance à nourrir de grands espoirs qui, en fait, bloquent le flot d'énergie. Leurs idées préconçues empêchent purement et simplement l'énergie de s'exprimer.

9.2 Le flash d'astralité

Étant donné que les samskaras sont emmagasinés dans des zones du corps astral que votre conscience éveillée ne peut habituellement pas atteindre, il s'ensuit qu'un souvenir concernant une vie antérieure ne peut être retrouvé que si un lien est établi entre la mémoire consciente et ces couches profondes du corps astral.

Certains signes indiquent quand cette connexion a été faite. Par exemple, une certaine sensation fait son apparition dans la pièce. L''atmosphère' change complètement, comme si un flash d'énergie astrale était intervenu autour de vous. Si vous avez pratiqué les techniques mentionnées dans L'Éveil du Troisième Œil, vous pourrez peut-être reconnaître certains autres signes. En particulier, la pièce apparaît soudain plus noire à vos yeux, les couleurs ont l'air plus lumineuses, comme si chaque couleur était composée par des milliers de points brillants? Bien entendu, ce n'est pas la pièce qui devient noire, mais votre perception qui s'ouvre à l''obscurité visible' surimposée à la lumière de la pièce. Vous pouvez aussi ressentir parfois une sensation caractéristique dans les reins, à cause de l'étroite connexion de ces organes avec le corps astral.

Même si vous n'êtes pas familier avec ces signes, vous pouvez apprendre facilement à reconnaître ce 'flash d'astralité' qui accompagne l'état de régression. L'énergie dans la pièce devient soudain plus 'dense'et l''état de la conscience' devient dans une certaine mesure similaire à celui des rêves. (Souvenez-vous de l'état dans lequel vous vous sentez à votre réveil, juste après un rêve!) Cela ne veut nullement dire que régression et rêves sont identiques! Les deux états sont tout à fait différents. Pourtant les deux impliquent une réorientation de la conscience vers les couches astrales ce qui explique cette même ambiance.

9.3 Le contenu des souvenirs de vies antérieures

L'analyse des mécanismes de la mémoire des vies antérieures présentée dans le chapitre précédent nous permet de tirer quelques conclusions quant au contenu de ce type de souvenirs. Il ne faut bien entendu jamais oublier que nous abordons un domaine qui est bien loin des aspects ordinaires de l'existence. Il importe donc de se garder de toute généralisation hâtive. Avec les régressions, tout est virtuellement possible! Il ne faut donc pas présumer que toutes les régressions dans les vies antérieures seront du même type que celles indiquées ci-dessous. Cependant, une claire compréhension de certains mécanismes permettra aux connecteurs de mieux venir en aide à leurs clients. La méconnaissance de ces principes peut conduire à d'énormes erreurs qui feront avorter la régression dès les premières minutes de l'expérience.

Revenons à l'exemple du féroce crocodile qui se jette soudain sur vous dans une vie antérieure. Quel sera le contenu exact du corps astral? Ce sera l'état dans lequel se trouvait votre mental à ce moment précis, en commençant par la peur, bien entendu et toute l'ambiance émotionnelle qui l'accompagne – vous pourriez dire le 'goût' de la situation – les pensées qui vous viennent ainsi que toutes les perceptions et sensations de cet instant: les couleurs du paysage, les odeurs du marécage, la sensation de chaleur, le contact de vos habits et le vent sur votre peau, un enregistrement de ces instants, semblable à un film, avec les plus minuscules détails, aussi bien en vous qu'à l'extérieur.

Maintenant, voyons ce qui n'a pas été enregistré? Ce sont tous les éléments de votre vie qui étaient dans votre esprit à ce moment précis. Votre adresse par exemple ou la date, le nom du pays, même votre nom. Parce que, le premier réflexe, lorsque l'on est confronté à un crocodile, n'est pas de se dire: «Nous sommes en 1854, je suis en Afrique, mon nom est Wolfgang et je suis explorateur.»

Une autre chose qui n'est pas notée non plus ce sont les jugements que vous pouvez avoir portés plus tard sur la situation tels que: «Comme j'ai été brave!» ou «Quel imbécile j'ai fait!» ou «J'aurais dû agir de façon complètement différente!» Tous ces commentaires, ces jugements ne peuvent pas avoir été enregistrés dans le 'film' car ils sont intervenus plus tard. Le processus d'enregistrement peut être comparé à celui de la boite noire d'un avion de ligne. Elle enregistre tous les paramètres à un moment critique.

9.4 L'art d'accoucher

Ainsi, un souvenir véritable d'une vie antérieure est habituellement très simple. C'est un package d'émotions, de sensations, de sentiments et d'images relatives à un moment particulier – le moment où sous la pression de l'émotion votre Moi s'est 'réouvert'. Tout a été enregistré et emmagasiné avec la plus grande précision et le client revit la scène exactement comme si le crocodile était en face de lui. Son corps peut même prendre la même attitude que dans la scène et toutes les émotions et toutes les sensations sont évoquées comme si elles se produisaient ici et maintenant.

Pourtant, revivre l'épisode n'est nullement traumatisant. Le client reste en effet parfaitement conscient de qui il est maintenant, de la pièce dans laquelle la session est conduite, du matelas sur lequel il est allongé, de la voix du connecteur, etc. Plus encore chaque fois que l'état IST est atteint, une certaine ouverture métaphysique se produit qui ajoute un arrière plan de grande sérénité à l'expérience, quelle que puisse être l'intensité de l'épisode. Il faut aussi considérer que la charge émotionnelle du samskara pesait lourdement sur les épaules du client. En conséquence, revivre ce traumatisme passé s'accompagne d'un immense soulagement, comme si un poison violent venait d'être éliminé.

Revenons à la manière dont le client entre dans l'expérience de régression. Dans quelques cas extrêmes la scène tout entière va revenir en une seconde comme un flash-back, accompagnée de tous ses détails. Mais, dans la plupart des cas, tous les composants de la scène ne reviennent pas en même temps. L'expérience commence graduellement. Quelques détails seulement reviennent à la mémoire du client. Par exemple, le client croit entr'apercevoir quelque chose ou ressentir une émotion. Il dit au connecteur: «J'ai peur» ou «Je déteste cette personne». Ou l'expérience peut débuter par une sensation, de froid par exemple et le client se met à frissonner, même par un jour de canicule. Ou le client déclare: «Je viens de recevoir un coup dans les côtes.» ou «Il y a un poids énorme sur mes épaules.» Ces premières impressions sont souvent très faibles. Elles constituent le premier fil conducteur qui doit être suivi avec la plus grande attention pour récupérer progressivement de plus en plus d'éléments de la scène et ce, jusqu'à ce qu'elle soit reconstituée dans son ensemble.

Le connecteur a une tâche extrêmement délicate. Une méconnaissance des mécanismes de la mémoire peut conduire à poser au client les mauvaises questions au risque de perdre le fil au lieu d'entrer de façon déterminante dans l'état de régression. À ce stade les clients dérivent entre deux états de conscience: l'état normal de veille et l'état de régression. Ils ne perçoivent que quelques sensations de la scène ou des détails. Ils ont besoin d'aide pour entrer plus avant dans l'état de régression et c'est le rôle du connecteur de leur fournir cette aide en leur posant certaines questions. Mais il est capital que ces questions soient judicieusement choisies.

Supposez par exemple que le connecteur demande: «Quel est votre nom?» ou «Dans quel pays vous trouvez-vous?» Cela ne fera que créer une certaine confusion dans l'esprit des clients car, à ce stade, ils n'ont pas la moindre idée de ces détails. Ils ne perçoivent encore qu'à peine dix pour cent de la scène. Comment pourraient-ils bien savoir de quel pays il s'agit? Comme nous l'avons vu précédemment, quand on est attaqué par un crocodile, on ne se polarise pas d'habitude sur les considérations géographiques. Dans l'état où ils sont, les clients ne peuvent tout simplement pas répondre à ce genre de questions – ces détails sont, pour eux, hors d'atteinte. Aussi, que va-t-il se passer? Pour trouver une réponse, le client va être obligé de réfléchir, c'est à dire de retourner à son état de conscience habituel. En moins d'une seconde, ils sera sorti de l'état de régression et toute l'expérience sera irrémédiablement gâchée. Pour la même raison, à ce stade extrêmement fragile, si le client ne peut pas répondre à l'une de vos questions, n'insistez surtout pas, posez une autre question. Plus tard, lorsque le client sera fermement établi dans l'état de régression, la situation sera complètement différente, si aucune réponse n'est donnée à une question, cela sera très probablement dû à un mécanisme de résistance et le connecteur devra insister.

Dans les premières minutes d'une régression, les bonnes questions sont celles qui obtiennent une réponse immédiate ne nécessitant aucun effort. Elles se réfèrent à des éléments qui sont à la portée du client, même s'il n'en est pas encore conscient. Par exemple, «Êtes vous grand ou petit?» ou «Quel temps fait-il autour de vous: froid ou chaud?» Pour répondre, le client n'a pas à réfléchir, mais juste à ressentir. De cette manière, vous lui permettez de pénétrer plus avant dans la scène en ajoutant graduellement des éléments supplémentaires, jusqu'à ce qu'il plonge complètement dans l'expérience et se mette à revivre l'épisode. Somme toute, le processus n'est pas très différent d'un accouchement.

9.5 Exemples de plongée réussie

Ces mécanismes ne s'appliquent pas seulement au souvenir des épisodes de vies antérieures, mais aussi à des scènes de la petite enfance ainsi que nous le verrons dans les exemples suivants.

 

Étude de cas – Simone, âgée de cinquante deux ans.

Le début de la session a été douloureux et agité, comme si Simone était grosse de cette expérience, mais incapable d'en accoucher. Après une demi-heure de travail – comme dans un accouchement? – l'atmosphère change de façon soudaine dans la pièce et l'on peut recenser tous les éléments constitutifs du flash d'astralité évoqué précédemment.

Que ressentez-vous maintenant? – Je ne sais pas, je me sens très étrange. [A ce stade, le client ne peut rien voir de l'épisode. Mais la solution est proche, d'où la sensation d'étrange.]

Est-ce que vous vous sentez de sexe masculin ou féminin? - Euh, Ni masculin ni féminin [Cette question est prématurée et n'aide pas réellement à engager le processus.20 Mais la question suivante déclenche un déclic.]

Selon vous fait-il jour ou nuit? – Nuit.

Avez-vous le sentiment d'être grand ou petit? – Petit, petit... vide... tout seul... [Simone se met en boule et croise ses bras contre sa poitrine. Elle est un pas plus loin dans l'expérience, mais tout est encore flou. Grâce aux questions suivantes la situation commence à lui apparaître clairement.]

Que voulez-vous? – Ma mère! Je veux ma mère!

Est-elle avec vous? – Non! Non! Non! J'ai faim et personne ne me donne à manger. [Simone se met à crier avec de gros sanglots, suçant son pouce. À partir de là, elle peut voir tous les détails: les meubles de la pièce, la couleur des rideaux, etc. Ensuite, la régression se déroule plus ou moins toute seule.]

 

Étude de cas – Un homme de vingt-sept ans. Au début de la session, un point très douloureux se révèle sous l'omoplate gauche. Après avoir travaillé sur le point pendant quelques minutes, l'énergie se met à changer dans la pièce. La douleur disparaît et le client devient très tranquille.

Que ressentez-vous? – [Pas de réponse. Tout est encore très flou.]

Comment sentez-vous votre corps, gros ou petit? – Gros.

Sentez-vous que vous bougez ou que vous êtes immobile? – Immobile.

Dans quelle position? – Allongé sur le dos. Dans un lit.

Vous vous sentez jeune ou vieux? – Vieux. [Toutes ces réponses viennent immédiatement et sans effort de réflexion. Le ton de voix du client change progressivement, ce qui montre que le client commence à être plus sûr de ce qu'il ressent. Le déclic se produit après la question suivante.]

En bonne santé ou malade? – Fatigué, très fatigué. C'est comme si j'allais mourir... et que je l'accepte. Cela a été bon! Mais en même temps, je me sens en colère. [Le client est maintenant complètement dans l'épisode et à partir de là, il y reste.]

Y-a-t-il une raison pour cette colère? – J'étais sur le point de dire quelque chose à mon fils.

Comme quoi par exemple? – J'étais sur le point de lui dire que l'aimais. J'ai le sentiment que ma vie a été gâchée parce que je n'ai jamais pu lui dire que je l'aimais.

Avez-vous le sentiment d'être seul ou y-a-t-il quelqu'un à côté de vous? – Je ne suis pas seul il y a quelques esprits autour de moi.

À quoi ressemblent-ils? – Ils sont amicaux. Ils me connaissent. Ils sont autour de mon corps et ils attendent que je meure complètement. Ils me disent: «Vous êtes déjà passé par-là avant.» Ils ressemblent à des amis que vous n'avez pas revus depuis un bout de temps.Mais je veux parler à mon fils.

9.6 L'ouverture métaphysique

Une fois que les clients sont fermement établis dans l'état de régression, on peut leur poser toutes sortes de questions. La manière dont chaque phrase est pesée et formulée est encore importante pour que la session puisse continuer correctement, mais il y a beaucoup moins de risques que l'expérience soit soudain interrompue et perdue.

Le contenu de la conscience du client pendant qu'il est dans un état de régression est un mélange étrange dans lequel le passé et le présent sont superposés l'un sur l'autre. Le client revit l'épisode exactement comme s'il se déroulait la sous ses yeux. Il ressent les émotions et les sensations correspondantes. C'est comme s'il entrait dans un autre corps, comme s'il était une autre personne – une autre personne qui lui serait très familière.

Vous pouvez avoir une idée de cette continuité si vous vous rappelez comment vous vous sentiez étant jeune enfant. C'était un 'vous' très différent de ce que vous êtes maintenant, mais il y a cependant une certitude intérieure, sans l'ombre d'un doute, que c'était bien vous-même. Au cours de la régression, c'est une extension de cette expérience qui se manifeste. Vous avez la même certitude intérieure de votre identité, même si le 'vous' de votre vie antérieure est de loin plus différent de votre 'vous' actuel que ne l'est celui de votre petite enfance. Mais, c'est toujours le même 'vous'. L'expérience de cette identité est d'une nature métaphysique et ne peut pas être totalement comprise aussi longtemps que vous n'êtes pas passé par-là vous-même.

Ainsi, pendant la régression, vous avez la superposition de deux 'vous' – vous dans le passé et vous dansle présent. Dans la technique de régression IST, l'hypnose n'est pas utilisée ni quoi que ce soit qui puisse diminuer votre conscience du présent. Vous restez parfaitement conscient de vous-même ici et maintenant et à tout moment, vous pouvez choisir de vous déconnecter de l'état de régression pour n'être plus conscient que de la pièce dans laquelle vous êtes, de votre corps et de votre 'vous' présent.

La superposition des deux 'vous', le passé et le présent, est une expérience absolument fascinante. Car vous avez changé. Le 'goût' de votre environnement intérieur est devenu complètement différent. Et cependant, c'est le même 'vous', il ne peut y avoir le moindre doute. Peu importe l'époque à laquelle s'est déroulé l'épisode que vous revivez. Que ce soit il y a des centaines ou même des milliers d'années n'a aucune importance, la continuité du Moi n'est en rien affectée par le temps.

Et voilà, vous vous trouvez à la croisée du temps. Réalisant soudain que 'vous' pourriez finalement être très différent de ce que vous avez cru être jusqu'à ce jour. Vous devenez soudain conscient du fait que vous vivez votre vie dans une boite d'allumettes. Vous réalisez que vous avez tendance à confiner votre existence à un nombre très limité d'émotions et de sentiments, à suivre toujours les mêmes routines répétitives. Au même moment, vous pouvez voir que vous êtes infiniment moins limité et qu'il n'est pas obligatoire qu'il en soit ainsi. La superposition de vos personnalités passée et présente vous permet de jeter un coup d'oeil dans l'incroyable profondeur de votre Moi. C'est une immensité sans fin, une explosion immobile. Soudain, vous êtes, vous existez au sens fort du terme. C'est l'expérience la plus déterminante que peut vous offrir la technique des régressions – et également la plus propre à vous guérir. Un simple aperçu de votre nature réelle peut vous apporter plus de changement que des années de discussion et d'analyses de vos problèmes. Car, en définitive, on ne se débarrasse pas de ses problèmes en s'occupant des samskaras, mais en prenant possession de son Moi.


CHAPITRE 10

FOIRE AUX QUESTIONS

10.1 Pourquoi se focaliser sur les émotions négatives au lieu de travailler seulement à illuminer la conscience? N'est-ce pas donner de l'importance au conditionnement négatif que de dépenser de l'énergie pour l'étudier.? Pourquoi ne pas simplement chercher à apporter la lumière.

Supposez qu'il y ait un rat mort sous votre canapé. Vous pouvez disposer quelques jolies couvertures neuves sur le sofa de telle sorte que personne ne puisse voir le rat. Vous pouvez acheter des fleurs et essayer de couvrir la puanteur avec un parfum délicieux. De cette manière, chaque fois que vous serez dans cette pièce, vous vous concentrerez sur le suave parfum des fleurs afin de ne pas prêter attention à l'odeur fétide du rat crevé. Mais est-ce réellement La solution?

Une autre attitude, adoptée communément, consiste à éviter cette pièce et à vivre uniquement dans le reste de la maison. Beaucoup de gens procèdent ainsi. Ils s'efforcent d'éclairer de mieux en mieux certains aspects de leur personnalité et laissent quelques recoins obscurs sans jamais y jeter le moindre regard. Résultat: le fossé entre le côté clair et le côté obscur ne fait que s'approfondir ce qui n'est aucunement souhaitable. Lorsque certaines personnes recherchant une évolution spirituelle n'arrivent à aucun résultat tangible alors qu'elles ont la sensation d'avoir fait 'tout ce qui était en leur pouvoir', c'est habituellement parce qu'elles ont adopté une telle attitude.

Un problème supplémentaire vient du fait que les hommes ont atteint un stade de développement où il y a des rats crevés virtuellement dans tous les recoins de leurs maisons ce qui rend de plus en plus difficile la politique de l'autruche. Il finit par ne leur rester rien de plus qu'un minuscule placard au grenier dans lequel se sentir 'parfaitement confortable' et parvenir à la réalisation cherchée.

Vous pouvez aussi choisir l'attitude de l'ascète. «Cette maison n'est qu'une illusion pure et simple; je l'ai toujours, détestée, je vais m'installer sur le toit et ne jamais remettre les pieds dans cette pagaille.» Alors, vous pouvez être en pleine lumière spirituelle sur votre toit sans avoir à vous préoccuper des cadavres à l'intérieur de la maison. Mais dans ce cas, vous êtes mort au monde, vous êtes enfermé dehors. La seule chose que vous puissiez faire pour les autres êtres humains qui vous entourent, c'est de leur enseigner comment quitter sa maison pour «vivre dans la pleine lumière spirituelle» ... sur le toit.

La perspective de l'alchimie intérieure est différente, son objectif est de transformer le véhicule de la conscience. Elle vise à une illumination dans le monde, non hors du monde. Dans cette optique, vous devez impérativement réparer les dégâts, vous ne pouvez simplement les ignorer. Vous devez travailler à éclairer toutes les pièces de la maison, sans exception. Il n'est pas raisonnable de penser que vous puissiez y parvenir sans vous donner la peine de déplacer le canapé afin de vous débarrasser des cadavres.

10.2 Nous est-il vraiment nécessaire de passer par une régression pour nous débarrasser des samskaras? Après tout, de nombreux maîtres hindous ont atteint la réalisation par la méditation, sans se préoccuper de catharsis émotionnelle.

En premier lieu, vous devez réaliser que l'environnement psychologique d'un disciple hindou cinquante ans auparavant ne peut être comparée à celui d'un chercheur élevé, de nos jours à Los Angeles ou à Milan. Notre civilisation a atteint un niveau de névrose sans précédent et avant de chercher à devenir supérieur à la normale, il serait sage de chercher d'abord à devenir normal. Aussi longtemps que les problèmes au niveau de l'existence avec papa-maman et les petits amis, n'ont pas été clarifiés, à quoi bon se raconter des histoires et prétendre vivre une vie divine? Une telle attitude pourrait entraîner le risque de méditer pendant cinquante ans sans aucun résultat, simplement parce que le réseau embrouillé de vos réactions mentales ne peut en aucun cas être comparé à la simplicité émotionnelle du peuple indien d'il y a quelques décennies. De nos jours, l'Inde a beaucoup changé et le niveau de névrose n'y est plus très différent du nôtre.

En outre, il serait particulièrement injuste de prétendre que les disciples hindous ou bouddhistes ne doivent pas passer par un long et pénible processus de catharsis émotionnelle avant d'accéder à leur glorieuse méditation. Mais ce travail sur les samskaras était réalisé d'une manière différente.

Trouver un maître n'était pas chose facile. Aux Indes ou au Tibet, il n'y a pas encore très longtemps, les candidats disciples devaient souvent voyager pendant plusieurs années et faire face à toutes sortes de périls avant de pouvoir rencontrer un maître – cela représentait d'ailleurs en soi une ordalie initiatique.

Une fois le gourou trouvé, les ennuis du disciple ne faisaient que commencer. Les traditions hindoues et bouddhistes sont pleines d'histoires de maîtres qui ont conduit leurs disciples aux limites de la folie dans le but de les aider à se débarrasser de leurs idées préconçues et de leurs samskaras. Ce n'est qu'après avoir été 'cuisiné' de cette manière pendant des années que le disciple pouvait accéder à l'initiation.

Prenez par exemple l'histoire du grand maître Milarepa. Au cours de ses années de préparation son gourou, Marpa, lui demanda de construire une maison circulaire sur une colline, après ce travail, Milarepa devait recevoir son initiation. Lorsque Milarepa eut construit la moitié de la maison, Marpa revint et dit: «Écoute fils. Je pense que ce n'est pas vraiment un bon endroit pour construire une maison. Aussi, tu vas la démolir et remettre les pierres là où tu les as trouvées.» Milarepa trouva cette nouvelle difficile à avaler, mais il fit ce qui lui était demandé. Une semaine plus tard, Marpa emmena Milarepa sur une autre colline et lui dit: «C'est ici que je veux la maison et elle doit être semi-circulaire.» Impatient de recevoir son initiation, Milarepa commença immédiatement la nouvelle construction.

Quand Milarepa eut construit environ la moitié de la maison semi-circulaire, Marpa revint et dit: «Quelle est cette ridicule cabane que tus es en train de construire là?» Milarepa resta quoi et quand il réussit enfin à bégayer qu'il ne faisait que suivre les instructions qui lui avaient été données, Marpa répondit, «Moi, j'ai dit ça? Je devais avoir trop bu ce jour là, mais aujourd'hui, je ne suis pas ivre et j'ai bien réfléchi au sujet de cette maison. Une construction conforme à la pensée mystique tantrique doit être triangulaire. Aussi, tu vas démolir ta cabane, transporter toutes les pierres sur la colline là-bas et me construire une maison tantrique.» Milarepa défaillit presque quand il entendit ces mots. Marpa ivre, comment était-ce possible? Et cette maison à rebâtir une fois de plus! Milarepa était épuisé, ses mains étaient pleines d'ampoules, et il avait une large plaie sur son dos qu'il ne voulait pas montrer à Marpa de peur de lui déplaire. Milarepa était découragé et confus, mais il voulait réellement trouver la Vérité. Il était devant une alternative: ou bien s'en aller et renoncer à l'initiation ou s'en remettre inconditionnellement à Marpa et persister dans la construction. Aussi rassembla-t-il ses dernières forces et commença-t-il à démolir sa magnifique maison semi-circulaire et à transporter les pierres sur l'autre colline.

Lorsque Milarepa eut terminé environ un tiers de la maison triangulaire, Marpa arriva sur le site. Il avait l'air très en colère. Il hurlait: «Espèce de sale sorcier! Est-ce que tu réalises que la forme de ce bâtiment va attirer tous les démons du voisinage? Est-ce que tu as décidé de me détruire moi et toute ma famille? Qui t'a dit de construire une maison aussi monstrueuse? Submergé par le désespoir, Milarepa put à peine articuler: «Mais, c'est vous qui m'avez demandé de le faire!» La colère de Marpa devenait de plus en plus terrible. «Infâme menteur!» dit-il «Je n'ai jamais demandé ça! Comment peux-tu être aussi insolent? Et tu voudrais que je t'initie! Démolis cette maison immédiatement et va remettre les pierres là où tu les as trouvées.» et Marpa s'en alla. La nuit qui suivit était une nuit sans lune – la nuit la plus noire de toute la vie de Milarepa. Il s'effondra purement et simplement; sa structure mentale avait complètement volé en éclats. Mais malgré cela, il ne partit pas.

Le matin suivant, Marpa envoya sa femme chercher Milarepa. Ils lui donnèrent un excellent repas et soudain Milarepa vit la fin de toutes ses épreuves, et crut qu'il allait enfin être initié. Mais pas du tout!! Marpa continua à lui faire construire et démolir des maisons pendant des années, certaines carrées, certaines avaient neuf étages et il utilisa bien d'autres artifices pour maintenir Milarepa dans un état constant de désespoir. Milarepa fut souvent sur le point de se suicider.

Et puis un jour où son désarroi était total, et à sa grande surprise, Milarepa reçut soudain cette initiation si longtemps attendue. Ensuite, Milarepa devint un des plus grands gourous de la tradition tibétaine.

Il faudrait un grand nombre de livres pour contenir les histoires similaires dans lesquelles les gourous ont mis leurs disciples dans des conditions impossibles pour les aider à expulser leurs samskaras. Ces épreuves peuvent être regardées comme l'équivalent du travail accompli au moyen des régressions – qui vues sous cette nouvelle perspective, n'est après tout pas aussi dur qu'on veut bien le dire.

10.3 Comment se fait-il que de tant de personnes découvrent qu'elles ont été quelqu'un de très important au cours de leurs vies antérieures?

C'est très simple, il n'en est rien! Après avoir été le témoin de milliers de régressions selon la méthode IST de Clairvision School, je n'ai rencontré qu'une seule personne qui ait revécu une expérience selon laquelle elle avait été membre d'une famille royale d'Europe. L'idée que chacun découvre qu'il a été quelqu'un d'important dans le passé est en fait une fantaisie pure et simple propagée par des personnes qui n'ont pas la moindre expérience des véritables régressions.

10.4 Pourquoi, quand ils revivent une vie antérieure, les gens ne se mettent-ils pas à parler dans la langue qui était la leur dans cette vie?

Avant de venir en Australie, j'ai vécu en France pendant vingt-sept ans. Le français était ma langue maternelle. Ensuite j'ai adopté l'anglais, langue de la société dans laquelle je vivais.

J'ai eu plusieurs fois des expériences qui peuvent éclairer cette question. Lorsque je me souviens d'épisodes ou de conversations qui se sont déroulées en France – et en français – il arrive souvent que les mots me reviennent en anglais! Si ce transfert de langue peut arriver au cours d'une vie, il est facile de concevoir que cela peut aussi se produire d'une incarnation à une autre.

Peut-être ne réalisons-nous pas exactement ce qu'est le langage. Nous pensons que les langues sont faites de mots. Mais peut-être que les langages sont des forces et que les mots qui expriment ces forces sont moins importants que ces forces elles-mêmes. À notre mort, les mots tombent, mais les forces demeurent et nous les transportons avec nous de vie en vie. Les personnes qui ont l'habitude de parler plusieurs langues comprendront sans doute ce concept sans difficulté.

 


 

CONCLUSION

Pour conclure cette étude des mécanismes de la régression, je voudrais lancer une invitation et émettre un avertissement.

L'invitation tout d'abord. Et si votre vie pouvait être complètement transformée grâce à un processus de régression? Serait-il possible que ce que nous avons présenté dans ce livre puisse également s'adresser à vous? Serait-il possible, sans que vous en soyez conscient, que votre vie soit influencée par quelques samskaras majeurs, et qu'en révélant simplement ces samskaras et en les éliminant, des perspectives totalement nouvelles puissent s'ouvrir dans votre vie.

L'avertissement ensuite. Si vous devez entreprendre une régression, assurez-vous que vous le faites avec un connecteur qualifié. En particulier, l'objectif de ce processus doit être de voir clair dans votre vie actuelle, plutôt que d'écrire un roman sur vos vies antérieures. Ayant assimilé les principes présentés dans ce livre, vous devriez être capables de détecter les praticiens plus ou moins fantaisttes (ceux qui seraient trop heureux de pouvoir vous dire que vous avez été un roi ou une reine dans vos vies antérieures) et de vous tenir loin d'eux.

Si vous souhaitez en connaître plus au sujet d'IST, vous pouvez obtenir de la documentation ainsi que du matériel pédagogique en utilisant le site Internet de la Clairvision School. (L'adresse figure à la fin de l'introduction).

Je vous souhaite un plein succès dans votre recherche.

 



 

(1) Katha-Upanishad 6.15 y Brihad-Aranyaka-Upanishad 4.4.7.(retourner)

(2) Ce simple modèle comprenant le corps physique, le corps éthérique, le corps astral et l'Ego Supérieur est décrit dans la section 4.3(retourner)

(3) Les questions au début des paragraphes sont posées par le connecteur. Les réponses sont données par le client.(retourner)

(4) (1)Voir deux références essentielles sur le sujet du karma: Steiner, Rudolf, Karmic Relationships, Rudolf Steiner Press, London, ( 8 tomes); Aurobindo, Sri, The Problem of Rebirth. Sri Aurobindo Ashram, Pondicherry, 1952.(retourner)

(5) Ceux qui ont pratiqué le vipassana, la technique bouddhiste de méditation, ont probablement beaucoup entendu parlé des sammkaras, qui sont l'équivalent exact des samskaras. La différence d'orthographe vient du fait que le vipassana appartient au Bouddhisme Hinayana, dont les textes furent écrits en Pali, une langue qui est dérivée du sanskrit. Plusieurs mots sanskrit ont été reconstruits en pali, ainsi quand deux consonnes se suivent, la dernière est transformée en la précédente. Ainsi 'ms' est transformé en 'mm' et samskara en sanskrit devient sammkara en pali. Similairement, 'sy' devient 'ss' et le mot sanskrit vipashyana (la vision perspicace ou perceptive) devient vipassana en pali.(retourner)

(6) Défini de cette manière, esptit correspond tout à fait exactement au grec dianoia, à l'opposé de nous. Esprit peut aussi être comparé au latin ratio, raison.(retourner)

(7) Le concept selon lequel les motions proviendraient d'une illusion magique ne se trouve pas que dans la philosophie hindoue. Le mystique chrétien Grégoire de Nysse, par exemple utilisait le mot gohteia, magique, pour décrire les 'illusions variées'' de cette vie, par lesquelles les hommes sont trompés et qui leur font perdre leur vraie nature et se comporter comme des animaux, comme s'ils avaient bu le breuvage de Circé la sorcière. La même idée peut également se trouver chez Plotin (Enn. IV,3,17). Pour une étude plus détaillée, voir Daniélou, Jean, Platonisme et Théologie Mystique, Ed. Montaigne, Paris 1944.p.126.(retourner)

(8) En régression, il n'est pas rare de découvrir de tels scénarios dans lesquels une vie ascétique est suivie par une autre où règne un grand désordre de la vie sexuelle et où l'on est engagé de nombreuses expériences sensuelles.(retourner)

(9) Dans les régressions, il n'est pas rare que des clients revivent des épisodes dans lesquels les couleurs leur apparaissent différentes de celles qui sont perçues habituellement. Ceci pourrait s'expliquer par le fait qu'à chaque fois que nous nous réincarnons dans un nouveau corps, nous ayons une vue légèrement différente qui transmette les signaux colorés à notre cerveau de façon différente. Une autre éventualité est que la perception des couleurs de l'humanité tout entière évolue avec le temps. De nombreuses observations m'ont conduit personnellement à opter pour la seconde hypothèse – même si la première peut également jouer un rôle. Dans des épisodes ayant lieu au cours des 19ème et 20ème siècles les couleurs et les images apparaissent plus ternes et mettant moins en valeur les dimensions et la perspective. Par contre, les épisodes qui se déroulent avant le 19ème siècle véhiculent des sensations d'une beaucoup plus grande variété de couleurs et de nuances. Les couleurs apparaissent également plus 'vivantes'. Tout se passe comme si quelque chose avait 'rétréci' avait diminué dans notre perception des couleurs aux alentours du 19ème siècle. Si nous remontons même plus loin en arrière dans le temps, avant le déluge qui a englouti l'Atlantide, nous découvrons des couleurs qui s'apparentent plus à notre vision périphérique nocturne actuelle et qui sont très semblables aux nuances de base de la lumière astrale.(retourner)

(10) I-Ching, hexagram 38. 'Opposition' Sixième ligne mutable. (retourner)

(11)Une analogie emprunté à Sri Aurobindo.(retourner)

(12) Le corps astral comprend non seulement le mental conscient, mais aussi les parties subconscientes et inconscientes du mental. Dans des circonstances normales, la grande majorité des êtres humains sont totalement inconscients de la plus grande partie de ce qui se trouve stocké dans leur corps astral.(retourner)

(13) Dans le système des Vedanta, la couche des sentiments correspond à vijñāna-maya-kośa. Kośa signifie gaine ou enveloppe, maya, veut dire 'fait de' et vijñāna est un de ces mots sanskrits que l'on ne peut se risquer à traduire trop rapidement, car il n'a en fait aucun équivalent dans les langues européennes modernes. C'est ainsi que la traduction habituelle de vijñāna par discernement est tout à fait inappropriée et trompeuse. Ce que l'on entend habituellement par discernement correspond à une qualité du mental/manas et non pas à vijñāna. Un équivalent plus acceptable pour vijñāna serait le mot grec gnosis. Gnosis se réfère à une forme de connaissance fondée sur l'expérience directe des réalités spirituelles, au-delà des limitations dogmatiques et de l'écran formé par le mental rationnel. Gnosis a souvent été décrite comme une 'connaissance du cœur' et correspond à la connaissance par identification que nous avons décrite ci-dessus. Dans la terminologie de ce livre, gnosis et sentiment sont en fait une seule et même chose.(retourner)

(14) Cette expérience présente des ressemblances évidentes avec l'épisode de l'Odyssée dans lequel Ulysse rencontre les Sirènes. Son équipage doit l'attacher au mat du navire pour l'empêcher de sauter dans la mer en réponse à leur chant séducteur.(retourner)

(15) Comme précédemment les questions au début des paragraphes sont posées par le connecteur. Les réponses sont celles du client. (retourner)

(16) Notez bien comment la cliente emploie tantôt la première personne, tantôt la troisième quand elle se décrit elle-même dans cet épisode de sa vie passée.(retourner)

(17) Anna = nourriture maya = fait de kośa = fourreau ou enveloppe.(retourner)

(18) Les substances les plus dures du corps physique, principalement les os, ne sont pas pénétrées autant que le sont les tissus plus mous.(retourner)

(19) Le blanc apparaît ainsi à nos yeux parce qu'il reflète toutes les fréquences du spectre visible. Parce qu'il ne garde rien et qu'il reflète tout, le blanc a été universellement reconnu comme un symbole de pureté. Le noir qui ne reflète rien et garde tout est la couleur absorbante par excellence et par conséquent la pire des couleurs à porter dans des occasions telles que des funérailles dans lesquelles il y a grand risque d'attraper des énergies négatives.(retourner)

(20) Dans le cas d'une expérience relative à la petite enfance, il est tout à fait commun de voir les clients éprouver une grande difficulté à décider quel est leur sexe.(retourner)


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